Une nouvelle bataille commerciale et géopolitique se profile à l’horizon entre les États-Unis, la Chine et la Russie. Washington a lancé jeudi dernier une consultation publique qui pourrait aboutir à l’interdiction pure et simple de la vente de drones civils ou de composants provenant de ces deux pays, invoquant des risques importants pour la sécurité nationale américaine.
Consultation publique jusqu’au 4 mars
Le gouvernement américain a donc décidé de solliciter l’avis du public et des différents acteurs jusqu’au 4 mars prochain. L’objectif affiché est de durcir les règles sur les approvisionnements en drones pour éviter que des appareils ou pièces détachées issues « d’adversaires étrangers », en particulier la Chine et la Russie selon le texte, ne se retrouvent sur le sol américain.
Pour le département du Commerce, qui pilote cette consultation, ces drones venants de pays rivaux « peuvent donner à nos adversaires la possibilité de les contrôler à distance et les utiliser, avec un risque pour des données sensibles américaines ».
Sécuriser la chaîne d’approvisionnement
La secrétaire au Commerce sortante, Gina Raimondo, a insisté sur l’importance de cet enjeu :
La sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en drones est essentielle au maintien de notre sécurité nationale. Cette enquête est un pas important dans la protection des Etats-Unis face aux risques que représentent des entités étrangères.
Cette annonce intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de la présence de drones non identifiés dans le ciel américain ces derniers mois. De nombreux signalements d’appareils volants suspects ont été rapportés par des habitants des régions de New York ou du New Jersey fin 2024, suscitant l’inquiétude. Certains élus républicains ont même évoqué de possibles menaces provenant de puissances étrangères, sans apporter de preuves tangibles pour le moment.
Plus d’un million de drones en circulation aux USA
Selon les estimations officielles, plus d’un million de drones volent actuellement de façon légale dans le ciel américain, que ce soit pour le loisir, des activités commerciales ou des missions de sécurité. Le principal fabricant mondial, le chinois DJI, est particulièrement visé par Washington.
Le gouvernement américain reproche en effet à DJI d’avoir fourni des drones pour la surveillance des minorités ethniques en Chine, notamment les Ouïghours, ainsi que pour la guerre en Ukraine où ses appareils sont utilisés par les deux camps. Depuis 2022, l’entreprise figure sur une liste noire qui restreint drastiquement son accès aux technologies américaines.
Une nouvelle étape dans la guerre technologique
Cette potentielle interdiction des drones chinois sur le marché américain s’inscrit dans une tendance plus large de découplage technologique entre les deux superpuissances. Les États-Unis ont déjà imposé des restrictions sur les exportations d’équipements de pointe pour la production de semi-conducteurs vers la Chine, ainsi que sur la vente de véhicules électriques intégrant des composants chinois sur le territoire national.
Si elle est confirmée, cette exclusion des drones civils chinois et russes constituera une étape supplémentaire dans la volonté de Washington de réduire sa dépendance technologique envers ces pays considérés comme des rivaux stratégiques. Reste à savoir quelles seront les réactions de Pékin et Moscou face à ce nouveau front dans la bataille pour la suprématie technologique mondiale.
