Au cœur de l’effervescence du monde des cryptomonnaies, un nom revient avec insistance : Ethereum. Cette plateforme blockchain, qui permet le développement d’applications décentralisées et de smart contracts, semble avoir tapé dans l’œil des géants de la finance traditionnelle. Une adoption qui pourrait bien changer la donne et propulser Ethereum vers de nouveaux sommets.
Etherealize, le pont entre Wall Street et Ethereum
Pour comprendre cette tendance, nous avons rencontré Vivek Raman, fondateur d’Etherealize. Cet ex-banquier, qui a passé une décennie à arpenter les plus grandes institutions financières, s’est donné pour mission de démocratiser Ethereum auprès des acteurs clés de Wall Street. Son entreprise se positionne comme un facilitateur, un traducteur entre deux mondes qui peinent encore parfois à se comprendre.
Un parcours atypique, de Wall Street à la crypto
Vivek Raman n’était pourtant pas prédestiné à devenir un ambassadeur d’Ethereum. Pendant 10 ans, il a été un rouage essentiel de la machine financière, négociant des produits complexes et « exotiques ». Une expérience qui lui a permis de se constituer un solide réseau, mais qui a aussi fait naître en lui une certaine frustration face à l’immobilisme technologique de son secteur.
Quand vous voyez le film Wall Street et que tout se négocie encore par téléphone, vous pensez que le système a évolué depuis. Mais non, ça fonctionne toujours comme ça.
Vivek Raman, fondateur d’Etherealize
C’est presque par hasard que Vivek Raman a découvert Ethereum, au détour d’une rencontre avec des développeurs du protocole à Austin, au Texas. Une révélation pour ce financier en quête de sens, qui a vu dans cette technologie la réponse aux maux qui gangrènent Wall Street.
Etherealize, un acteur à trois facettes
Fort de ce constat, Vivek Raman a fondé Etherealize en janvier dernier. Son entreprise se déploie sur trois fronts complémentaires :
- La promotion de l’Ether (ETH) comme un actif à part entière, un diversificateur de portefeuille, à travers de la recherche et du contenu à destination des institutionnels.
- La formation sur les possibilités offertes par Ethereum en tant que plateforme : tokenisation d’actifs, création d’écosystèmes de niveau 2…
- Le développement de solutions pour faciliter les transactions sur la blockchain Ethereum, à destination spécifiquement des acteurs de Wall Street.
Une approche globale qui vise à créer des passerelles entre la finance traditionnelle et décentralisée, en s’appuyant sur la crédibilité et le carnet d’adresses de son fondateur.
Ethereum en quête de porte-parole
L’arrivée d’Etherealize tombe à point nommé pour un écosystème Ethereum en plein questionnement. Critiqué pour son manque de réactivité face à la concurrence, miné par des querelles internes sur la gouvernance, le protocole a plus que jamais besoin d’ambassadeurs capables de porter sa voix dans les hautes sphères de la finance.
Vivek Raman se défend cependant d’être un « sauveur » parachuté. Il insiste sur la répartition des rôles entre Etherealize et la Fondation Ethereum, en charge du développement du protocole :
Vitalik [Buterin] et son équipe doivent se concentrer sur la recherche et la vision à long terme. C’est aux acteurs comme nous de faire le lien avec les cas d’usage concrets, les applications.
Vivek Raman
L’avenir est au niveau 2
Et justement, ces applications, Vivek Raman les voit se développer en priorité sur les solutions de niveau 2. Ces « surcouches » à la blockchain Ethereum, qui permettent d’améliorer sa scalabilité et de réduire les coûts de transaction, ont le vent en poupe auprès des institutions.
Plusieurs grands noms de la finance, comme Deutsche Bank ou UBS, ont d’ores et déjà annoncé des projets de ce type. Une tendance qui ne surprend pas notre interlocuteur :
Les solutions de niveau 2 permettent aux institutions de conserver un certain contrôle, de customiser l’expérience en fonction de leurs besoins réglementaires et de leurs clients. C’est un argument majeur.
Vivek Raman
Mais alors, qu’est-ce qui retient encore Wall Street de se jeter à corps perdu dans l’aventure Ethereum ? Selon Vivek Raman, il ne s’agit pas tant d’un problème réglementaire que d’un manque d’incitations économiques. Du moins, jusqu’à présent.
Avec le changement de régulations et le développement des technologies comme le niveau 2, les institutions voient maintenant où est leur intérêt. Elles peuvent gagner de l’argent en tokenisant des actifs, en lançant leurs propres applications décentralisées. L’équation a changé.
Vivek Raman
Une analyse qui fait écho à l’actualité récente, marquée par les déclarations d’intention de nombreux grands noms de la finance vis-à-vis d’Ethereum. Une tendance qui ne fait que commencer, et qu’Etherealize entend bien accompagner et amplifier, en jouant son rôle de « traducteur » entre deux mondes appelés à se rapprocher de plus en plus.
L’avenir dira si cette stratégie portera ses fruits et permettra à Ethereum de s’imposer définitivement comme la blockchain de référence pour les institutions financières. Une chose est sûre : avec des profils comme Vivek Raman pour porter son message, le protocole a de solides atouts dans sa manche pour séduire Wall Street et, qui sait, impulser une véritable révolution dans le monde de la finance.