Le tribunal de Malmö en Suède a rendu son verdict dans l’affaire très médiatisée opposant le militant d’extrême droite Rasmus Paludan à la justice suédoise. Ce suédo-danois comparaissait pour “agitation contre un groupe ethnique” suite à des autodafés du Coran organisés lors de manifestations en 2022. Il a finalement été condamné à quatre mois de prison ferme pour incitation à la haine envers les musulmans.
Une tournée anti-islam controversée
Les faits remontent à avril 2022, lorsque Rasmus Paludan avait lancé une tournée dans plusieurs villes de Suède. Lors de ces rassemblements, le leader du micro-parti “Stram Kurs” avait publiquement brûlé des exemplaires du livre sacré de l’islam, tout en proférant des propos désobligeants envers les musulmans, les Arabes et les Africains. Des actions coup de poing qui avaient déclenché des émeutes dans certaines localités.
Pour sa défense, Paludan a affirmé qu’il ne faisait que critiquer l’Islam dans le cadre de sa campagne politique. Mais pour le tribunal, la frontière entre critique acceptable et discours de haine a clairement été franchie :
Il est permis de critiquer publiquement, par exemple, l’islam et même les musulmans, mais le mépris à l’égard d’un groupe de personnes ne doit manifestement pas dépasser les limites d’un discours pertinent et responsable.
– Nicklas Söderberg, juge
Tensions internationales
Au-delà des frontières suédoises, les autodafés de Rasmus Paludan ont eu un retentissement international, dégradant les relations entre la Suède et plusieurs pays à majorité musulmane. Le point d’orgue a été atteint en janvier 2023 lorsque l’extrémiste a brûlé un Coran devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, en plein débat sur l’adhésion suédoise à l’OTAN, jusqu’ici bloquée par Ankara.
D’autres profanations du livre saint de l’islam, cette fois-ci perpétrées par des réfugiés irakiens durant l’été 2023, ont encore aggravé les tensions. Si le gouvernement suédois a fermement condamné ces actes, il souligne néanmoins la prééminence de la liberté d’expression et de rassemblement dans le pays.
Liberté d’expression et ses limites
Ce procès très suivi pose à nouveau la question épineuse de la liberté d’expression et de ses éventuelles limites dans les démocraties occidentales. Jusqu’où peut aller la critique des religions ? Quand bascule-t-on dans l’offense et l’incitation à la haine ? Des interrogations légitimes qui divisent l’opinion et suscitent le débat.
En Suède, pays pourtant connu pour son attachement aux libertés individuelles, la justice a donc estimé que Rasmus Paludan était allé trop loin. Reste à savoir si ce jugement parvient à apaiser les tensions communautaires et à rétablir l’image du pays à l’international. Le militant d’extrême droite a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel de sa condamnation. L’affaire est loin d’être close.