Sous le feu des critiques mais portée par des audiences record, la chaîne d’info CNews joue son avenir ce lundi matin. Ses dirigeants sont auditionnés par l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, pour défendre le renouvellement de leur précieuse fréquence TNT. Au cœur des débats : la ligne éditoriale clivante impulsée par Vincent Bolloré et incarnée par des figures comme Pascal Praud, Laurence Ferrari ou Sonia Mabrouk.
CNews, un succès fulgurant sur fond de polémiques
Lancée en 2017 sur les cendres d’iTélé, CNews a connu une ascension fulgurante. En mai et juin derniers, elle a même dépassé sa rivale BFMTV, s’imposant comme la première chaîne d’info de France. Une performance portée par des émissions phares et des intervenants provoquant régulièrement la controverse.
Cette réussite s’accompagne d’une avalanche de critiques et de sanctions. L’Arcom a ainsi infligé la semaine dernière 80 000 euros d’amende à CNews pour des « manquements » lors d’un débat sur l’immigration et des propos climatosceptiques. Des rappels à l’ordre qui s’ajoutent à une longue liste.
Bolloré nie toute volonté de promouvoir l’extrême droite
Face aux accusations de dérive idéologique, Vincent Bolloré se défend de toute ingérence. Auditionné en début d’année par une commission d’enquête de l’Assemblée, le milliardaire a assuré ne pas intervenir sur les contenus et rejeté tout agenda politique.
Nous ne cherchons pas à promouvoir une idéologie d’extrême droite comme certains nous en accusent.
Vincent Bolloré devant les députés
Une position difficile à tenir au vu de la tonalité des émissions et du profil des intervenants. Le rapporteur de la commission d’enquête, le député LFI Aurélien Saintoul, a ainsi estimé que CNews vivait « de l’abus et du contournement des règles », jugeant peu probable un renouvellement en l’état de sa fréquence.
L’enjeu crucial de la fréquence TNT
Au-delà de la question politique, l’enjeu économique est majeur pour le groupe Canal+. La TNT garantit une exposition inégalée, permettant de toucher un large public et de peser sur le marché publicitaire. C’est pourquoi son président Maxime Saada insiste sur la complémentarité entre CNews et les autres antennes du groupe.
- Canal+ est le premier financeur du cinéma français
- Les chaînes gratuites C8, CNews et CStar sont vitales pour monétiser les offres
- Sans la TNT, le groupe serait fragilisé face aux défis de demain
La décision de l’Arcom, attendue pour fin juillet, sera donc scrutée avec attention. Elle déterminera non seulement le visage du paysage audiovisuel, mais aussi l’avenir d’un modèle économique.
Vers un contrôle renforcé du pluralisme ?
Quelle que soit l’issue, CNews n’échappera pas à une vigilance accrue. Saisi par Reporters sans frontières, le Conseil d’Etat a demandé en février à l’Arcom de muscler son action. Le régulateur devra mieux évaluer le pluralisme, sur CNews comme sur l’ensemble des télés et radios.
Un signal fort qui pourrait pousser la chaîne à infléchir sa ligne. Avec à la clé des ajustements dans sa grille et un encadrement plus strict des intervenants. Affaire à suivre dans les prochains mois, alors que la présidentielle de 2027 se profile déjà à l’horizon.