Le vent souffle fort sur Euroapi, champion français de la production de principes actifs pharmaceutiques. Malgré une réorganisation en profondeur de sa gouvernance et un plan de transformation baptisé Focus 27, l’ancienne filiale du géant Sanofi voit son action dégringoler en bourse. Une situation préoccupante pour cet acteur stratégique de l’industrie pharmaceutique tricolore.
Un duo exécutif tout juste nommé
Euroapi a annoncé la semaine dernière un changement inattendu à sa tête. Exit Viviane Monges, architecte du plan Focus 27 et présidente du conseil d’administration depuis seulement mai 2022. Ludwig de Mot, spécialiste des transformations passé par le sucrier Tereos, quitte également son poste de directeur général après à peine 9 mois en fonction.
Pour les remplacer, le groupe mise sur Emmanuel Blin, précédemment membre du comité exécutif du laboratoire américain Bristol Myers Squibb, comme nouveau président du conseil d’administration. David Seignolle, auparavant directeur des opérations, endosse quant à lui le costume de directeur général.
Les fondements du plan stratégique Focus 27 étant établis et son financement sécurisé, Euroapi entame un nouveau chapitre
– Communiqué d’Euroapi
L’action en chute libre
Ce jeu de chaises musicales n’a pas rassuré les marchés. Lors de l’annonce de ces nominations, le titre Euroapi a chuté de près de 8% à la bourse de Paris. Il a perdu plus de 50% depuis son introduction en bourse en mai 2022, faisant du groupe l’une des plus mauvaises performances du SBF 120 sur la période.
Cette défiance des investisseurs s’explique par les difficultés traversées par l’entreprise. Euroapi est plombé par une rentabilité insuffisante, une concurrence féroce, notamment de la part des acteurs asiatiques, et des relations parfois tendues avec certains de ses clients, dont Sanofi, qui reste aussi son principal actionnaire avec 30% du capital.
Focus 27 : un plan de transformation vital
Pour redresser la barre, Euroapi mise tout sur son plan stratégique Focus 27. Ce programme de transformation vise à rationaliser et moderniser l’outil industriel du groupe, développer de nouvelles molécules notamment en chimie fine à forte valeur ajoutée, et diversifier le portefeuille clients pour réduire la dépendance à Sanofi.
D’ici 2025, le groupe ambitionne de réaliser 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec une marge d’EBITDA autour de 14%. Un objectif ambitieux comparé aux 893 millions de revenus et 10% de marge actuels. Sanofi a promis de contribuer au financement de ce plan à hauteur de 200 millions d’euros.
Les marchés dans l’expectative
Mais pour l’heure, le marché reste dans l’attente de preuves tangibles de l’avancée du plan de transformation. Les changements à la gouvernance, s’ils semblent pertinents sur le papier, viennent aussi réintroduire une dose d’incertitude sur la stratégie et son exécution.
Euroapi a néanmoins des atouts indéniables dans son jeu. Son savoir-faire reconnu dans les principes actifs, sa forte implantation industrielle en France avec 6 sites de production, et son rôle clé pour assurer la souveraineté pharmaceutique du pays sont des points forts. Reste à transformer l’essai en prouvant sa capacité à améliorer sa compétitivité et créer de la valeur pour ses actionnaires.
Dans un environnement pharmaceutique en pleine mutation, avec une pression croissante sur les coûts et une concurrence internationale exacerbée, rien ne garantit le succès. Mais Euroapi compte bien montrer qu’il a les moyens de ses ambitions. Le nouveau tandem de direction est attendu au tournant pour relever ce défi stratégique et redonner des couleurs au cours de bourse.