C’est une tragédie qui endeuille une nouvelle fois le Nigeria. L’explosion d’un camion-citerne transportant 60 000 litres d’essence a fait pas moins de 86 morts samedi matin dans le centre du pays. Un drame évitable selon les autorités, qui pointe du doigt la précarité grandissante poussant de nombreux Nigérians à prendre des risques inconsidérés pour s’approvisionner en carburant, devenu hors de prix.
Un Bilan Humain Très Lourd
D’après le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences de l’État du Niger, Ibrahim Audu Husseini, le bilan définitif de l’explosion s’élève à 86 morts. Les secours ont dû s’activer pendant près de 14 heures, creusant même une fosse commune manuellement faute de pelleteuses, pour inhumer les corps calcinés des victimes. 52 autres personnes souffrent de brûlures sévères et luttent actuellement pour leur survie.
Chronologie d’un Drame Annoncé
Samedi matin vers 10h, un camion-citerne a eu un grave accident au niveau de la « jonction de Dikko », sur l’axe routier reliant la capitale Abuja à Kaduna. Une quantité importante d’essence s’est alors déversée sur la chaussée, attirant rapidement une foule venue ramasser ce carburant devenu si précieux. C’est à ce moment que l’explosion s’est produite, ne laissant aucune chance aux personnes agglutinées autour du camion.
La Précarité Comme Facteur de Risque
Le Nigeria traverse actuellement une grave crise économique, avec une inflation galopante dépassant les 30% depuis un an. Les réformes du président Bola Ahmed Tinubu, au pouvoir depuis mai 2023, notamment la fin des subventions sur les carburants, ont fait exploser les prix. L’essence est ainsi devenue un véritable luxe pour de nombreux Nigérians précipités dans la pauvreté. Une situation désespérée qui pousse certains à prendre tous les risques pour récupérer du carburant, comme lors de cet accident tragique.
Plus de 33 millions de Nigérians auront faim à l’horizon 2025.
Rapport de fonctionnaires nigérians, d’agences de l’ONU et d’ONG
Série Noire sur les Routes
Ce drame est malheureusement loin d’être un cas isolé au Nigeria. En octobre dernier, un accident similaire avait déjà fait plus de 170 victimes dans l’État de Jigawa, dans le nord du pays. Les routes mal entretenues et le manque de sensibilisation aux risques font de ces événements des tragédies à répétition. En 2020, la Commission fédérale de sécurité routière avait recensé 1531 accidents impliquant des camions-citernes, causant 535 décès.
Des Conséquences Environnementales Désastreuses
Au-delà du lourd tribut humain, ces accidents ont également un impact désastreux sur l’environnement. Les fuites d’essence massives lors de ce type de drame provoquent une pollution importante des sols et des nappes phréatiques. Ironiquement, le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique mais peine à protéger ses ressources naturelles et les populations des dégâts causés par son or noir.
Un Électrochoc Nécessaire pour les Autorités ?
Face à cette nouvelle tragédie, les réactions des autorités oscillent entre compassion et volonté d’agir. Le président Bola Ahmed Tinubu a déploré le caractère « tragique et évitable » de l’accident, ordonnant le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation aux dangers du ramassage sauvage de carburant. Le gouverneur de l’État du Niger, Umaru Bago, a lui appelé la population à la responsabilité et à donner la priorité à sa sécurité.
Mais au-delà des mots, ce drame souligne cruellement le besoin de mesures concrètes pour enrayer ce fléau. Entretien des routes, lutte contre la pauvreté, régulation du transport de matières dangereuses, les chantiers sont nombreux pour espérer mettre fin à cette série noire. Il en va de la vie de milliers de Nigérians et de la préservation de l’environnement du pays le plus peuplé d’Afrique. Les autorités sauront-elles tirer les leçons de cette énième tragédie ?
