L’espace pour la société civile et la défense des droits humains ne cesse de se rétrécir en Éthiopie. Human Rights Watch (HRW) a tiré la sonnette d’alarme ce lundi, dénonçant la suspension par les autorités de trois importantes organisations non gouvernementales (ONG) indépendantes œuvrant pour la protection des droits fondamentaux dans le pays.
Trois ONG forcées de cesser leurs activités
Depuis la mi-novembre, le Centre pour l’avancement des droits et de la démocratie (CARD), l’Association pour les droits humains en Éthiopie (AHRE) et les Avocats pour les droits humains (LHR) ont reçu des lettres de suspension de la part de l’Autorité des organisations de la société civile (ACSO), un organisme gouvernemental chargé de superviser les groupes de la société civile. Ces missives les accusent d’être politiquement biaisées et de se livrer à des activités portant atteinte à l’intérêt national, les obligeant ainsi à stopper leurs opérations.
Un espace civique réduit à néant
Pour Laetitia Bader, directrice adjointe de la division Afrique de HRW, cette suspension marque une nouvelle attaque des autorités éthiopiennes visant à réduire à néant tout espace permettant aux groupes indépendants de défense des droits de fonctionner dans le pays. Elle souligne qu’avec cette décision, l’Éthiopie demeure l’un des endroits les plus inhospitaliers pour critiquer les actions du gouvernement et promouvoir le respect des droits humains.
Les autorités éthiopiennes devraient immédiatement annuler la suspension de ces trois organisations.
Human Rights Watch
Une décision liée à des critiques sur une loi
Selon les informations recueillies par HRW, les ONG concernées auraient reçu les avis de suspension quelques jours seulement après avoir cosigné une lettre publique critiquant des amendements proposés à une loi gouvernementale sur les médias. Le CARD a d’ailleurs réfuté toute implication dans des activités politiques, affirmant que leur organisation est résolument neutre dans son approche et sa pratique.
Une répression dans un contexte de conflits
Cette attaque contre la société civile intervient alors que l’Éthiopie, pays d’environ 120 millions d’habitants de la Corne de l’Afrique, est confrontée à de multiples conflits armés, notamment dans les régions les plus peuplées de l’Amhara et de l’Oromia. Les forces fédérales ainsi que les milices y ont été accusées de violations des droits humains. Dans ce contexte d’escalade, marqué également par des détentions arbitraires massives et des expulsions forcées, le rôle de la société civile et des médias apparaît plus crucial que jamais selon Amnesty International.
Un appel à l’action de la communauté internationale
Face à cette situation préoccupante, les organisations de défense des droits humains appellent la communauté internationale à agir de manière décisive pour faire pression sur les autorités éthiopiennes. Il est urgent de permettre aux acteurs de la société civile et aux journalistes de travailler librement, sans crainte de représailles, afin de promouvoir le respect des droits et des libertés fondamentales dans un pays en proie à de profondes tensions.
La suspension de ces trois ONG indépendantes constitue un signal alarmant quant à la détérioration de l’espace civique en Éthiopie. Dans un contexte déjà marqué par de graves violations des droits humains, il est impératif que le gouvernement revienne sur cette décision et garantisse un environnement favorable à l’action de la société civile. La communauté internationale a également un rôle clé à jouer pour rappeler à l’Éthiopie ses obligations en matière de protection des libertés fondamentales et l’encourager à ouvrir le dialogue avec les défenseurs des droits humains plutôt que de les réprimer.