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Excuses à Pyongyang : Lee Jae-myung Brise le Tabou

Le président Lee Jae-myung avoue qu’il « devrait présenter des excuses » à Pyongyang pour les drones envoyés sous Yoon Suk-yeol… mais il hésite. Pourquoi ? La réponse risque de secouer toute la péninsule. À découvrir absolument.

Et si, un jour, un président sud-coréen présentait officiellement des excuses à Pyongyang ? L’idée semblait inconcevable il y a encore quelques mois. Pourtant, c’est exactement ce qu’a laissé entendre Lee Jae-myung lors d’une conférence de presse récente, provoquant un séisme politique à Séoul.

Un aveu qui tombe comme un coup de tonnerre

Mercredi dernier, à l’occasion du premier anniversaire de la tentative avortée de loi martiale décrétée par son prédécesseur Yoon Suk-yeol, le président Lee Jae-myung a lâché une phrase lourde de sens. « Je pense que je devrais présenter des excuses, mais j’hésite à le dire à haute voix », a-t-il confié devant les journalistes.

Le motif ? Les envois présumés de drones au-dessus de Pyongyang ordonnés par Yoon Suk-yeol pour y larguer des tracts hostiles. Un acte que la Corée du Nord a dénoncé avec véhémence et que Séoul n’a jamais officiellement reconnu.

Mais pour Lee Jae-myung, le doute n’est plus permis : ces opérations ont bien existé et elles ont mis en danger la paix sur la péninsule.

Pourquoi des excuses ? Le contexte explosif

Revenons quelques mois en arrière. Fin 2024, Yoon Suk-yeol, alors président en grande difficulté politique, décrète soudainement la loi martiale. L’argument officiel : une menace imminente venue du Nord.

Très vite, des soupçons émergent. Et si cette « menace » avait été fabriquée de toutes pièces ? L’hypothèse prend corps lorsque Pyongyang affirme avoir la preuve que des drones sud-coréens ont survolé la capitale nord-coréenne pour y disperser des tracts de propagande.

Une provocation délibérée, selon les enquêteurs, destinée à déclencher une réaction militaire de Kim Jong-un et ainsi justifier la suspension des libertés publiques à Séoul.

« Yoon Suk-yeol et d’autres personnes ont conspiré pour créer les conditions permettant de déclarer la loi martiale d’urgence, augmentant ainsi le risque d’affrontement armé intercoréen »

Parquet sud-coréen, lors de l’inculpation

L’ancien président a depuis été inculpé pour « aide à l’ennemi », une accusation rarissime dans l’histoire du pays.

Lee Jae-myung face au piège politique

En disant qu’il « devrait s’excuser », Lee Jae-myung marche sur des œufs. Il sait pertinemment que le moindre mot peut être récupéré par l’opposition conservatrice pour l’accuser de complaisance envers le régime nord-coréen.

« Si je le fais, je crains que cela puisse être utilisé comme argument dans des batailles idéologiques ou pour m’accuser d’être partisan du Nord », a-t-il reconnu avec une franchise désarmante.

Un dilemme cornélien : choisir entre la realpolitik et le risque d’être taxé de « rouge » dans un pays où l’anticommunisme reste une valeur puissante chez une partie de l’électorat.

Les gestes d’apaisement déjà engagés

Depuis son arrivée au pouvoir en juin, Lee Jae-myung a multiplié les signaux de détente. Parmi les mesures les plus symboliques :

  • Retrait des haut-parleurs de propagande le long de la DMZ
  • Soutien à une nouvelle loi interdisant les ballons et drones dans les zones d’exclusion aérienne
  • Condamnation claire des provocations passées

Mardi, le Parlement a adopté un texte renforçant l’interdiction des envois de tracts par voie aérienne, refermant une parenthèse ouverte en 2023 quand la Cour constitutionnelle avait annulé une loi similaire au nom de la liberté d’expression.

Retour sur l’accord de 2018 et ses promesses brisées

Tout avait pourtant bien commencé. En avril 2018, Moon Jae-in et Kim Jong-un signaient la déclaration de Panmunjom, s’engageant à « cesser complètement tous les actes hostiles » entre les deux Corées.

Parmi les points clés : la fin des diffusions par haut-parleurs et l’arrêt des envois de tracts. Deux ans plus tard, une loi criminalisait ces pratiques côté sud.

Mais en 2023, la Cour constitutionnelle sud-coréenne invalide cette loi, estimant qu’elle porte atteinte à la liberté d’expression. Les associations de défecteurs reprennent alors leurs campagnes de ballons, relançant la spirale de la provocation.

Un précédent historique lourd de conséquences

Présenter des excuses à la Corée du Nord ? Ce serait une première dans l’histoire récente. Aucun président sud-coréen en exercice ne l’a jamais fait publiquement.

Lee Jae-myung semble vouloir poser les bases d’une nouvelle approche : reconnaître les erreurs du passé pour mieux construire l’avenir. Reste à savoir si l’opinion publique sud-coréenne, profondément divisée, est prête à franchir ce cap.

Car au-delà du symbole, ces excuses potentielles posent une question fondamentale : jusqu’où peut-on aller dans la réconciliation quand une partie de la population voit encore le Nord comme l’ennemi absolu ?

Les réactions ne se sont pas fait attendre

Dès les mots de Lee Jae-myung prononcés, les réseaux sociaux se sont enflammés. Les conservateurs dénoncent une « humiliation nationale ». Les progressistes, eux, saluent une prise de responsabilité courageuse.

Au Nord, aucune réaction officielle pour l’instant. Mais on imagine que Pyongyang observe la situation avec la plus grande attention, prêt à exploiter la moindre faille.

Une chose est sûre : cette affaire n’est pas près de s’éteindre. Elle révèle les fractures profondes d’une société sud-coréenne toujours hantée par son passé et son voisin du nord.

Vers une nouvelle ère intercoréenne ?

En disant qu’il « devrait s’excuser », Lee Jae-myung a peut-être ouvert une porte que personne n’osait pousser. Même s’il recule pour l’instant, le simple fait d’avoir prononcé ces mots change la donne.

Pour la première fois depuis longtemps, la possibilité d’un geste fort de Séoul envers Pyongyang n’apparaît plus totalement irréaliste. Reste à savoir si le président aura le courage politique de passer à l’acte.

Une chose est certaine : la péninsule coréenne vient d’entrer dans une phase où plus rien ne semble impossible. Ni le pire, ni le meilleur.

À suivre de très près : les prochains mois diront si Lee Jae-myung transformera ses hésitations en acte historique… ou si la pression intérieure l’obligera à refermer cette parenthèse à peine ouverte.

L’histoire, en tout cas, est en marche.

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