Chaque année, l’Eurovision réunit des millions de spectateurs autour de la musique, symbole d’unité et de diversité. Mais en 2025, à peine les répétitions commencées à Bâle, une tempête éclate : 72 anciens participants, dont trois Français, appellent à exclure Israël du concours. Pourquoi une telle demande ? Plongeons dans une controverse où musique, politique et éthique s’entremêlent.
Une Lettre Chargée de Convictions
Un courrier signé par 72 artistes ayant foulé la scène de l’Eurovision a secoué l’Union européenne de radiotélévision (UER), l’organisatrice du concours. Publié le 6 mai 2025, ce document demande l’exclusion de la télévision publique israélienne, accusée de complicité dans des actes graves. Une telle mesure priverait Israël de sa participation au concours musical le plus regardé d’Europe.
Les signataires, parmi lesquels des compositeurs, danseurs et anciens gagnants, dénoncent une situation qu’ils jugent intolérable. Leur argument principal ? La télévision israélienne serait impliquée dans des violations des droits humains, notamment à Gaza. Cette accusation, lourde, place l’UER face à un dilemme : maintenir la participation d’Israël ou céder à la pression des artistes.
« Nous croyons au pouvoir unificateur de la musique, mais nous refusons qu’elle serve à masquer des crimes contre l’humanité. »
Extrait de la lettre des artistes
Les Raisons d’un Boycott
La demande d’exclusion repose sur des accusations précises. Les artistes pointent du doigt la télévision publique israélienne, qu’ils jugent complice d’un « apartheid » et d’un « génocide » à l’encontre des Palestiniens. Ces termes, volontairement forts, visent à attirer l’attention sur la situation à Gaza, où le conflit a causé des milliers de victimes.
Pour les signataires, permettre à Israël de participer revient à normaliser ces actes. Ils reprochent à l’UER un « deux poids, deux mesures » : en 2022, la Russie avait été exclue du concours en raison de son invasion de l’Ukraine. Pourquoi, demandent-ils, une mesure similaire n’est-elle pas appliquée à Israël ?
Contexte clé : En 2022, l’UER a suspendu les diffuseurs russes, invoquant des violations des valeurs du concours. Cette décision a été saluée, mais elle alimente aujourd’hui les accusations d’incohérence.
La lettre évoque aussi l’édition 2024, marquée par des tensions. Des délégations, comme celle de la Norvège, avaient hésité à participer à cause de la présence israélienne. Des incidents, comme des provocations verbales lors des répétitions, avaient transformé le concours en un terrain miné.
Qui Sont les Signataires ?
Parmi les 72 artistes, on trouve des figures emblématiques. Deux anciens vainqueurs, un Portugais (2017) et un Irlandais (1994), mènent la charge. Trois Français, ayant représenté le pays en 1998, 2010 et 2023, ont également signé. Leur engagement reflète une diversité géographique et culturelle, avec des artistes d’Islande, de Bosnie, de Malte ou encore de Slovénie.
L’Islande, connue pour ses positions pro-palestiniennes, est particulièrement représentée. En 2024, un chanteur palestinien avait failli représenter le pays, signe d’un engagement fort. Cette mobilisation transcende les frontières, unissant des artistes autour d’une cause qu’ils estiment universelle.
- Artistes français : Trois ex-participants, symboles d’une prise de position rare.
- Islande : Un bastion de solidarité avec la cause palestinienne.
- Anciens vainqueurs : Leur poids donne une résonance mondiale à la lettre.
Une Édition 2024 Explosive
L’Eurovision 2024 avait déjà été le théâtre de controverses. La participation d’Israël, avec la chanson Hurricane, avait suscité des protestations. Des vidéos circulaient, montrant des membres de la délégation israélienne harcelant d’autres concurrents. Un incident notable impliquait une candidate irlandaise, ciblée par des commentateurs israéliens, en violation des règles du concours.
Ces tensions avaient valu à l’édition 2024 le titre de « plus chaotique » de l’histoire de l’Eurovision. Des manifestations pro-palestiniennes à Malmö, ville hôte, avaient amplifié la polémique. Pour les signataires de la lettre, ces événements prouvent que la présence d’Israël nuit à l’esprit du concours.
« L’Eurovision 2024 a été la plus politisée et la plus désagréable de l’histoire. »
Extrait de la lettre des artistes
Israël à l’Eurovision 2025 : Une Participation Symbolique
Pour l’édition 2025, Israël a choisi une représentante au parcours poignant : une survivante d’une attaque survenue le 7 octobre 2023. Sa chanson, New Day Will Rise, évoque la résilience et la reconstruction. Ce choix, chargé d’émotion, rend la demande d’exclusion encore plus complexe.
Les organisateurs de l’Eurovision se retrouvent dans une position délicate. Exclure Israël pourrait être perçu comme une prise de position politique, contraire à la neutralité affichée du concours. Mais ignorer la lettre des artistes risque d’attiser les critiques et de fracturer la communauté des fans.
| Position | Arguments |
|---|---|
| Signataires | Exclure Israël pour dénoncer des violations des droits humains. |
| UER | Maintenir la participation pour préserver la neutralité du concours. |
Un Débat qui Dépasse la Musique
La polémique autour d’Israël à l’Eurovision soulève des questions plus larges. Peut-on séparer l’art de la politique ? La musique doit-elle rester un espace neutre, ou peut-elle devenir un levier pour défendre des causes ? Les artistes signataires, eux, ont tranché : pour eux, le silence équivaut à une complicité.
Ce débat n’est pas nouveau. Dans les années 1970, l’Eurovision avait déjà été critiquée pour avoir accueilli l’Espagne franquiste. Plus récemment, la participation de pays comme l’Azerbaïdjan ou la Biélorussie a suscité des controverses. Mais la situation actuelle, avec son ampleur médiatique, marque un tournant.
Historique : L’Eurovision a souvent été un miroir des tensions géopolitiques, de la Guerre froide aux conflits modernes.
Et Maintenant ?
À quelques semaines de la finale du 17 mai 2025, l’UER n’a pas encore répondu officiellement à la lettre. Une décision, quelle qu’elle soit, aura des répercussions. Exclure Israël pourrait apaiser certains artistes, mais risquerait de froisser une partie du public. À l’inverse, maintenir la participation pourrait amplifier les appels au boycott.
Les fans, eux, sont partagés. Sur les réseaux sociaux, certains soutiennent les signataires, tandis que d’autres défendent le droit d’Israël à concourir. Une chose est sûre : l’Eurovision 2025 ne sera pas seulement une célébration de la musique, mais aussi un théâtre d’idées et de passions.
- Enjeu pour l’UER : Trouver un équilibre entre neutralité et éthique.
- Impact possible : Boycotts ou manifestations lors de la finale.
- Voix des fans : Une communauté divisée face à un dilemme moral.
L’Eurovision a toujours été plus qu’un concours de chansons. En 2025, elle devient un miroir des fractures du monde. Reste à savoir si la musique parviendra, malgré tout, à rassembler.
