À trois jours du scrutin des élections européennes, la bataille fait rage dans les médias et sur le terrain entre les différentes forces politiques. Invitée mercredi soir sur BFMTV, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a livré son analyse sur la stratégie de communication d’Emmanuel Macron en cette fin de campagne. Selon elle, les multiples interventions médiatiques du chef de l’État, notamment dans le cadre des commémorations du Débarquement en Normandie, seraient en réalité un moyen détourné de peser dans le débat.
Plus Emmanuel Macron parle et plus il mobilise pour notre liste
– Marine Le Pen, sur BFMTV
Macron accusé de faire campagne sur le temps mémoriel
Pour l’ancienne candidate à la présidentielle, le président « se sert des commémorations pour se faire inviter aux “20 heures”, à quelques heures de la fin de la campagne ». Une analyse partagée par l’Arcom (ex-CSA) qui a prévenu que le temps de parole du chef de l’État serait décompté de celui de la majorité. Paradoxalement, Marine Le Pen se félicite presque de cette situation car elle estime que cela profite à son propre camp :
Si le président de la République veut prendre la parole le soir des commémorations, c’est probablement pour parler d’autre chose que des commémorations et notamment de l’élection européenne.
– Marine Le Pen
Un constat partagé par de nombreux observateurs qui voient dans la séquence mémorielle un moyen pour l’exécutif de rattraper son retard dans les sondages. La liste Renaissance, menée par Nathalie Loiseau, est pour l’instant distancée par celle du RN de Jordan Bardella, solidement installée en tête des intentions de vote.
Le gouvernement accusé de « manipulation » et d’ « instrumentalisation »
Au-delà de la prise de parole présidentielle de jeudi soir, Marine Le Pen dénonce plus globalement « une volonté de manipulation de l’opinion ». Elle pointe notamment du doigt la venue à l’Assemblée nationale vendredi, à la veille du scrutin, du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Une intervention qu’elle voit comme une « instrumentalisation du conflit » par Emmanuel Macron.
Des critiques balayées par la majorité qui assure que le chef de l’État ne fera pas de politique lors de ses différentes interventions. Mais à quelques encablures d’un scrutin qui s’annonce serré, chacun est bien conscient que la moindre phrase, le moindre mot peut faire basculer l’électorat. Jusqu’au bout, la bataille pour les européennes se jouera donc aussi dans les médias.
Un duel Macron/Le Pen en filigrane
Si les deux rivaux de la présidentielle 2022 ne sont pas directement candidats cette fois-ci, ils n’en demeurent pas moins les principales figures de ce scrutin européen. D’un côté Emmanuel Macron, qui mise sur un vote d’adhésion à son projet européen malgré un contexte social tendu. De l’autre Marine Le Pen, qui espère surfer sur le mécontentement pour imposer le RN comme première force d’opposition.
Un duel par procuration qui n’est pas sans rappeler celui qui les avait opposés il y a un an pour l’Élysée. Sauf que cette fois, difficile de prédire qui sortira vainqueur des urnes dimanche soir. Les jeux sont plus ouverts que jamais à J-3 et aucun camp ne peut crier victoire. Seule certitude : à défaut d’un raz-de-marée, ces européennes devraient au moins provoquer de sacrées vagues dans le paysage politique français.