Alors que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche se profile, les Etats-Unis connaissent une vague d’expulsions de migrants illégaux sans précédent. Selon des estimations officielles publiées par les autorités, plus de 270 000 personnes ont été contraintes de quitter le territoire américain au cours de la dernière année, battant tous les records de la décennie, y compris sous la présidence Trump.
Ces chiffres révèlent l’ampleur de la politique migratoire musclée menée par l’administration sortante de Joe Biden, pourtant élue sur des promesses d’ouverture. Mais face à l’afflux massif de traversées illégales à la frontière mexicaine depuis 2021, le gouvernement démocrate a fini par durcir drastiquement la procédure d’asile, provoquant une nette diminution des arrivées.
Une opération d’expulsion historique en perspective
De son côté, Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale son cheval de bataille, n’entend pas en rester là. Le futur président promet de lancer la plus vaste opération d’expulsion jamais vue aux Etats-Unis dès son investiture le 20 janvier prochain.
Près d’un tiers des migrants expulsés avaient été inculpés ou condamnés pour activité criminelle.
Selon un rapport de l’agence américaine en charge du contrôle des frontières et de l’immigration (ICE)
Cette menace, basée sur l’affirmation infondée d’une criminalité plus élevée chez les étrangers, séduit une grande partie de l’électorat. Mais sa mise en œuvre concrète soulève de nombreuses questions en termes de faisabilité et de coûts, au vu des moyens humains limités.
Une population clandestine difficile à quantifier
D’après le Pew Research Center, environ 11 millions de sans-papiers vivaient aux Etats-Unis en 2022. Un chiffre probablement sous-estimé selon les partisans de Donald Trump. Beaucoup d’entre eux occupent des emplois peu qualifiés mais essentiels, notamment dans l’agriculture et le bâtiment.
Leurs défenseurs mettent en garde contre les conséquences dévastatrices qu’aurait leur expulsion brutale sur des pans entiers de l’économie, avec des risques de pénuries de main d’œuvre et de hausse des prix. De quoi compromettre l’autre promesse phare de Donald Trump : juguler l’inflation galopante.
Une bataille juridique et politique en perspective
Reste à savoir si le futur président parviendra réellement à tenir son engagement une fois installé dans le Bureau ovale. Son projet se heurte en effet à de nombreux obstacles, qu’ils soient logistiques, juridiques ou politiques.
- Sur le plan opérationnel, il faudrait mobiliser des moyens colossaux pour identifier, interpeller et reconduire à la frontière des millions de personnes souvent bien intégrées et peu visibles.
- D’un point de vue légal, chaque cas devrait faire l’objet d’une procédure individuelle avec possibilité de recours, au risque de saturer les tribunaux pendant des années.
- Politiquement, la majorité démocrate au Sénat et une partie des élus républicains modérés pourraient s’opposer à des méthodes jugées trop radicales et inhumaines.
Sans compter la pression de la société civile, des Églises, des syndicats et du monde économique, peu favorables à une purge d’une telle ampleur. La question de l’immigration illégale, déjà au cœur de la campagne, promet donc de rester un sujet brûlant tout au long du nouveau mandat de Donald Trump.
Une chose est sûre, en faisant de ce thème clivant l’alpha et l’oméga de sa politique, le président s’expose à un bras de fer intense avec ses opposants, mais aussi à une épreuve de vérité sur sa capacité à transformer ses paroles en actes. L’enjeu est de taille pour celui qui a bâti son succès sur une image de fermeté inflexible.