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Eurovision 2026 : l’Allemagne Défend Israël Face à la Polémique

L'Allemagne menace de quitter l'Eurovision 2026 si Israël est exclu à cause de Gaza. Le chancelier et le ministre de la Culture montent au créneau. Mais jusqu'où ira cette crise qui divise déjà toute l'Europe ?

Imaginez le plus grand concours musical d’Europe transformé en champ de bataille géopolitique. Ce n’est pas une fiction : en ce début décembre 2025, l’Eurovision de la chanson 2026 est déjà au cœur d’une tempête qui pourrait tout faire basculer.

Jeudi, à Genève, l’Union européenne de radiodiffusion (UER) a entamé deux jours de discussions décisives. Au centre du débat : la participation d’Israël, menacée d’exclusion en raison de l’offensive militaire à Gaza. Et pendant que plusieurs pays brandissent la menace d’un boycott, un acteur majeur vient de prendre position de façon spectaculaire : l’Allemagne.

L’Allemagne dit non à l’exclusion d’Israël

Le ton est clair, net, sans ambiguïté. La chaîne régionale SWR, qui assurera la diffusion de l’Eurovision en Allemagne à partir de 2026, a publié un communiqué sans détour : la télévision publique israélienne KAN remplit toutes les conditions pour participer. Point final.

Plus encore, le diffuseur allemand insiste sur un principe fondamental : l’Eurovision est organisé par les membres de l’UER, pas par les gouvernements. Une manière de rappeler que la politique n’a pas à dicter les règles du jeu… même quand elle hurle très fort.

Et l’Allemagne ne se contente pas d’un simple communiqué technique.

Quand le chancelier et le ministre de la Culture montent au front

Début octobre, Friedrich Merz, fraîchement investi chancelier, lâchait déjà une bombe : si Israël est exclu, l’Allemagne quittera le concours en 2026. Une menace lourde de sens pour un pays qui finance une part importante de l’événement.

Mercredi, c’est le ministre de la Culture Wolfram Weimer qui enfonce le clou. Pour lui, il est tout simplement consternant d’exclure des artistes simplement parce qu’ils sont Israéliens. Il va plus loin : parler d’artistes juifs potentiellement visés par cette mesure serait, selon lui, une attaque contre les valeurs fondamentales de l’Europe.

« Il ne peut pas y avoir d’Eurovision sans Israël »

Wolfram Weimer, ministre allemand de la Culture

Cette phrase résonne comme un ultimatum.

Une position ancrée dans l’histoire allemande

On ne peut comprendre la fermeté allemande sans rappeler le contexte historique. L’Allemagne porte depuis 1945 une responsabilité particulière vis-à-vis d’Israël, fruit direct de la Shoah. Ce lien n’est pas seulement diplomatique : il est inscrit dans la Constitution et dans la conscience collective.

Même quand Berlin critique – parfois vivement – la conduite de la guerre à Gaza, même quand elle appelle à la retenue, elle refuse catégoriquement toute mesure qui pourrait être perçue comme une sanction collective contre les citoyens israéliens. Exclure un pays entier d’un concours culturel ? Impensable pour beaucoup d’Allemands.

Le précédent russe hante les débats

Pourtant, l’UER a déjà exclu des pays par le passé. La Russie a été bannie dès 2022 après l’invasion de l’Ukraine. Le Bélarus l’avait été un an plus tôt. À l’époque, les chaînes publiques allemandes ARD et ZDF avaient applaudi la décision, la qualifiant de correcte.

Alors pourquoi refuser aujourd’hui la même logique ?

La réponse tient en une différence fondamentale selon Berlin : l’exclusion doit rester exceptionnelle et proportionnée. Appliquer la même sanction à Israël qu’à la Russie serait, pour les autorités allemandes, une forme d’équivalence morale inacceptable.

Une fracture européenne qui s’élargit

Pendant que l’Allemagne brandit la carte du départ, d’autres pays font monter la pression en sens inverse. Plusieurs diffuseurs publics ont déjà laissé entendre qu’ils se retireront si Israël reste dans la compétition.

Le risque ? Une édition 2026 amputée de nombreux participants majeurs, ou pire : l’explosion pure et simple du concours tel qu’on le connaît.

Car l’Eurovision n’a jamais été qu’un concours de chansons. C’est un miroir grossissant des tensions du continent. Depuis 1956, il a reflété les guerres froides, les conflits yougoslaves, les crispations post-Brexit… Aujourd’hui, c’est le Proche-Orient qui s’invite sur scène.

Que va décider l’UER à Genève ?

À l’heure où ces lignes sont écrites, les discussions se poursuivent dans les couloirs genevois. L’UER, forte de ses 113 membres dans 56 pays, marche sur des œufs. Exclure Israël risquerait de provoquer un boycott allemand – et peut-être d’autres. Le maintenir pourrait déclencher l’effet inverse.

Le communiqué allemand conclut sur une note d’optimisme prudent : la SWR se dit confiante qu’une solution conforme aux principes de l’UER pourra être trouvée. Mais derrière les formules diplomatiques, la menace allemande plane toujours.

Et nous, spectateurs, dans tout ça ?

On aime l’Eurovision pour ses paillettes, ses performances délirantes, ses votes géopolitiques déguisés en twelve points. Mais cette année, le rideau pourrait tomber avant même que les premières notes ne retentissent.

Restera-t-il un concours capable d’unir l’Europe par la musique ? Ou deviendra-t-il le symbole d’une fracture impossible à refermer ?

Une chose est sûre : en mai 2026, quoi qu’il arrive sur scène, les vraies batailles se seront jouées bien avant, dans des salles de réunion à Genève et des capitales européennes.

Et nous, on regardera, comme toujours, le plus grand show télévisé du monde… en se demandant si la musique peut encore, parfois, faire taire les canons.

À suivre dans les prochains jours : la décision finale de l’UER risque de redessiner pour longtemps la carte de l’Eurovision. Une chose est déjà actée : l’édition 2026 ne ressemblera à aucune autre.

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