Alors que les programmes Erasmus célébraient il y a peu les colocations internationales comme des expériences enrichissantes, cette vision idyllique semble révolue aux Pays-Bas. Dans un contexte de crise aiguë du logement étudiant, les étudiants étrangers sont les premiers à en faire les frais, éprouvant les pires difficultés à trouver une chambre à louer.
Un accueil à deux vitesses pour les étudiants Erasmus
Pendant des années, les universités néerlandaises ont misé sur l’attractivité de leurs programmes pour les étudiants internationaux, notamment européens via Erasmus. Une stratégie payante en termes d’image et de rayonnement, mais qui se heurte aujourd’hui à la dure réalité d’une offre de logements étudiants insuffisante.
Faute de places dans les résidences universitaires, de nombreux étudiants Erasmus se tournaient jusqu’à présent vers la colocation. Une solution de repli qui leur est désormais fermée, de nombreux logements refusant tout bonnement les profils internationaux au profit des étudiants néerlandais. Un choix assumé par les propriétaires, souvent par crainte des impayés ou des dégradations.
Crise du logement : Les étudiants Erasmus en première ligne
Cette discrimination à l’encontre des étudiants étrangers intervient alors que la crise du logement fait rage dans la plupart des grandes villes universitaires néerlandaises. À Amsterdam, Ultrecht ou Groningen, trouver une chambre relève du parcours du combattant, les loyers ayant flambé de 20 à 30% ces deux dernières années selon les estimations.
Les propriétaires préfèrent louer à des étudiants néerlandais, qu’ils jugent plus stables et solvables. Pour nous, décrocher ne serait-ce qu’une visite relève de l’impossible.
– Témoignage d’un étudiant Erasmus à Amsterdam.
Face aux difficultés rencontrées, certains étudiants internationaux jettent désormais l’éponge, renonçant à leur semestre Erasmus au Pays-Bas. À moins d’un heureux concours de circonstances ou d’un budget conséquent, l’expérience de la vie étudiante néerlandaise leur est tout bonnement inaccessible.
Universités et pouvoirs publics mis sous pression
Alors que la crise du logement étudiant s’envenime chaque année, les acteurs politiques et académiques tentent de trouver des solutions. Outre des mesures incitatives pour les propriétaires louant aux étudiants, des projets de construction de nouvelles résidences universitaires sont à l’étude.
- Le gouvernement néerlandais a débloqué un fonds d’urgence pour soutenir la construction de logements étudiants.
- Certaines municipalités envisagent d’imposer des quotas de chambres réservées aux étudiants internationaux dans les nouvelles résidences.
- Des universités comme celle d’Amsterdam limitent les admissions d’étudiants non européens pour réduire la pression sur le parc locatif.
Des mesures nécessaires mais jugées insuffisantes et trop tardives par les associations étudiantes. Beaucoup reprochent aux universités d’avoir négligé la question du logement dans leur course à l’internationalisation. Résultat, les étudiants Erasmus semblent être devenus les principales victimes collatérales d’une politique universitaire imprévoyante.
Quel avenir pour les programmes de mobilité ?
Si la situation perdure, c’est l’attractivité même des Pays-Bas comme destination étudiante qui pourrait en pâtir. Les universités en ont conscience et tentent de rassurer leurs partenaires internationaux, promettant des solutions rapides pour garantir à tous un logement décent.
En attendant, la crise du logement reste un défi majeur pour l’accueil des étudiants Erasmus aux Pays-Bas. Une situation symptomatique des difficultés croissantes rencontrées par les étudiants en mobilité en Europe, confrontés à la pénurie et la cherté du logement dans de nombreuses villes universitaires. Un enjeu crucial pour l’avenir des programmes d’échanges européens et leur ambition d’offrir une expérience accessible et enrichissante au plus grand nombre.