L’année 2024 restera gravée dans les mémoires au Canada. Une succession d’événements climatiques extrêmes d’une violence inouïe a ravagé le pays, faisant exploser les coûts pour les assureurs à un niveau jamais atteint. Selon le Bureau d’assurance du Canada (BAC), la facture s’élève à 8,5 milliards de dollars canadiens, soit plus de 5,7 milliards d’euros. Un chiffre vertigineux, qui représente 12 fois la moyenne annuelle enregistrée pendant la décennie 2001-2010. Le précédent record datait de 2016, avec 6 milliards de dollars de dégâts suite aux feux de forêt dévastateurs de Fort McMurray. Mais 2024 a fait voler en éclats tous les records.
Un été apocalyptique
Juillet et août 2024 resteront longtemps dans les annales. En l’espace de deux mois seulement, quatre événements météorologiques catastrophiques ont causé plus de 7 milliards de dollars de pertes assurées. En juillet, un gigantesque incendie s’est déclaré dans le parc national de Jasper, joyau des Rocheuses canadiennes, forçant l’évacuation de 25 000 personnes. Quelques jours plus tard, début août, des orages d’une violence inouïe accompagnés de grêle dévastatrice se sont abattus sur Calgary. Le coût pour les assurances : 3 milliards de dollars.
Les demandes d’indemnisation explosent
Les chiffres donnent le vertige. Durant l’été 2024, les assureurs canadiens ont reçu environ 228 000 demandes de règlement, soit une augmentation ahurissante de 406% par rapport à la moyenne des 20 dernières années. « Ces événements s’intensifient à un rythme effréné et le Canada n’est tout simplement pas prêt », alerte Celyeste Power, présidente du BAC. Les dommages causés par les changements climatiques deviennent de plus en plus coûteux et fréquents.
Vers des régions non assurables ?
Face à cette explosion des sinistres, les assureurs tirent la sonnette d’alarme. Alors qu’en Californie, les feux de forêt menacent déjà l’assurabilité des habitations dans certaines zones, le Canada pourrait lui aussi être confronté à des défis similaires, prévient le BAC. Si rien n’est fait pour renforcer la résilience du pays face aux catastrophes naturelles, certaines régions pourraient devenir tout simplement non assurables. Une perspective terrifiante pour les propriétaires.
Il est urgent d’investir massivement dans des infrastructures plus résilientes et d’adapter notre modèle d’urbanisme. Les coûts de l’inaction seront bien plus élevés que ceux de la prévention.
Celyeste Power, présidente du Bureau d’assurance du Canada
Un électrochoc nécessaire
Les terribles événements de 2024 doivent servir d’électrochoc. Selon de nombreux experts, le Canada a cruellement besoin d’une stratégie nationale d’adaptation au changement climatique, avec des mesures concrètes pour réduire la vulnérabilité des communautés face aux aléas climatiques. Cela passe notamment par :
- Des normes de construction plus strictes pour les nouvelles habitations dans les zones à risque
- Des incitations fiscales pour encourager la rénovation et le renforcement des bâtiments existants
- Des investissements massifs dans les infrastructures de protection contre les inondations et les feux de forêt
- Une meilleure gestion des forêts pour limiter les risques d’incendies incontrôlables
- Des campagnes de sensibilisation pour aider les Canadiens à se préparer aux situations d’urgence
Sans une action rapide et décisive, préviennent les spécialistes, le Canada pourrait faire face à des coûts économiques et humains astronomiques dans les décennies à venir. Les événements extrêmes de 2024, aussi terribles soient-ils, pourraient malheureusement n’être qu’un avant-goût des défis titanesques que le changement climatique nous réserve. Il est plus que temps d’agir.
