Imaginez-vous en randonnée dans les forêts épaisses de Transylvanie, le soleil déclinant doucement à l’horizon, quand un craquement retentit derrière vous. Un ours ? En Roumanie, ce scénario n’a plus rien d’hypothétique. Avec une population d’ours estimée récemment à près de 13 000 individus, le pays fait face à une situation aussi fascinante qu’inquiétante, entre prouesses scientifiques et défis humains.
Une Découverte Scientifique Inédite
Longtemps, le nombre d’ours en Roumanie restait une énigme. On se fiait aux traces dans la neige, aux empreintes dans la boue, des indices aussi poétiques qu’imprécis. Mais tout a changé avec un projet ambitieux lancé en 2021, financé par une enveloppe européenne de 11 millions d’euros. Objectif : dresser un portrait précis de cette population grâce à la science.
Des équipes ont sillonné les forêts, collectant minutieusement déjections et poils pour des analyses ADN. Résultat ? Entre **10 419 et 12 770 ours** arpentent aujourd’hui le pays, un chiffre bien supérieur aux 8 000 estimés jusque-là. Une avancée saluée par les autorités, qui y voient une base solide pour agir.
Pour la première fois, nous savons exactement combien d’ours vivent dans nos forêts grâce à des données fiables.
– Un responsable gouvernemental lors d’une conférence récente
Pourquoi Tant d’Ours ?
La Roumanie abrite la plus grande population d’ours d’Europe hors Russie, un titre qui ne surprend qu’à moitié. Ses vastes étendues forestières, peu urbanisées, offrent un habitat idéal. Mais ce boom démographique intrigue. Certains experts avancent que la protection stricte de l’espèce, imposée par une directive européenne, a permis cette croissance. D’autres évoquent un manque de prédateurs naturels ou une abondance de nourriture dans ces écosystèmes préservés.
Cependant, ce succès écologique a un revers. Les autorités estiment que le chiffre « optimal » d’ours ne dépasserait pas **4 000 individus**. Avec trois fois plus de plantigrades que prévu, la cohabitation avec les humains devient un casse-tête.
Des Incidents Qui Marquent
Les histoires d’ours ne se limitent plus aux contes. En 2023, pas moins de **7 500 appels d’urgence** ont été enregistrés pour signaler des rencontres avec ces animaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur deux décennies, 26 personnes ont perdu la vie et 274 ont été grièvement blessées dans des attaques. Récemment, un homme a frôlé la mort dans une station de montagne, relançant le débat sur la sécurité.
L’an dernier, une jeune randonneuse a été tuée sur un sentier populaire en Transylvanie, un drame qui a secoué le pays. Ces incidents, bien que rares au regard de la population totale, alimentent une peur croissante dans les zones rurales et touristiques.
- 26 morts en 20 ans : un bilan lourd pour un pays touristique.
- 274 blessés graves : des chiffres qui interpellent.
- 7 500 appels en 2023 : une pression constante sur les secours.
Une Réponse Controversée : Plus de Chasse ?
Face à cette montée des tensions, le gouvernement a déjà agi. En 2024, les quotas d’abattage ont été doublés, passant à près de **500 ours autorisés à être tués**. Sur ce total, environ 400 ont été abattus, selon des sources officielles. Une mesure choc pour une espèce encore classée comme *strictement protégée* par l’Union européenne.
Mais ce n’est pas assez, estiment certains. Le ministre de l’Environnement souhaite aller plus loin, plaidant pour une plus grande liberté d’action. Il veut permettre aux maires d’intervenir rapidement quand un ours s’approche des habitations, sans attendre des autorisations complexes. Une demande sera aussi déposée à Bruxelles pour retirer les ours de la liste des espèces protégées. Objectif : réduire les risques tout en contrôlant cette population galopante.
Les Écologistes Montent au Créneau
Tout le monde ne voit pas ces mesures d’un bon œil. Le Fonds mondial pour la nature a exprimé des doutes sur les chiffres avancés, pointant du doigt des données préliminaires peu convaincantes. Un biologiste reconnu a même critiqué le manque de clarté dans ce recensement, évoquant des « incohérences » dans la méthode utilisée.
Ce recensement soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
– Un expert en biodiversité interrogé par une source proche
Pour les défenseurs de l’environnement, augmenter les abattages risque de fragiliser un équilibre déjà précaire. Ils prônent des solutions alternatives : mieux sécuriser les zones habitées, éduquer les populations locales, ou encore déplacer les ours problématiques.
Un Équilibre Impossible ?
Le dilemme roumain dépasse les frontières. Comment concilier la préservation d’une espèce emblématique avec la sécurité des habitants ? Les ours, symboles de la nature sauvage, sont aussi des voisins encombrants. Entre tourisme, écologie et vie quotidienne, le pays cherche une voie médiane.
| Année | Appels d’urgence | Abattages autorisés |
| 2023 | 7 500 | 250 |
| 2024 | Non disponible | 500 |
Ce tableau illustre une tendance claire : plus d’interventions, mais aussi plus de tensions. Les habitants des régions montagneuses, eux, oscillent entre admiration pour ces géants et crainte de les croiser au détour d’un chemin.
Vers une Crise Européenne ?
La Roumanie n’est pas seule dans ce débat. D’autres pays, comme la Slovaquie ou la Slovénie, surveillent leurs propres populations d’ours avec attention. Si Bruxelles cède aux demandes roumaines, cela pourrait créer un précédent, redéfinissant la gestion des espèces protégées à l’échelle du continent.
Pour l’instant, le sort des ours roumains reste en suspens. Entre science, politique et émotions, cette histoire mêle l’homme et la nature dans un face-à-face aussi complexe que captivant. Et vous, que feriez-vous face à un ours dans votre jardin ?
À retenir : La Roumanie jongle entre une population d’ours en pleine explosion et des habitants inquiets. La solution reste à inventer.
