Sokhna, Marie, Palesa, Geoffrey, Covenant… Vous ne les connaissez pas encore, mais ces 6 étudiants africains membres de la fameuse « Génération Z » sont bien décidés à se faire entendre. De Dakar à Nairobi en passant par Abidjan, ils nous ont ouvert les portes de leurs quotidiens pendant 24h. Portrait d’une jeunesse africaine engagée, déterminée à rester dans son pays pour le faire avancer malgré les défis.
« Marathon » d’une journée étudiante pas comme les autres
Sokhna Ndéye Merry Sall, 21 ans, débute sa journée par la prière à Dakar. Quelques milliers de kilomètres plus au sud, dans un studio étudiant exigu de Bingerville près d’Abidjan, Marie Elodie Yéo Guéfala s’accorde quelques instants de répit avant de replonger dans ses révisions.
Dans la brume matinale de Johannesburg, Palesa Molefe emprunte en voiture le fameux « Mandela Bridge » direction l’université Witwatersrand. À la même heure, Geoffrey Mboya se faufile en chemisette à l’arrière d’un moto-taxi dans les embouteillages de Nairobi, la capitale kenyane.
Malgré les kilomètres qui les séparent, nos 6 étudiants partagent une même volonté : contribuer au développement de leur pays, en y restant. Un choix courageux alors que près de 60% de leurs compatriotes envisagent d’émigrer dans les 3 ans d’après une étude de la Fondation Ichikowitz Family. Au Nigeria, ce rêve d’ailleurs s’est même trouvé un mot d’argot : « japa », pour « prendre la fuite ».
« Il y a le syndrome ‘japa’ dont tout le monde parle mais moi, je suis un patriote. Je veux faire tout ce que je peux pour aider mon pays »
— Covenant Oluwafemi, étudiant en médecine de 21 ans
Défis multiples des étudiants africains
Rester n’est pas un long fleuve tranquille. La Sénégalaise Sokhna se dit « révoltée » de voir tant de jeunes risquer leur vie sur les routes migratoires. Dans son université, elle décrit des amphis bondés et des années écourtées pour cause de « remous politiques ».
Depuis son labo de bactériologie plongé dans la pénombre, Marie Elodie souligne la difficulté d’étudier avec les coupures d’électricité fréquentes. Le visage à peine éclairé par la flamme vacillante d’un bec Bunsen, la jeune Ivoirienne de 25 ans reste malgré tout déterminée.
Une jeunesse engagée pour transformer l’Afrique
Loin de se résigner, ces étudiants ont soif de s’engager pour améliorer les choses. À 21 ans, Palesa sensibilise à l’écologie avec son église à Johannesburg. En fin de journée, on retrouve Sokhna en train de nettoyer un cimetière de son quartier avec une association locale.
« Nous aspirons avec la jeunesse consciente à avoir une place dans les institutions. »
— Sokhna Ndéye Merry Sall, étudiante en biologie de 21 ans à Dakar
Tous s’accordent sur le fait que la voix de leur génération n’est pas suffisamment prise en compte. Palesa espère voir bientôt « plus de jeunes au Parlement ou parmi les dirigeants ». Un enjeu crucial quand on sait que 70% de la population subsaharienne a moins de 30 ans selon l’ONU.
Un vent de changement porté par la jeunesse
La pression démographique de cette jeunesse se fait sentir dans les urnes. En 2024, elle a contribué à faire vaciller le pouvoir au Kenya, joué un rôle clé dans l’alternance au Sénégal et semble de moins en moins séduite par les vieux partis sud-africains post-apartheid comme l’ANC.
« Les jeunes au Kenya s’unissent au-delà de toutes les fractures politiques et ethniques (…) Ils sont maintenant conscients politiquement. »
— Geoffrey Mboya, 24 ans, étudiant en sciences sociales et aspirant député
Pour Covenant, futur médecin nigérian, la Gen Z africaine est « une génération audacieuse qui croit pouvoir conquérir le monde ». Mobilisée, qualifiée, cette relève entend bien peser sur le destin du continent. L’avenir de l’Afrique s’écrira avec elle.