Et si une simple quête d’accès à la mer rallumait une guerre oubliée ? Dans la Corne de l’Afrique, la tension entre l’Éthiopie et l’Érythrée refait surface, ravivant des souvenirs douloureux d’un passé conflictuel. Le Premier ministre éthiopien a beau clamer son désir de paix, les bruits de bottes et les accusations fusent, laissant planer une question : la région est-elle au bord du précipice ?
Une Région Sous Haute Tension
La Corne de l’Afrique n’est pas étrangère aux soubresauts. Entre l’Éthiopie, pays enclavé aux ambitions maritimes, et l’Érythrée, jalouse de sa souveraineté, les relations oscillent depuis des décennies entre guerre ouverte et paix fragile. Aujourd’hui, les regards se tournent vers ces deux voisins, dont l’histoire récente est marquée par un conflit sanglant et des espoirs déçus.
Un passé lourd à porter
L’indépendance de l’Érythrée en 1993, après des années de lutte contre l’Éthiopie, a laissé des cicatrices profondes. À peine cinq ans plus tard, entre 1998 et 2000, une guerre frontalière éclatait, coûtant la vie à des dizaines de milliers de personnes. Les différends territoriaux, jamais pleinement résolus, continuent de hanter les relations bilatérales.
La paix est un rêve fragile dans une région où les blessures du passé restent vives.
– D’après une source proche des négociations
En 2018, un vent d’optimisme avait soufflé avec la signature d’un accord de paix entre les deux nations. Ce pacte, salué par la communauté internationale, avait même valu une distinction prestigieuse au dirigeant éthiopien. Mais ce répit semble aujourd’hui bien loin.
L’accès à la mer : une obsession éthiopienne
L’Éthiopie, avec ses 120 millions d’habitants, est l’un des rares pays africains sans littoral. Cette situation, qualifiée d’enclavement géographique, pèse lourd sur son économie et son développement. Depuis des années, le gouvernement rêve d’un accès direct à la mer Rouge, une ambition qui passe inévitablement par son voisin érythréen.
Jeudi dernier, lors d’une session parlementaire, le chef du gouvernement a tenté de rassurer : pas d’invasion en vue. Pourtant, ses déclarations sur une « solution amiable » peinent à convaincre, surtout quand l’Érythrée accuse son voisin de lorgner sur le port stratégique d’Assab.
- Port d’Assab : Une porte vers la mer Rouge, convoitée mais inaccessible.
- Alternative Somaliland : Un accord signé en 2024 avec cette région séparatiste somalienne, au grand dam de Mogadiscio.
- Réaction érythréenne : Une dénonciation ferme des ambitions éthiopiennes.
Une alliance éphémère au Tigré
Entre 2020 et 2022, les deux pays avaient uni leurs forces contre des rebelles dans la région éthiopienne du Tigré. L’armée érythréenne, réputée pour sa discipline de fer, avait prêté main-forte à Addis-Abeba. Mais cette coopération, loin de sceller une amitié durable, a vite cédé la place à une méfiance mutuelle.
Depuis, les relations se sont tendues. L’Érythrée voit d’un mauvais œil les appétits maritimes de son voisin, tandis que l’Éthiopie reproche à Asmara son intransigeance. Un jeu dangereux où chaque camp semble attendre un faux pas de l’autre.
Mobilisation et rumeurs de guerre
Les signaux d’alerte se multiplient. Une ONG a récemment rapporté une mobilisation militaire massive en Érythrée, ordonnant à tous les citoyens de moins de 60 ans de se tenir prêts. Bien que cette information reste invérifiable, elle alimente les spéculations sur une guerre imminente.
Du côté éthiopien, une source sécuritaire anonyme a évoqué des convois d’armes acheminés vers la région frontalière d’Afar. Simple mesure de précaution ou préparatif belliqueux ? Difficile à dire, mais le climat n’a jamais semblé aussi électrique.
Fait marquant : L’Érythrée a appelé la communauté internationale à intervenir pour préserver sa souveraineté.
La Somaliland : une solution ou un nouveau problème ?
Face au refus érythréen, l’Éthiopie a cherché d’autres options. En janvier 2024, un protocole d’accord avec le Somaliland, une région autoproclamée indépendante de la Somalie, a été signé. Cet accord, censé garantir un accès maritime, a provoqué une crise diplomatique avec Mogadiscio, avant qu’un apaisement ne soit trouvé.
Mais cette initiative a aussi irrité l’Érythrée, qui y voit une menace supplémentaire. La région, déjà instable, se retrouve ainsi tiraillée entre des intérêts concurrents, chacun défendant farouchement son bout de terrain.
Pays/Région | Position | Enjeu |
Éthiopie | Recherche un accès à la mer | Développement économique |
Érythrée | Défend sa souveraineté | Port d’Assab |
Somaliland | Propose une alternative | Reconnaissance internationale |
Vers une escalade ou un apaisement ?
Difficile de prédire l’avenir dans une région aussi volatile. D’un côté, l’Éthiopie multiplie les gages de bonne foi, affirmant vouloir éviter un conflit. De l’autre, l’Érythrée hausse le ton, dénonçant des « accusations infondées » et appelant à l’aide internationale.
Pourtant, les deux pays ont tout à perdre dans une nouvelle guerre. L’économie éthiopienne, déjà fragile, et le régime érythréen, isolé sur la scène mondiale, pourraient ne pas s’en relever. Alors, bluff ou réelle menace ? La réponse se trouve peut-être dans les prochains mois.
Pourquoi ça nous concerne tous
Ce conflit ne se limite pas à une querelle de voisinage. La Corne de l’Afrique est une zone stratégique, carrefour commercial et point névralgique pour la sécurité régionale. Une escalade pourrait déstabiliser davantage une région déjà marquée par les crises humanitaires et les tensions géopolitiques.
Les regards sont tournés vers la communauté internationale, appelée à jouer les médiateurs. Mais dans un monde où les priorités divergent, qui prendra vraiment les choses en main ? La paix, fragile comme un château de cartes, tient à un fil.
Et maintenant ?
La situation reste floue, entre déclarations rassurantes et signaux inquiétants. Une chose est sûre : la Corne de l’Afrique retient son souffle. Chaque mouvement, chaque parole compte dans ce bras de fer où l’histoire semble se répéter.
Alors, paix durable ou nouveau conflit ? L’avenir dira si ces deux nations sauront dépasser leurs différends. En attendant, le monde observe, partagé entre espoir et appréhension.