ActualitésInternational

Évasion Massive de 1500 Détenus au Mozambique

1500 détenus, dont 30 jihadistes, s'évadent d'une prison de haute sécurité à Maputo lors de violentes manifestations post-électorales. Le bilan est lourd : 33 morts et 15 blessés parmi les fuyards. Les forces de l'ordre tentent de...

Au Mozambique, le chaos règne depuis l’annonce des résultats des élections présidentielles du 9 octobre dernier. Selon une source proche du dossier, pas moins de 1 534 détenus se sont évadés mercredi de la prison de haute sécurité de Maputo, la capitale, profitant de l’agitation ambiante pour prendre la poudre d’escampette. Un coup dur pour les autorités mozambicaines qui font face à une vague de contestation sans précédent.

33 morts et 15 blessés dans l’évasion

Le bilan de cette spectaculaire évasion est particulièrement lourd. D’après le chef de la police nationale, Bernardino Rafael, 33 prisonniers ont été tués et 15 autres blessés lors d’affrontements avec le personnel pénitentiaire qui tentait de les empêcher de fuir. Une vaste opération de recherche a été lancée, avec l’appui de l’armée, permettant la capture d’environ 150 évadés.

Mais ce qui inquiète surtout les forces de l’ordre, c’est que parmi les fuyards figureraient une trentaine de détenus liés aux groupes armés jihadistes qui sèment la terreur depuis sept ans dans le nord du pays, dans la province du Cabo Delgado. « Nous sommes particulièrement préoccupés par cette situation », a confié le patron de la police.

Des élections contestées

Pour comprendre le contexte de cette évasion spectaculaire, il faut revenir aux élections générales du 9 octobre dernier. Sans surprise, le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, le Frelimo, a été déclaré vainqueur avec 65,17% des voix pour son candidat. Mais l’opposition emmenée par l’ancien commentateur télé Venancio Mondlane dénonce des fraudes massives et réclame une « justice électorale ».

Depuis lundi, Maputo est le théâtre de violentes manifestations. Des groupes de protestataires ont notamment jeté leur dévolu sur la Prison Centrale mercredi. Ils ont créé la confusion en s’approchant du bâtiment en faisant du bruit, poussant les détenus à l’intérieur à faire tomber un mur pour s’échapper.

La capitale au bord du chaos

Trois jours après le début des troubles, Maputo offre un triste spectacle. Outre les bâtiments publics et les commerces pillés, des ambulances et un dépôt de médicaments ont été incendiés. Des barricades bloquent encore de nombreux axes de circulation.

Selon le gouvernement, ces violences ont déjà fait 21 morts, dont deux policiers, en seulement 24 heures. Un bilan qui risque fort de s’alourdir, d’autant que le ministre de l’Intérieur Pascoal Ronda a fait état de 236 « actes de violences graves » en une journée, avec des attaques armées contre 11 commissariats.

Un pays encore hanté par la guerre civile

Beaucoup de Mozambicains espéraient que ces élections permettraient de tourner définitivement la page du Frelimo et de la guerre civile qui a ravagé le pays de 1975 à 1992, faisant près d’un million de morts. Mais ces troubles post-électoraux ravivent les plaies encore à vif de ce conflit fratricide.

Et la spectaculaire évasion de la prison de Maputo n’arrange rien. Avec plus de 1 500 détenus, dont des dizaines de jihadistes, dans la nature, les autorités craignent une recrudescence de la violence et de l’insécurité dans tout le pays. Le Mozambique retient son souffle.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.