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Exil Forcé : Le Basket Israélien Délocalisé à Sofia et Belgrade

Les clubs de basket israéliens jouent à Sofia et Belgrade, loin de chez eux. Comment s'adaptent-ils à cet exil forcé ? Découvrez leur réalité...

Imaginez un derby enflammé entre deux équipes rivales, mais disputé à plus de 1 500 kilomètres de leur ville natale. Depuis deux ans, les clubs de basket israéliens, contraints par la guerre, ont dû quitter leur pays pour jouer leurs matchs d’Euroligue dans des capitales étrangères. Sofia, en Bulgarie, et Belgrade, en Serbie, sont devenues leurs refuges temporaires. Cette délocalisation forcée soulève des questions : comment les joueurs, les familles et les supporters vivent-ils cette situation ? Plongeons dans cet exil sportif, où la passion du basket se mêle à la résilience face à l’adversité.

Un Exil Imposé par la Guerre

Depuis octobre 2023, les clubs israéliens engagés en Euroligue ne peuvent plus jouer à domicile. La guerre opposant Israël au Hamas a poussé les instances de la compétition à exiger des terrains neutres pour garantir la sécurité des équipes et des spectateurs. Ainsi, des villes comme Sofia et Belgrade accueillent désormais les matchs « à domicile » de clubs prestigieux tels que le Maccabi Tel Aviv et l’Hapoël Tel Aviv. Cette décision, bien que nécessaire, a bouleversé la dynamique des équipes, habituées à l’énergie de leurs fans dans leurs arènes habituelles.

Le Maccabi, avec ses six titres en Euroligue (le dernier en 2014), a trouvé refuge à Belgrade, tandis que l’Hapoël, récent vainqueur de l’Eurocoupe, s’est installé à Sofia. Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres moments historiques où le sport a dû s’adapter à des crises géopolitiques. Mais pour ces équipes, l’exil est plus qu’une simple délocalisation : c’est une épreuve émotionnelle et logistique.

Sofia et Belgrade : Des Refuges Temporaires

Pourquoi Sofia et Belgrade ? Ces deux capitales des Balkans offrent des infrastructures modernes, comme l’Arena Sofia, mais aussi des liens historiques et culturels avec Israël. La Bulgarie, par exemple, entretient des relations diplomatiques solides avec l’État hébreu, renforcées par l’émigration massive de plus de 40 000 Juifs bulgares vers Israël après 1945. Ces migrants ont contribué à la construction du pays et maintiennent des ponts culturels forts.

« Belgrade, c’est notre deuxième maison après Tel Aviv, » confie Roey Gladstone, directeur de la communication du Maccabi Tel Aviv.

En Serbie, les autorités ont également exprimé un soutien clair, qualifiant le pays de « lieu sûr » pour les Israéliens. Ces relations diplomatiques facilitent l’accueil des équipes, mais ne compensent pas totalement l’absence de l’ambiance électrique des matchs à domicile. À Sofia, l’Arena Sofia peut accueillir 12 000 spectateurs, mais les tribunes restent souvent clairsemées, loin de l’effervescence des arènes israéliennes.

L’Adaptation des Joueurs et des Familles

Pour les joueurs et leurs proches, cet exil impose une réorganisation complète de leur quotidien. Janelle Bryant, épouse d’Elijah Bryant, arrière de l’Hapoël Tel Aviv, partage son expérience d’adaptation à Sofia. Après quatre saisons à Istanbul, elle trouve la capitale bulgare plus calme et accueillante. La famille s’est intégrée, nouant des amitiés avec des locaux, comme Nikolay, un voisin qui a découvert avec amusement les talents de basketteur d’Elijah.

« J’ai compris qu’il était fort. Il m’a dit qu’il était champion de NBA avec les Bucks, » raconte Nikolay, amusé.

Les clubs font tout pour faciliter cette transition. Les joueurs sont logés dans des résidences confortables, et les familles bénéficient d’un soutien logistique. Cependant, l’éloignement de leur pays, en proie à des tensions, pèse lourd. Les joueurs doivent concilier leur performance sur le terrain avec les préoccupations pour leurs proches restés en Israël.

