Les élections européennes de 2024 promettent d’être un véritable séisme dans le paysage politique de l’Union Européenne. Alors que les derniers bureaux de vote fermaient leurs portes ce dimanche soir, les premières estimations laissent entrevoir des bouleversements majeurs dans la composition du futur Parlement européen. Tour d’horizon des forces en présence et des enjeux de ce scrutin crucial pour l’avenir du projet européen.
Percée des partis nationalistes, coup de mou pour les Verts
Premier enseignement de ce scrutin : la progression significative des partis nationalistes et eurosceptiques dans plusieurs pays de l’UE. En Autriche, en France, en Italie ou encore aux Pays-Bas, ces formations arrivent en tête ou réalisent des scores importants. Une dynamique qui devrait leur permettre de peser davantage au sein de l’hémicycle européen, et éventuellement de constituer un groupe plus large et influent.
Autre surprise : la contre-performance des partis écologistes, notamment dans les grands États membres comme l’Allemagne ou la France. Un recul qui risque d’affaiblir le poids des Verts, pourtant considérés comme des acteurs clés ces dernières années sur des sujets comme la transition énergétique ou la protection de l’environnement.
PPE et S&D en tête, malgré l’érosion
Dans ce contexte de recomposition, les deux grands groupes traditionnels – le PPE (droite) et S&D (gauche) – semblent en mesure de conserver leur leadership au Parlement européen. Mais ils devront composer avec une érosion de leur base électorale et la montée en puissance de nouvelles forces.
Le PPE revendique jusqu’à 186 sièges, ce qui en ferait le premier groupe de l’assemblée. Mais il devra probablement élargir son assise en accueillant d’autres partis. Côté socialiste, le groupe S&D limite la casse et devrait conserver sa deuxième place. La troisième position occupée par les centristes-libéraux de Renew est plus menacée.
Participation en hausse, signe d’un regain d’intérêt pour l’Europe ?
Malgré les craintes d’une abstention massive, la participation semble en légère augmentation par rapport à 2019, dépassant les 50% dans plusieurs pays. Un signal encourageant quant à l’intérêt des citoyens pour les enjeux européens, dans un contexte pourtant marqué par de multiples crises (guerre en Ukraine, rivalité sino-américaine, transition écologique…).
Quelles conséquences pour le fonctionnement de l’UE ?
Au-delà des rapports de force entre les groupes, ces élections auront un impact majeur sur la gouvernance de l’UE pour les 5 prochaines années. La composition du Parlement influera sur des décisions clés comme la nomination de la présidence de la Commission européenne, les grandes orientations budgétaires ou les réformes institutionnelles.
Des alliances devront se former, des compromis être trouvés pour dégager des majorités sur les textes. L’influence des nationalistes, s’ils parviennent à constituer un groupe uni et cohérent, sera à surveiller de près. Tout comme la capacité des pro-européens à maintenir le cap face aux vents contraires.
« C’est le moment de s’unir (…) ne pas rater une opportunité comme celle-ci. »
Marine Le Pen, appelant à un rapprochement entre les groupes eurosceptiques ECR et ID
Au final, ces élections européennes version 2024 s’annoncent passionnantes et pleines de surprises. Loin d’être un simple scrutin de mi-mandat, elles dessinent les futurs équilibres politiques du continent, dans toute leur complexité. Avec en toile de fond une question existentielle : quelle Europe voulons-nous pour demain ?
Une chose est sûre : malgré la poussée des discours eurosceptiques ou europhobes, l’UE a plus que jamais besoin de vision et d’unité pour relever les défis colossaux qui l’attendent. Réussir la transition climatique, renforcer sa souveraineté géopolitique, renouer avec les citoyens… L’agenda des 5 ans à venir s’annonce chargé. Espérons que ce nouveau Parlement saura se montrer à la hauteur.
