C’est une situation préoccupante qui secoue actuellement le commissariat central de Lille, le plus grand de France. Un mois seulement après l’évacuation en urgence d’un premier bâtiment suite à l’apparition de fissures inquiétantes, voilà qu’un second édifice doit à son tour être vidé dans les prochains jours pour les mêmes raisons. Une situation inédite et alarmante qui suscite l’incompréhension et la colère chez les 274 fonctionnaires de police concernés par ce nouveau déménagement précipité.
Un bâtiment récent qui se fissure de toutes parts
Le bâtiment en question, qui abrite les services de la police aux frontières, a pourtant été livré il y a moins de 15 ans, en 2008. Mais depuis plusieurs mois, de nombreuses fissures sont apparues, certaines atteignant même plusieurs centimètres de largeur. Des dégâts structurels si importants qu’ils mettent aujourd’hui en péril la solidité même de l’édifice. Face à l’aggravation rapide de la situation, la décision a donc été prise d’évacuer les lieux au plus vite.
Selon le témoignage d’un policier sous couvert d’anonymat, les problèmes ont débuté il y a déjà un certain temps :
Ça a démarré par des petites fissures qui ont été constatées assez rapidement. Et là, depuis quelques mois, on a pu constater que le bâtiment subissait d’autres dommages. Aujourd’hui, on a le droit de se poser beaucoup de questions, à savoir si ce bâtiment est encore fiable.
Des malfaçons dénoncées depuis des années
Pourtant, il ne s’agit pas là d’un phénomène totalement nouveau. D’après Clément Coasne, représentant syndical, les malfaçons sont connues et dénoncées depuis longtemps par le personnel :
On connaît les malfaçons depuis 2011. On les a dénoncées depuis quelques années déjà. Ils ont le sentiment que c’est fait à la dernière minute.
Une situation d’autant plus préoccupante que d’autres bâtiments du complexe ont également montré des signes inquiétants de fragilité. Il y a quelques semaines, un policier a alerté les pompiers après avoir constaté l’apparition de fissures. Depuis, la zone a dû être condamnée par mesure de sécurité.
Infiltrations d’eau et mesures d’urgence
Dans les sous-sols du commissariat, les problèmes s’accumulent également avec la multiplication des infiltrations d’eau. Pour tenter de soutenir la structure, des barres de renforcement ont dû être installées en urgence. Mais cela suffira-t-il ? Rien n’est moins sûr tant les dégâts semblent importants.
Face à cette situation critique, même l’unité d’élite du RAID, pourtant basée dans le complexe, a dû plier bagage et déménager vers un site tenu secret. Au total, ce sont plus de 400 fonctionnaires qui doivent être relocalisés en urgence.
L’activité maintenue malgré les difficultés
Si d’autres évacuations pourraient encore avoir lieu dans les prochaines semaines, la direction assure que ces déménagements en urgence n’impacteront pas l’activité des services :
Il n’y a aucune répercussion sur l’accompagnement au niveau des usagers, au niveau des enquêtes également, parce qu’effectivement, il n’y a pas d’impact sur ces unités concernées.
Thierry Courtecuisse, directeur interdépartemental de la police nationale à Lille
Des travaux devraient être entrepris par la préfecture, en charge de l’entretien des locaux, dès le mois d’avril. D’ici là, les policiers lillois n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience et de composer avec cette situation pour le moins perturbante. Une enquête est en cours pour déterminer avec précision les causes de ces malfaçons à répétition dans ce bâtiment pourtant récent et les éventuelles responsabilités.
Une chose est sûre, cet épisode laissera des traces et des questionnements parmi les fonctionnaires, inquiets pour leur sécurité et leurs conditions de travail dans ce commissariat d’envergure, malade de ses fissures.