La vie de Richard Moore, un homme noir de 59 ans, est suspendue à un fil en Caroline du Sud. Condamné à la peine capitale en 2001 pour le meurtre d’un caissier de supérette, qu’il affirme avoir commis en état de légitime défense, il est en instance d’exécution ce vendredi. Son sort repose désormais entre les mains du gouverneur républicain de l’État, Henry McMaster, qui a le pouvoir de commuer sa peine in extremis.
L’affaire remonte à 1999, lorsque Richard Moore, alors sans arme, est entré dans une supérette. Une altercation a éclaté avec le caissier, James Mahoney, qui a sorti une arme. Les deux hommes ont été blessés, James Mahoney mortellement. Richard Moore est ensuite parti avec l’argent de la caisse. Lors de son procès, il a été jugé par un jury exclusivement composé de personnes blanches, une particularité soulignée par ses avocats qui le distingue des autres condamnés à mort de l’État.
Une mobilisation croissante pour la clémence
Alors que tous ses recours juridiques sont épuisés, un élan de soutien se forme pour épargner la vie de Richard Moore. Une pétition appelant à la clémence a recueilli plus de 50 000 signatures. D’anciennes figures du système judiciaire de Caroline du Sud se sont également exprimées en sa faveur :
Cela n’aurait pas été un dossier de peine capitale dans la plupart des États.
Jon Ozmint, ancien directeur de l’administration pénitentiaire de Caroline du Sud
Le juge Gary Clary, qui a présidé le procès, a lui aussi écrit au gouverneur, qualifiant le cas de Richard Moore d’« unique » parmi les prisonniers du couloir de la mort de l’État. Il l’exhorte à faire preuve de « clémence ».
Une exécution qui romprait un long silence
Si elle a lieu, l’exécution de Richard Moore serait la première en Caroline du Sud depuis 2011 et la 21e aux États-Unis depuis le début de l’année 2024. La grande majorité d’entre elles ont été réalisées par injection létale, une méthode que les Nations Unies ont récemment dénoncée, la comparant à une forme de « torture ».
La peine capitale est loin de faire l’unanimité aux États-Unis, où 23 États sur 50 l’ont abolie. Six autres observent actuellement un moratoire sur les exécutions, décidé par leurs gouverneurs. Mais en Caroline du Sud, comme dans plusieurs États du Sud profond, l’application de la peine de mort se poursuit malgré les controverses.
Le passé racial de la Caroline du Sud en question
Le cas de Richard Moore met également en lumière les disparités raciales qui persistent dans le système judiciaire américain, en particulier dans les États du Sud historiquement marqués par la ségrégation. Le fait qu’il ait été jugé par un jury uniquement composé de Blancs est vu par beaucoup comme une faille ayant pu conduire à sa condamnation, malgré les circonstances troubles de l’affaire.
Alors que l’heure tourne, les soutiens de Richard Moore continuent d’espérer un geste du gouverneur McMaster, seul à même de corriger ce qu’ils considèrent comme une injustice. En prenant cette décision, il enverrait un message fort sur la place de la peine de mort au XXIe siècle, mais aussi sur la nécessité de réformer un système judiciaire encore trop souvent biaisé.