Imaginez un géant de la cryptomonnaie qui, après avoir frôlé les sommets historiques, se retrouve coincé dans une spirale descendante inquiétante. Ethereum, la deuxième plus grande blockchain au monde, traverse actuellement une phase délicate. Son prix oscille sous la barre symbolique des 3000 dollars, et plusieurs indicateurs fondamentaux comme techniques pointent vers un risque accru de correction plus profonde.
Les signaux d’alarme s’accumulent pour Ethereum
Depuis plusieurs mois, l’éther ne parvient plus à retrouver son éclat. Parti d’un pic à près de 5000 dollars au cœur de l’été, il évolue désormais autour des 2940 dollars. Cette stagnation cache en réalité une dynamique baissière persistante, alimentée par des facteurs à la fois on-chain et macroéconomiques.
Une chute brutale des frais de transaction
L’un des indicateurs les plus révélateurs de la santé d’une blockchain reste les frais générés par les transactions. Pour Ethereum, ces revenus ont littéralement plongé ces dernières semaines. Sur les trente derniers jours, ils ont chuté de plus de 57 %, passant à peine la barre des 11 millions de dollars.
Cette baisse s’explique en partie par la mise à jour Fusaka, qui a optimisé certains aspects techniques, mais aussi par une activité globale en net ralentissement. Moins d’utilisateurs quotidiens, moins de smart contracts exécutés, moins de volume sur les applications décentralisées : tous ces éléments contribuent à réduire la pression sur le réseau.
Quand les frais diminuent aussi drastiquement, cela signifie que la demande pour l’espace bloc est faible. Historiquement, de tels épisodes ont souvent précédé des phases de consolidation prolongée, voire de correction plus marquée du prix de l’ETH.
Les ETF Ethereum déçoivent les investisseurs
L’arrivée des ETF spot Ethereum aux États-Unis avait suscité d’immenses espoirs. Beaucoup anticipaient un afflux massif de capitaux institutionnels, similaire à ce qu’a connu Bitcoin. La réalité s’est révélée bien plus nuancée.
Après une période initiale encourageante, les flux ont commencé à ralentir, puis à s’inverser. Les données récentes montrent des sorties nettes conséquentes : plusieurs centaines de millions de dollars évaporés en quelques semaines seulement. Décembre marque même le deuxième mois consécutif de décollecte.
Ces mouvements traduisent une certaine déception. Les investisseurs institutionnels semblent préférer rester en marge ou réallouer leurs fonds vers d’autres actifs. Ce manque d’appétit limite mécaniquement la pression haussière sur le prix spot.
Les ETF étaient censés être le catalyseur majeur pour Ethereum en 2025. Au lieu de cela, ils deviennent un poids supplémentaire dans un contexte déjà fragile.
Le volume DeFi en berne depuis quatre mois
Ethereum reste la plateforme dominante pour la finance décentralisée. Pourtant, même ce secteur phare montre des signes d’essoufflement. Le volume total sur les exchanges décentralisés a reculé pour le quatrième mois consécutif.
En décembre, il s’établit autour de 44 milliards de dollars, loin des 126 milliards enregistrés au pic d’août. Ce niveau représente le plus bas depuis octobre de l’année précédente. Moins de liquidité, moins de trading, moins d’arbitrage : l’écosystème entier tourne au ralenti.
Certains y voient les effets résiduels d’un marché globalement plus prudent. D’autres pointent la concurrence accrue de blockchains alternatives, plus rapides et moins coûteuses. Quoi qu’il en soit, cette tendance pèse lourdement sur la valorisation native du réseau.
L’analyse technique confirme le scénario bearish
Au-delà des fondamentaux, le graphique quotidien d’Ethereum délivre un message clair. Plusieurs patterns classiques baissiers se sont formés simultanément, renforçant la probabilité d’une poursuite de la correction.
Tout d’abord, le death cross : la moyenne mobile 50 jours a croisé à la baisse la moyenne mobile 200 jours il y a plusieurs semaines. Ce signal, souvent considéré comme un indicateur de tendance longue durée, reste valide tant que le prix évolue en dessous de ces niveaux.
Ensuite, une figure d’épaules-tête-épaules semble se dessiner. La ligne de cou correspond approximativement au support des 2600-2700 dollars. Une cassure confirmée de cette zone ouvrirait la voie à une accélération baissière.
Enfin, un fanion baissier (bearish pennant) s’est formé après la forte chute automnale. Ce pattern de continuation suggère que la pression vendeuse n’est pas épuisée et qu’une nouvelle jambe de baisse pourrait intervenir rapidement.
L’indicateur Supertrend reste également en mode baissier, confirmant que la tendance dominante demeure négative. Tous ces éléments convergent vers un même scénario.
Objectif technique principal : 2615 dollars (plus bas de novembre).
Objectif secondaire : 2500 dollars (niveau psychologique majeur).
Des éléments positifs existent-ils encore ?
Dans ce tableau plutôt sombre, quelques lueurs subsistent néanmoins. Certaines entreprises spécialisées dans le mining choisissent désormais de staker massivement leurs réserves d’Ethereum. Ces apports nouveaux en staking pourraient partiellement compenser les sorties observées ailleurs.
Le mécanisme de proof-of-stake continue d’attirer des validateurs, renforçant la sécurité du réseau à long terme. De plus, les développements techniques ne s’arrêtent pas : les équipes travaillent sur des améliorations futures qui pourraient relancer l’intérêt.
Cependant, ces facteurs positifs semblent pour l’instant insuffisants pour inverser la tendance immédiate. Le marché reste dominé par la prudence et l’attentisme.
Comparaison avec les cycles précédents
Pour mettre en perspective la situation actuelle, il est intéressant de regarder les cycles passés. Ethereum a déjà connu des phases prolongées de consolidation après des bull runs intenses. En 2018-2019, le prix avait stagné puis corrigé fortement avant de repartir.
La différence aujourd’hui réside dans la maturité accrue de l’écosystème : présence d’ETF, adoption institutionnelle naissante, concurrence plus rude. Ces nouveaux paramètres pourraient prolonger la phase de digestion actuelle.
Les analystes les plus pessimistes évoquent même un retour vers les zones des 2000 dollars si le support des 2600 cède. Les plus optimistes misent sur un rebond technique dès que les indicateurs de survente deviendront extrêmes.
Quelles perspectives pour le début 2026 ?
Le début d’année approche et, traditionnellement, janvier réserve parfois des surprises dans le monde crypto. Mais avec les signaux actuels, la prudence reste de mise pour les détenteurs d’Ethereum.
Une amélioration sensible des métriques on-chain (frais, volume DeFi, flux ETF) serait nécessaire pour envisager un retournement durable. En l’absence de catalyseur majeur, le scénario baissier technique garde la priorité.
Les investisseurs devront surveiller particulièrement la tenue du support à 2615 dollars dans les prochaines semaines. Une défense réussie pourrait offrir un rebond temporaire. Une rupture nette, en revanche, validerait les patterns bearish et ouvrirait la porte à une correction plus profonde.
En résumé, Ethereum traverse une zone de turbulences significative. Les indicateurs fondamentaux comme techniques convergent vers un risque baissier accru à court et moyen terme. Si l’histoire des cryptomonnaies nous enseigne une chose, c’est que les phases difficiles précèdent souvent les grands rebonds. Mais pour l’instant, la vigilance reste le maître-mot.
(Note : cet article reflète l’analyse au 28 décembre 2025. Le marché des cryptomonnaies évolue rapidement et les situations peuvent changer brusquement.)









