Au sein du Parlement européen à Strasbourg, les élus français réservent parfois des surprises lors des votes sur des sujets sensibles. Que ce soit sur des questions d’immigration ou d’accords de libre-échange, il n’est pas rare de voir des eurodéputés hexagonaux s’éloigner de la ligne défendue par leur groupe politique. Une tendance qui reflète souvent des spécificités nationales.
Des votes à rebours sur le libre-échange
Le libre-échange est l’un des principaux points de divergence entre élus français et leurs homologues européens. Les accords commerciaux sont généralement plébiscités par une majorité d’eurodéputés, notamment au sein du Parti populaire européen (PPE), qui rassemble la droite et le centre-droit. Pourtant, les élus Les Républicains (LR), qui siègent dans ce groupe, n’hésitent pas à s’abstenir ou à voter contre ces textes.
Ce fut le cas lors du vote sur l’accord commercial avec la Nouvelle-Zélande à l’automne dernier. François-Xavier Bellamy et ses collègues LR se sont abstenus, tandis que deux d’entre eux ont carrément voté contre. Une position justifiée par une volonté de défendre une certaine “sensibilité française” sur ces enjeux.
L’immigration, autre pomme de discorde
Le dossier de l’immigration est une autre source de dissensions entre Français et Européens. En avril dernier, le pacte asile et migration a été adopté par le Parlement de Strasbourg. Mais cette fois, c’est à gauche que des voix dissonantes se sont fait entendre.
Raphaël Glucksmann, chef de file PS-Place Publique, s’est ainsi opposé à ce texte, prenant ses distances avec son groupe politique, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates.
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Une position dictée là encore par un prisme national, dans un contexte de crispation du débat politique en France autour des questions migratoires. D’autres élus socialistes et écologistes ont également exprimé des réserves sur ce pacte, sans forcément suivre la position de leurs groupes respectifs.
L’influence du poids de l’agriculture française
L’importance de l’agriculture dans l’économie et la société française joue aussi un rôle dans ces votes atypiques. Les élus de l’Hexagone sont particulièrement attentifs aux textes touchant à la Politique agricole commune (PAC) ou aux normes alimentaires et environnementales.
- Ils n’hésitent pas à monter au créneau pour défendre les intérêts des agriculteurs français.
- Quitte à bousculer les équilibres au sein de leurs familles politiques européennes.
Ces particularismes français s’expriment donc régulièrement dans l’hémicycle strasbourgeois. Ils montrent que malgré les clivages partisans européens, les élus nationaux conservent une marge de manœuvre pour faire entendre leur voix. Une situation qui peut compliquer la tâche des groupes politiques pour maintenir leur cohésion.
Mais ces spécificités sont aussi le reflet de la diversité qui caractérise l’Union européenne. Une mosaïque de nations aux sensibilités variées, qui doivent sans cesse trouver le chemin du compromis. Les votes des eurodéputés français, dans leur singularité, participent finalement de cette recherche permanente d’équilibre au sein du projet européen.