La France a procédé jeudi à l’extradition d’un Américain de 31 ans recherché par Interpol et accusé d’avoir violé une étudiante sur un campus de Pennsylvanie en 2013. L’affaire, qui a choqué l’opinion publique, met en lumière la coopération judiciaire internationale dans les dossiers de crimes sexuels.
Traqué par Interpol depuis 2021
Ian Cleary, le suspect aujourd’hui âgé de 31 ans, faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par les États-Unis en 2021. Selon une source proche du dossier, il est accusé d’avoir agressé sexuellement Shannon Keeler, une étudiante de 18 ans, lors d’une fête sur le campus de l’Université de Gettysburg en 2013.
Le jeune homme, qui étudiait alors dans cet établissement, aurait suivi sa victime jusqu’à son dortoir avant de la violer, alors même qu’elle tentait d’alerter des amis par messages. Cleary a quitté l’université peu après les faits présumés et n’y est jamais retourné.
Des aveux troublants sur Facebook
Malgré un examen médical attestant du viol le jour même, la plainte initiale de Shannon Keeler avait été classée sans suite en 2015, faute d’éléments probants. Mais en 2021, la jeune femme a reçu des messages troublants de son agresseur présumé sur Facebook.
Alors je t’ai violée.
Un extrait des messages de Ian Cleary à sa victime présumée
Dans ces messages incohérents, Ian Cleary écrivait notamment « Alors je t’ai violée » et « Je ne le ferai plus jamais à personne ». Des écrits accablants qui ont permis de relancer l’enquête et d’identifier formellement le suspect grâce à son compte Facebook.
Arrêté en France en avril 2024
C’est finalement en France, à Metz plus précisément, que Ian Cleary a été arrêté en avril 2024 après 3 ans de traque. Placé en détention provisoire dans l’attente de la procédure d’extradition, il a été remis aux autorités américaines jeudi à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle.
Une issue qui redonne espoir à Shannon Keeler, aujourd’hui âgée de 28 ans. « Cette arrestation et cette extradition me redonnent confiance dans le système judiciaire », a-t-elle confié via son avocate, saluant « le courage incroyable » et la « détermination inébranlable » de la jeune femme.
Le long combat des victimes de viols
Au-delà de ce dossier individuel, l’affaire Ian Cleary illustre le long et difficile combat que doivent mener les victimes d’agressions sexuelles pour obtenir justice. Aux États-Unis, seule une petite minorité des viols et tentatives de viol (environ 31%) sont signalés à la police, selon des données du Bureau des statistiques judiciaires.
Parmi les plaintes déposées, beaucoup sont classées sans suite faute de preuves suffisantes, laissant les victimes dans un profond sentiment d’injustice. Dans les universités, 13% des étudiantes subiraient des viols ou tentatives de viols au cours de leur cursus selon une enquête de l’Association of American Universities, un fléau encore trop souvent passé sous silence.
La coopération policière internationale, un atout clé
Face à ces défis, la coopération judiciaire entre pays s’avère cruciale pour traquer les agresseurs en fuite. L’arrestation d’Ian Cleary en France, rendue possible par le mandat d’arrêt international diffusé par Interpol, en est une parfaite illustration.
Cette collaboration étroite entre les polices du monde entier permet d’arrêter des criminels qui pensaient échapper à la justice en franchissant les frontières. Un outil précieux pour lutter contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles.
Un procès très attendu aux États-Unis
Désormais entre les mains de la justice américaine, Ian Cleary devrait être prochainement jugé en Pennsylvanie pour ces faits présumés de viol. Un procès très attendu, près de 11 ans après les faits.
Pour Shannon Keeler et les autres victimes de violences sexuelles, cette extradition envoie un message d’espoir et de détermination. Malgré le temps qui passe, la lutte contre ces crimes odieux se poursuit sans relâche, par-delà les frontières. Un combat de longue haleine, pour que la honte change enfin de camp.
