Vous souvenez-vous de l’incident du porte-conteneurs Ever Given qui avait bloqué le Canal de Suez pendant près d’une semaine en 2021 ? Cet événement avait mis en lumière la fragilité de cette voie navigable empruntée par 10% du commerce maritime mondial. Pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise, l’Égypte planche sur une solution ambitieuse : étendre le canal de 10 kilomètres supplémentaires.
Un test grandeur nature pour une extension pharaonique
D’après une source proche de l’Autorité du Canal de Suez (SCA), l’Égypte a récemment testé une nouvelle extension de 10 km conçue pour améliorer la navigation en réduisant les courants perturbateurs. Samedi dernier, deux navires ont emprunté pour la première fois ce nouveau tronçon situé dans la partie sud du canal.
Ce développement améliorera la sécurité de la navigation et réduira les effets des courants d’eau et d’air sur les navires de passage.
Ossama Rabie, chef de la SCA et amiral
En effet, les navires empruntant le canal se sont parfois échoués, principalement en raison de vents violents et de tempêtes de sable. L’extension devrait aussi augmenter la capacité du canal de 6 à 8 navires par jour et sera ouverte après la publication de nouvelles cartes de navigation.
8 milliards de dollars d’investissement
Ce projet titanesque s’inscrit dans la continuité des travaux d’expansion entamés en 2015 par l’Égypte, pour un coût total de 8 milliards de dollars. Plusieurs développements ont depuis été menés pour optimiser cette voie stratégique, qui représente une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire.
Cependant, les revenus ont été réduits jusqu’à 70% selon le FMI, en raison des attaques des rebelles houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden. Ces derniers disent agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza en guerre, visant des bâtiments qu’ils estiment liés à Israël.
Un canal vital pour le commerce international
Avant ces attaques qui ont poussé des armateurs à modifier leurs routes, le canal de Suez représentait environ 10% du commerce maritime mondial. Long de 190 km, il permet de relier l’Europe à l’Asie sans contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, un détour qui rallonge le trajet de 6000 km.
Chaque jour, entre 40 et 50 navires traversent le canal, pour un trafic annuel total de près de 19 000 bâtiments en 2021. Un chiffre qui pourrait grimper avec la nouvelle extension, renforçant encore l’importance stratégique de cette voie pour les échanges internationaux.
Eviter un nouveau « Ever Given »
Mais l’enjeu est aussi d’assurer la sécurité et la fluidité du trafic après plusieurs incidents. Le plus marquant reste le blocage pendant 6 jours du canal en mars 2021 par l’Ever Given, un porte-conteneurs de 400 mètres de long. L’opération de dégagement avait nécessité d’importants moyens et entraîné un vaste embouteillage de centaines de navires.
Cet événement rarissime avait mis en lumière la fragilité de cette route maritime et entraîné des perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, faisant flamber les prix du pétrole et entraînant des pénuries de certains produits.
L’extension actuelle reflète la volonté de l’Égypte d’optimiser cette voie stratégique. Il s’agit à la fois d’en augmenter la capacité, d’en améliorer la navigabilité, mais aussi et surtout de réduire le risque qu’un tel blocage ne se reproduise.
Analyse un expert du transport maritime
Si ce projet aboutit, le canal de Suez nouvelle version sera sans conteste plus robuste, plus fluide et plus compétitif, de quoi conforter son statut d’artère vitale du commerce international. Une bonne nouvelle pour l’Égypte et pour l’économie mondiale, tant le risque de perturbation des chaînes d’approvisionnement reste un sujet brûlant depuis la pandémie.
Dans un contexte de reprise des échanges, gageons que cette extension contribuera à la prospérité du transport maritime, pour le plus grand bénéfice des consommateurs, des entreprises, mais aussi de l’Egypte, qui peut espérer un regain des revenus tirés de son joyau national. En attendant, tous les projecteurs sont braqués sur ce chantier titanesque qui pourrait bien changer la donne du commerce mondial.
