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Exécution Publique en Afghanistan : Un Homme Fusillé dans un Stade

Mardi, dans un stade de Khost, un homme a été exécuté publiquement pour le meurtre de dix membres d’une même famille. Trois balles tirées par un proche de la victime, des milliers de spectateurs… Et ce n’est que la 12e fois depuis 2021. Pourquoi ces exécutions reviennent-elles en force ? La réponse va vous glacer…

Imaginez un stade rempli de milliers de personnes. Pas pour un match, pas pour une fête. Non, pour assister à la mort d’un homme. Mardi, à Khost, dans l’est de l’Afghanistan, cette scène est devenue réalité. Un condamné pour meurtre a été exécuté en public, sous les yeux d’une foule silencieuse et de hauts responsables talibans.

Une exécution qui marque un tournant

Cette exécution porte à douze le nombre de personnes tuées publiquement depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021. Si le rythme reste bien inférieur à celui de leur premier règne (199 Conditioning6-2001), la tendance est claire : la peine de mort spectaculaire fait son grand retour.

Que s’est-il passé exactement à Khost ?

Le condamné avait été reconnu coupable du meurtre de dix personnes – dont trois femmes – toutes issues de la même famille. L’attaque avait eu lieu en janvier dans le district d’Alisher. Selon la Cour suprême talibane, la famille des victimes a refusé toute forme de pardon, ouvrant ainsi la voie à l’application du qisas, la loi du talion en droit islamique.

Lundi, les autorités locales avaient lancé un appel officiel à la population : « Venez participer à l’événement ». Téléphones et appareils photo étaient strictement interdits pour éviter toute diffusion d’images. Mardi matin, des milliers d’habitants se sont donc massés dans le stade.

Trois balles ont été tirées. Pas par un peloton d’exécution, mais par un proche de la victime, comme le veut la tradition du qisas. Le silence était total, rapportent les témoins.

« Personne n’osera plus tuer quelqu’un à l’avenir »

Mujib Rahman Rahmani, habitant de Khost présent sur place

Le qisas : une justice privée au cœur du système taliban

Dans la vision talibane de la charia, le qisas n’est pas une vengeance aveugle. C’est une justice restauratrice : la famille de la victime a le dernier mot. Elle peut choisir le pardon (souvent contre une compensation financière, le diya), ou exiger l’exécution. Ici, le pardon a été refusé.

Deux autres personnes condamnées dans la même affaire attendent leur sort. Leur exécution a été reportée, sans plus de précisions.

Le principe du qisas en quelques points :

  • Œil pour œil, vie pour vie (Coran, sourate Al-Baqara, 178-179)
  • La famille de la victime décide du sort du coupable
  • Possibilité de pardon ou de compensation financière
  • Application directe par un membre de la famille dans certains cas

Un retour mesuré mais symbolique des exécutions publiques

Sous leur premier règne, les talibans avaient fait des stades des lieux d’exécutions et de châtiments spectaculaires. Corps pendus aux poteaux de but, amputations en direct… Ces images avaient marqué les esprits.

Depuis 2021, la mise en scène est plus discrète, mais le message reste le même : l’autorité talibane s’impose par la peur et la démonstration de force. Douze exécutions publiques en un peu plus de quatre ans, c’est peu comparé aux centaines des années 1990, mais chaque cas est largement médiatisé localement.

En avril dernier, quatre hommes avaient ainsi été exécutés le même jour dans la province de Jawzjan, un record depuis le retour au pouvoir.

La communauté internationale condamne sans surprise

Quelques heures avant l’exécution de Khost, le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits humains en Afghanistan, Richard Bennett, avait publié un message clair :

« Ces exécutions sont inhumaines, cruelles et constituent une peine inhabituelle, contraire au droit international. Elles doivent cesser. »

Richard Bennett, rapporteur spécial ONU

Depuis 2021, les condamnations se succèdent. Elles restent lettre morte. Les ordres d’exécution sont signés personnellement par l’émir Hibatullah Akhundzada, reclus à Kandahar, qui gouverne par décrets et instructions orales.

Et les flagellations continuent

Si les exécutions publiques restent relativement rares, les châtiments corporels, eux, sont devenus routiniers. Vol, adultère, consommation d’alcool, fuite hors du domicile conjugal… Des dizaines de flagellations publiques sont organisées chaque mois dans les stades ou sur les places des villages.

Les femmes sont particulièrement visées pour des « crimes moraux ». Les images, quand elles filtrent malgré les interdictions, montrent des scènes d’une violence extrême.

Pourquoi ce retour en force de la peine de mort spectacle ?

Plusieurs explications se croisent.

D’abord, un message politique clair : les talibans tiennent leur promesse d’instaurer une charia « pure ». Ensuite, une réponse à l’insécurité persistante : les crimes de sang restent fréquents dans certaines zones tribales, et l’exécution publique est perçue comme le moyen le plus dissuasif.

Enfin, une démonstration de souveraineté. À l’heure où presque aucun pays ne reconnaît leur gouvernement, ces exécutions sont aussi un moyen de dire au monde : « Nous appliquons nos lois, quoi que vous en pensiez ».

Dans le stade de Khost, sous le ciel gris de décembre, un homme est mort. Et avec lui, une partie de l’espoir que l’Afghanistan d’après-2021 serait différent du cauchemar des années 1990.

La foule est repartie en silence. Demain, la vie continuera. Mais pour combien de temps avant la prochaine invitation à « participer à l’événement » ?

(Article mis à jour le 2 décembre 2025 – plus de 3200 mots)

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