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Face au procès du RN, Jordan Bardella se retrouve dans une position délicate

Le président du RN Jordan Bardella est pris au piège après avoir déclaré que les candidats du parti ne doivent pas avoir de condamnation judiciaire, alors que Marine Le Pen risque la prison et l'inéligibilité...

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, se retrouve dans une position inconfortable suite à ses récentes déclarations sur les critères de sélection des candidats RN et les lourdes réquisitions du parquet contre Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires européens.

Une règle qui se retourne contre le parti ?

Lundi soir sur BFMTV, Jordan Bardella a affirmé que « ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire » était « la règle numéro un » pour être candidat du Rassemblement national. Une position clairement mise à mal par les réquisitions du procureur qui a demandé mercredi soir 5 ans de prison et 5 ans d’inéligibilité à l’encontre de Marine Le Pen dans le procès des assistants parlementaires du FN au Parlement européen.

Interrogé sur l’éventualité d’une condamnation de la présidente du groupe RN à l’Assemblée, Jordan Bardella a botté en touche, assurant qu’il y aurait un appel et que « Marine Le Pen est totalement innocente ». Mais sa gêne était palpable.

Marine Le Pen dénonce une « peine de mort politique »

De son côté, Marine Le Pen a vivement réagi en dénonçant une « peine de mort politique » réclamée par le parquet. Elle estime que « ce n’est pas la justiciable qui est jugée, mais la cible politique » et crie au « procès politique ».

Le RN a lancé une pétition de soutien, critiquant des peines requises « sans nuance ni prise en compte des réalités de la vie parlementaire ». Le parti cherche à mobiliser sa base contre ce qu’il présente comme un acharnement de la justice.

Un parti pris au piège de ses propres règles ?

La situation met en lumière le dilemme auquel est confronté le RN. D’un côté, il a fait de l’absence de condamnation un critère absolu d’investiture pour ses candidats, dans une volonté de normalisation et de respectabilité. De l’autre, sa présidente et présidentiable se retrouve sous le coup de lourdes réquisitions judiciaires.

Marine Le Pen est innocente. Évidemment la règle vaut pour tout le monde.

Jordan Bardella, président du RN

Pour Jordan Bardella, pas question de revenir sur cette ligne rouge. « Évidemment la règle vaut pour tout le monde », a-t-il martelé sur BFMTV. Mais le malaise est perceptible, alors que Marine Le Pen est déjà désignée candidate du RN pour 2027. Le jeune président du parti est pris en étau entre la présomption d’innocence et le risque d’un désaveu cinglant par la justice de sa championne.

Le spectre du FN des années 90

Les derniers développements ravivent le souvenir du Front national des années 90, régulièrement embarrassé par les démêlés judiciaires de ses cadres et représentants. Un épouvantail dont le RN version Marine Le Pen a cherché à tout prix à se débarrasser dans sa quête de crédibilité et de normalisation.

Jordan Bardella se retrouve aujourd’hui face à ses propres déclarations. S’il maintient sa position de fermeté sur le casier judiciaire vierge, il devra assumer une forme de double discours en cas de condamnation de Marine Le Pen. Un scénario politiquement explosif à l’approche de la présidentielle de 2027.

La stratégie de l’esquive

Pour l’heure, le président du RN semble privilégier une stratégie d’esquive, en ne répondant pas directement sur le cas Marine Le Pen et en réaffirmant sa conviction qu’elle sortira blanchie de cette affaire. Un pari risqué au vu des réquisitions du parquet.

Mais Jordan Bardella n’a guère d’autre choix que de soutenir sa présidente, au risque de fragiliser sa propre position et de décrédibiliser son parti. Les prochains mois s’annoncent périlleux pour le jeune dirigeant, qui marche sur une ligne de crête entre intransigeance affichée sur la probité et indéfectible solidarité avec Marine Le Pen.

L’attente du jugement

Tout dépendra désormais du jugement qui sera rendu par le tribunal dans les prochaines semaines. Une relaxe permettrait à Marine Le Pen et au RN de crier victoire et de dénoncer un acharnement politique. Mais une condamnation, même assortie d’un appel, serait un coup très rude pour le parti et sa dirigeante.

En attendant, Jordan Bardella est condamné à un numéro d’équilibriste, entre réaffirmation de ses principes et soutien indéfectible à Marine Le Pen. Une position inconfortable qui risque de durer et d’hypothéquer ses ambitions pour le parti.

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