Les Supporters : Une Passion à Distance

Pour les fans, suivre leur équipe à l’étranger représente un défi financier et émotionnel. Shaul, supporter fidèle de l’Hapoël, a fait le déplacement à Sofia pour la « septième ou huitième fois ». Il regrette l’ambiance des matchs à Tel Aviv, où 10 000 supporters auraient rempli l’arène, contre seulement un millier en Bulgarie.

Une réalité contrastée :

  • Ambiance : Les arènes de Sofia et Belgrade peinent à recréer l’énergie des matchs à domicile.
  • Coût : Les déplacements sont onéreux pour les supporters, limitant leur nombre.
  • Soutien : Les fans présents montrent une passion intacte, malgré les défis.

Itay, un jeune supporter de 22 ans, voit dans ces matchs une opportunité de « montrer Israël à travers le basket ». Malgré les coûts, il considère cet engagement comme un honneur. Les supporters partagent aussi des moments forts, comme la minute de silence observée en mémoire des victimes de l’attaque du Hamas en octobre 2023, un geste qui unit joueurs et spectateurs dans un recueillement poignant.

Un Impact sur le Basket Local

La présence des clubs israéliens n’est pas sans effet sur les scènes locales de Sofia et Belgrade. Georgi Glouchkov, ancienne star bulgare et premier joueur de l’ex-bloc de l’Est en NBA, voit dans cet exil une chance pour le basket bulgare. Les jeunes joueurs locaux ont l’occasion d’observer des équipes de haut niveau, ce qui peut inspirer une nouvelle génération.

En Serbie, où le basket est une religion, l’arrivée du Maccabi Tel Aviv renforce les liens entre les deux pays. Les échanges entre anciens joueurs et entraîneurs des deux nations ont également joué un rôle dans le choix de ces villes comme refuges temporaires. Ces connexions, ancrées dans l’histoire du sport, donnent une dimension humaine à cette délocalisation.

Un Retour Incertain en Israël

Le 10 octobre 2025, un cessez-le-feu est entré en vigueur, ravivant l’espoir d’un retour des matchs en Israël. Cependant, les instances de l’Euroligue restent prudentes, affirmant que les rencontres ne reprendront sur le sol israélien qu’une fois la situation stabilisée. Cette incertitude pèse sur les joueurs, qui rêvent de retrouver leurs arènes et leurs supporters.

« Quand votre pays est en guerre, vous pensez à votre famille, » explique Roey Gladstone. « Les joueurs entrent sur le terrain, mais leurs proches se mettent à l’abri. »

En attendant, les clubs continuent de s’adapter. Lors d’un récent derby à Sofia, l’Hapoël s’est incliné face au Maccabi (90-103), mais les supporters, bien que peu nombreux, ont gardé espoir. Leur présence, même à des milliers de kilomètres, témoigne de leur fidélité et de leur résilience.

Le Sport comme Symbole de Résilience

Le basket, dans ce contexte, dépasse le simple cadre sportif. Il devient un symbole de persévérance et d’unité. Les joueurs, en continuant à performer malgré l’exil, montrent une détermination remarquable. Les supporters, en se déplaçant malgré les obstacles, incarnent une passion qui transcende les frontières.

Équipe Ville d’Exil Contexte
Maccabi Tel Aviv Belgrade Club historique, six titres en Euroligue
Hapoël Tel Aviv Sofia Vainqueur récent de l’Eurocoupe

Ce tableau illustre la réalité des deux clubs, déracinés mais toujours en quête de victoires. Leur capacité à s’adapter, à tisser des liens avec les communautés locales et à maintenir leur compétitivité est une leçon de résilience. Le sport, même en temps de crise, reste un vecteur d’espoir et de connexion.

Vers un Avenir Plus Stable ?

L’avenir des clubs israéliens reste incertain, mais leur expérience à Sofia et Belgrade montre que le sport peut surmonter les défis les plus complexes. Les joueurs continuent de briller, les familles s’adaptent, et les supporters, malgré les sacrifices, restent fidèles. Cet exil forcé, bien que difficile, a permis de renforcer les liens entre les nations et de rappeler l’importance du sport comme refuge et symbole d’unité.

En attendant un retour possible en Israël, les matchs à Sofia et Belgrade continuent d’écrire une page unique de l’histoire du basket. Chaque dribble, chaque panier, chaque cri des supporters dans ces arènes étrangères résonne comme un acte de résistance face à l’adversité. Le basket israélien, loin de chez lui, continue de vibrer.

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