Au cœur de la nuit, alors que les flammes se rapprochaient dangereusement de leur maison d’Altadena à Los Angeles, Zahrah Mihm a dû réveiller en urgence ses deux jeunes enfants pour fuir l’incendie dévastateur. « Il faut qu’on y aille mon chéri. Nous partons pour une chouette aventure », a-t-elle murmuré à son fils de 4 ans, tentant de masquer sa propre panique. Mais comment expliquer une telle catastrophe à des tout-petits ?
Le traumatisme des familles évacuées
Pour les nombreuses familles forcées de quitter précipitamment leur foyer face à l’avancée des flammes, c’est un véritable traumatisme. Beaucoup se retrouvent à chercher désespérément de quoi subvenir aux besoins de base de leurs bébés : couches, lait maternisé, vêtements… Tout en devant gérer l’angoisse de leurs enfants qui, même sans saisir l’ampleur du drame, ressentent le bouleversement de leurs parents.
Le petit Ethan, 4 ans, tremblait de peur quand sa mère l’a réveillé en pleine nuit. « Je lui ai demandé s’il avait froid, raconte Zahrah. Mais il m’a répondu : « Non maman, qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi il y a du feu ? » Comment trouver les mots pour rassurer son enfant quand on est soi-même sous le choc ?
La difficile quête d’un abri
Après avoir fui leur maison, la famille Mihm a eu du mal à trouver un hôtel, avant d’être hébergée chez des amis. Pour tenter de préserver son fils, Zahrah lui a présenté leur visite au centre de dons, où ils cherchaient des draps propres et des couches, comme « une super fête amusante ». « J’essaie de lui faire oublier ce qui se passe et de lui dire que notre maison a juste un petit bobo, qu’on va la réparer », confie cette mère encore chaussée des pantoufles avec lesquelles elle a dû partir en catastrophe.
Le manque cruel de produits pour bébés
Dans le centre de dons improvisé près d’Arcadia, les couches et le lait maternisé sont les denrées les plus recherchées par les familles évacuées, mais cruellement rares malgré l’abondance d’autres dons. « La première chose que beaucoup demandent, ce sont des couches et du lait pour bébé », confirme Kellie Krievs, une volontaire sur place.
L’impact psychologique sur les enfants
Au-delà des besoins matériels, la santé mentale des enfants est aussi une grande source d’inquiétude. « Ils ne vont pas bien, se comportent différemment, sont stressés. Ils savent que leurs amis ont perdu leur maison, que leur école est fermée… », alerte Chessa Latifi, responsable d’une ONG humanitaire. Elle encourage les parents à maintenir un semblant de normalité, en organisant des rencontres avec des camarades par exemple.
La ville entière a été traumatisée, que votre maison ait brûlé ou non.
Chessa Latifi, responsable humanitaire
Un quartier dévasté, une ville sous le choc
Si la maison des Mihm n’a été que partiellement touchée, ils ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. Leur quartier d’Altadena a été totalement dévasté par les flammes, qui y ont fait au moins 17 morts. Il n’y a plus d’électricité, des câbles pendent dangereusement et la Garde nationale boucle les rues.
Cette catastrophe laisse des cicatrices dans toute la ville, bien au-delà des seules zones détruites par le feu. « Nous allons bien. Nous sommes juste bouleversés, c’est tout », souffle Zahrah Mihm, tentant de garder la face. Mais derrière son apparente résignation, comment ne pas deviner la détresse de cette mère de famille et de tant d’autres, confrontées à l’impensable ?
Face à un tel traumatisme, c’est toute une ville qui va devoir se reconstruire, en prenant soin des plus vulnérables, ces enfants à qui il faudra redonner des repères et de la sérénité après l’horreur des flammes. Un défi immense, qui appelle la solidarité de tous.
