Qui aurait misé une livre sterling sur un tel huitième de finale ? D’un côté l’Angleterre, nation majeure du football, finaliste malheureuse du dernier Euro. De l’autre, la Slovaquie, petit poucet dont la présence à ce stade relève déjà de l’exploit. Sur le papier, l’affiche semble déséquilibrée. Et pourtant, rien n’est moins sûr. Car si la logique devait être respectée, ce sont bien les Three Lions qui auraient le plus à craindre de ce duel.
Une Angleterre en panne d’inspiration
Certes, les hommes de Gareth Southgate ont terminé en tête de leur groupe. Mais que ce fut laborieux ! Face à des adversaires réputés inférieurs comme l’Ukraine ou la Macédoine du Nord, les Anglais ont multiplié les prestations insipides et poussives. Incapables de faire la différence dans le jeu, ils s’en sont remis aux exploits individuels de Bukayo Saka ou aux penaltys de Harry Kane pour grappiller des succès étriqués. Un constat inquiétant à l’heure d’aborder les matches couperets.
Des choix tactiques contestés
Comment expliquer un tel manque d’allant et de créativité ? Beaucoup pointent du doigt les choix de Gareth Southgate. Son système de jeu ultraconservateur, a priori conçu pour assurer un équilibre défensif, a surtout eu pour effet de brider les velléités offensives des siens. Des joueurs comme Foden, Saka ou Bellingham, si flamboyants en club, peinent à s’exprimer dans un schéma tactique contraignant. Résultat : une animation offensive minimaliste et une impression de blocage mental dès lors qu’il s’agit de faire sauter le verrou adverse.
On a l’impression que les joueurs n’osent pas, qu’ils ont peur de se lâcher. C’est comme s’ils portaient le poids de toute une nation sur leurs épaules.
– Gary Lineker, ancien international anglais
Harry Kane, symbole des maux anglais
Symbole de ce marasme ambiant : Harry Kane. Meilleur buteur du Mondial 2018, le capitaine anglais semble l’ombre de lui-même depuis le début de l’Euro. Désespérément transparent dans le jeu, l’attaquant de Tottenham n’existe quasiment que sur penalty. Une anomalie pour un joueur de ce calibre, habitué à empiler les buts en Premier League. Mais à l’image de son équipe, Kane peine à peser et à se montrer décisif dans les grands rendez-vous. Un constat cruel mais implacable.
La Slovaquie, l’outsider qui ne tremble pas
La Slovaquie, elle, arrive dans ce huitième avec l’insouciance et la fraîcheur de ceux qui n’ont rien à perdre. Qualifiés surprise au terme d’une phase de poules héroïque, les hommes de Stefan Tarkovic entendent bien faire durer le rêve. Loin de se contenter de défendre, les Slovaques ont séduit par leur culot et leur capacité à bousculer des nations réputées supérieures. Emmenés par les virevoltants Duda et Hamsik, ils développent un football chatoyant et conquérant.
Milan Skriniar, la révélation slovaque
Au rayon des bonnes surprises, impossible de ne pas mentionner Milan Skriniar. Décrié au PSG cette saison, le roc défensif slovaque rayonne depuis le début de l’Euro. Impérial dans les duels, précieux dans la relance, il rassure ses partenaires et leur permet de s’exprimer librement vers l’avant. Un véritable leader dont l’impact positif rejaillit sur l’ensemble de la sélection. Avec un Skriniar à ce niveau, la Slovaquie peut regarder n’importe quel adversaire droit dans les yeux.
Slovaquie | Angleterre | |
---|---|---|
12 | Tirs | 9 |
54% | Possession | 46% |
433 | Passes | 398 |
Avec de telles statistiques, difficile de distinguer le favori de l’outsider. La Slovaquie a démontré sa capacité à tenir le ballon et à prendre le jeu à son compte. De quoi nourrir l’espoir d’un authentique exploit face à une Angleterre empêtrée dans ses doutes. Si les Slovaques maintiennent ce niveau d’engagement et de confiance, le rêve d’une qualification en quarts de finale pourrait bien devenir réalité.
Un huitième piège pour l’Angleterre
Les Anglais seraient donc bien inspirés de se méfier. Eux qui étaient attendus parmi les grands favoris de l’Euro vont devoir soudainement élever leur niveau de jeu face à un adversaire insoupçonné mais redoutable. Face à la fougue et l’insouciance slovaques, la pression sera clairement sur les épaules des Three Lions. L’heure du réveil a sonné pour Kane et ses partenaires. Reste à savoir s’ils sauront enfin montrer leur vrai visage.
Car en cas de nouvelle prestation décevante, c’est une élimination précoce et humiliante qui guette l’Angleterre. Un scénario catastrophe qu’ils doivent à tout prix éviter. Pour cela, Southgate devra trouver les clés tactiques pour libérer les énormes talents à sa disposition. Faute de quoi, ce sont bien les petits poucets slovaques qui pourraient les renvoyer à la maison la queue entre les jambes.
Alors, coup de tonnerre ou désillusion anglaise ? Réponse ce dimanche sur la pelouse de Wembley. Une chose est sûre : avec les doutes d’un côté et l’insouciance de l’autre, ce huitième de finale s’annonce indécis et passionnant. La Slovaquie aura sa chance, à elle de la saisir. L’Angleterre, elle, n’a plus le choix : c’est maintenant ou jamais !