Les élections européennes de 2024 s’annoncent comme un scrutin charnière dans le paysage politique français. Dernier rendez-vous électoral d’envergure nationale avant la présidentielle de 2027, ce scrutin à un tour et à la proportionnelle sera l’occasion pour les différentes forces politiques de mesurer leur influence et d’affiner leurs stratégies. Entre enjeux cruciaux et dynamiques partisanes, décryptons les clés de cette échéance déterminante.
Un vote sanction redouté par le camp présidentiel
Pour la majorité au pouvoir, l’enjeu est de taille. Après plusieurs mois de contestation sociale et de critiques sur la gestion du pays, le parti du président Emmanuel Macron redoute un vote sanction. Un score en deçà des attentes viendrait fragiliser l’exécutif et compliquer la mise en œuvre des réformes pour la fin du quinquennat.
Face à ce défi, la tête de liste Valérie Hayer s’efforce de mobiliser l’électorat macroniste en mettant en avant le bilan européen de la majorité. Mais dans un contexte de défiance envers le pouvoir en place, la partie s’annonce serrée.
Le RN en embuscade
Grand favori des sondages, le Rassemblement National de Jordan Bardella espère surfer sur la dynamique des derniers scrutins pour s’imposer comme la première force politique du pays. Fort d’un discours eurosceptique et d’une critique virulente du gouvernement, le parti d’extrême droite entend bien capitaliser sur le mécontentement ambiant pour remporter la mise.
Mais au-delà de la victoire symbolique, l’enjeu pour le RN est aussi de se positionner comme une alternative crédible en vue de la présidentielle. Un score élevé permettrait à Jordan Bardella d’asseoir son leadership et de crédibiliser la stratégie de “normalisation” du parti.
La gauche en ordre dispersé
À gauche, les européennes s’annoncent compliquées. Divisées et affaiblies depuis la dernière présidentielle, les différentes formations peinent à faire entendre leur voix. Les écologistes, emmenés par Marie Toussaint, espèrent sauver les meubles et éviter une marginalisation qui signerait leur disparition de l’échiquier politique.
Du côté des socialistes, l’enjeu est de confirmer le léger rebond entamé lors des dernières élections. Portée par Raphaël Glucksmann, la liste d’union de la gauche entend résister à la concurrence insoumise et incarner le premier opposant à Emmanuel Macron. Une mission périlleuse tant la défiance envers les partis traditionnels reste forte dans l’électorat.
Les Républicains en quête de rebond
Sonnés par une série de revers électoraux, Les Républicains jouent gros lors de ce scrutin. Menée par François-Xavier Bellamy, la liste LR a pour ambition de réaffirmer la place de la droite dans le paysage politique et de stopper l’hémorragie vers le camp macroniste et l’extrême droite.
Mais pour convaincre, la droite devra clarifier sa ligne et renouveler son logiciel idéologique. Un défi de taille dans un parti miné par les divisions et en perte de repères depuis la déroute de 2022.
L’abstention, l’autre enjeu du scrutin
Au-delà des rapports de force partisans, l’autre inconnue de ces élections européennes réside dans le niveau de participation. Traditionnellement marqué par une forte abstention, ce scrutin peine à mobiliser les citoyens, souvent peu au fait des enjeux européens.
La clé du succès pour les différentes listes sera donc leur capacité à convaincre les électeurs de se déplacer jusqu’aux urnes. Un défi d’autant plus ardu dans un contexte de défiance envers la politique et les institutions.
À trois ans de l’élection présidentielle, ces européennes donneront donc le ton de la recomposition politique à venir. Entre l’espoir d’un sursaut citoyen et le risque d’une nouvelle poussée des extrêmes, l’avenir de notre démocratie se jouera aussi dans les isoloirs le 9 juin prochain.