Les records du monde exercent une fascination sans bornes sur les marins et le public. Repousser les limites, défier les éléments, entrer dans l’Histoire… Autant de rêves qui animent les plus audacieux skippers. C’est dans cette quête d’exploit que s’est lancé François Gabart et son équipage à bord du maxi-trimaran SVR-Lazartigue dimanche dernier, en prenant le départ d’une tentative de record du tour du monde, le mythique Trophée Jules Verne.
Un Départ Prometteur
Tout avait pourtant bien commencé pour le marin charentais et ses coéquipiers. Partis d’Ouessant dans des conditions météorologiques favorables, ils avaient rapidement trouvé leur rythme, alignant les milles à vive allure grâce à leur machine de course dernier cri. Les foils permettaient au trimaran de s’envoler littéralement au-dessus des flots.
En s’élançant dans cette aventure, François Gabart espérait bien sûr battre le record établi en 2017 par Francis Joyon et l’équipage d’Idec Sport en 40 jours 23 heures 30 minutes. Lui qui détient déjà le record en solitaire rêvait d’inscrire aussi son nom au palmarès de ce défi collectif extrême.
Collision Fatale avec un OFNI
Mais dans la nuit de lundi à mardi, le destin en a décidé autrement. Alors qu’ils progressaient à bonne vitesse au large des Açores, l’équipage a soudainement ressenti un choc. Le trimaran venait de heurter un OFNI, un objet flottant non identifié, la hantise de tous les navigateurs.
Selon les premières constatations, le choc aurait fortement endommagé le foil tribord, un élément clé de la machine SVR-Lazartigue. Le appendice, conçu pour faire décoller le voilier, n’était plus en état de remplir son office. Un coup dur pour François Gabart et ses équipiers.
C’est dur forcément, car on était plutôt pas si mal, le bateau allait bien, il allait vite au portant
François Gabart
Demi-Tour Forcé vers la Bretagne
Face à la gravité des dégâts, il n’y avait malheureusement pas d’autre choix que de renoncer, du moins temporairement, à la tentative de record. La décision s’est imposée d’elle-même : faire demi-tour et mettre le cap sur la Bretagne.
En effet, poursuivre la circumnavigation dans ces conditions aurait été non seulement vain mais surtout dangereux, tant la performance et même l’intégrité du bateau dépendent de ces précieux foils. D’autant que de possibles dégâts collatéraux ne sont pas à exclure et restent à expertiser.
C’est donc le cœur lourd mais conscient d’avoir pris la bonne décision que François Gabart a annoncé ce retour prématuré au ponton. Lui et ses coéquipiers s’attendent à rallier Concarneau d’ici trois jours environ, en fonction des conditions de navigation.
L’Espoir d’un Nouveau Départ
Malgré ce coup d’arrêt, l’état d’esprit à bord reste positif et combatif. Car l’espoir de repartir à l’assaut du record est déjà dans toutes les têtes. Le retour au port va permettre de réparer les dégâts et de faire repartir SVR-Lazartigue le plus rapidement possible.
Tout dépendra bien sûr de l’étendue des réparations nécessaires. Mais si aucun dommage majeur autre que sur le foil n’est constaté, alors une nouvelle tentative pourrait avoir lieu prochainement, dès qu’une fenêtre météo favorable se présentera. Les foils de rechange dont dispose l’équipe seraient alors mis à contribution.
On a encore l’option et l’opportunité de revenir. […] On pourrait être capable de repartir assez rapidement derrière, dès qu’une nouvelle fenêtre se présente.
François Gabart
Des Records Maritimes Passionnants mais Risqués
Cette mésaventure rappelle que la chasse aux records océaniques n’est jamais un long fleuve tranquille. Les risques de collision avec des objets flottants, identificables ou non, sont le lot de ces navigations express où les trajectoires empruntent souvent les routes maritimes les plus fréquentées.
Malgré toutes les précautions, la menace d’un choc fatal plane en permanence sur ces machines lancées à pleine vitesse. C’est le revers de la médaille pour ces engins de course conçus pour voler au-dessus des vagues mais d’autant plus exposés aux impacts.
Ce coup dur vécu par François Gabart et son équipage n’est hélas pas un cas isolé. Nombre de tentatives de records ont ainsi tourné court par le passé à cause d’un OFNI ou d’une avarie. Cela fait partie des aléas du métier auxquels les marins sont tristement habitués.
Nul doute en tout cas que l’aventure du Trophée Jules Verne reprendra très vite ses droits. D’autres équipages sont d’ailleurs sur les rangs pour s’attaquer eux aussi à ce record mythique dans les prochaines semaines. Et François Gabart n’a sûrement pas dit son dernier mot…
