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États-Unis : l’IVG, enjeu majeur des élections présidentielles

États-Unis : à l'approche des élections présidentielles, l'IVG est au cœur des débats. Entre états pro et anti-avortement, cliniques sous pression et femmes obligées de voyager pour avorter, plongée dans une Amérique divisée sur la question. Qui de Trump ou Harris saura convaincre sur ce sujet crucial ?

Aux États-Unis, à quelques semaines d’une élection présidentielle qui s’annonce serrée, la question de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est plus que jamais clivante. Alors que les partisans de Donald Trump et de Kamala Harris s’affrontent sur de nombreux sujets, celui du droit à l’avortement cristallise les tensions. Notre équipe s’est rendue à la frontière entre deux États aux législations radicalement opposées pour constater l’impact de ce débat sur le terrain.

Le Nouveau-Mexique, havre fragile pour le droit à l’IVG

Dans cet État du sud-ouest, l’IVG reste un droit protégé. Mais les militant anti-avortement ne désarment pas et font quotidiennement le siège des cliniques pratiquant l’interruption de grossesse, comme nous avons pu le constater à Albuquerque.

« C’est parce que le sort de ces mamans nous importe que l’on est ici, même sous la pluie », nous lance Tara Shaver, une militante anti-IVG, mégaphone à la main devant l’entrée d’un établissement. « Tuer un enfant à naître n’est jamais une solution », martèle-t-elle, tentant d’interpeller patientes et personnel.

À l’intérieur, l’ambiance est tendue, comme en témoigne Rose Johnson, membre de l’équipe médicale. « Ils sont toujours là, en train d’essayer de rallier des gens à leur cause. Dès que nos patients arrivent, on doit faire une sorte de rééducation et leur faire comprendre qu’ici, on prend soin de leur santé, que c’est légal, que ça fait partie de leurs droits. »

Quand le Texas veut empêcher ses ressortissantes d’avorter ailleurs

De l’autre côté de la frontière, au Texas, l’IVG est totalement prohibée depuis la conception. Un problème, estime le pasteur texan Mark Lee Dixon, car « rien n’empêche celles qui le souhaitent d’aller se faire avorter là où c’est permis ». Son projet : faire poursuivre en justice celles et ceux qui franchissent la frontière pour se rendre dans les cliniques du Nouveau-Mexique, du Colorado ou du Kansas.

Une idée jugée inapplicable par Lindsay London, d’une association pro-choix, car elle contreviendrait à la liberté constitutionnelle de circuler. « L’avortement est déjà totalement hors-la-loi ici, mais ce que ce décret propose en plus, c’est de nous empêcher carrément de sortir de notre état », dénonce-t-elle.

Sur la route entre Amarillo (Texas) et Albuquerque, que certaines surnomment désormais « la route de l’avortement », nous avons pu échanger avec des femmes ayant fait le trajet en secret pour avorter, comme cette jeune femme qui a requis l’anonymat :

« Ce décret, c’est n’importe quoi. Une tactique pour effrayer les gens. Je ne pense pas qu’il soit possible d’empêcher qui que ce soit de se déplacer. Dans mon cas, ça m’a sauvé la vie. La décision a été difficile à prendre, mais une fois le chemin accompli, j’ai été en paix avec moi-même »

L’IVG, au cœur d’une campagne présidentielle sous haute tension

Ce sujet ultra-clivant constituera indéniablement un enjeu majeur du scrutin du 5 novembre prochain. Si le président sortant, Donald Trump, a fait de la lutte contre l’avortement l’une de ses priorités, son adversaire démocrate Kamala Harris a promis de tout faire pour protéger ce droit au niveau fédéral.

D’après une source proche de son équipe de campagne, « Il est temps de sortir la question de l’IVG des mains des États. On ne peut pas avoir un pays où les droits des femmes dépendent de leur code postal. L’accès à l’IVG devrait être garanti partout. » Un argument rejeté par le camp Trump, qui estime que ce sujet relève des prérogatives de chaque État.

À quelques semaines du vote, difficile de prédire qui sortira vainqueur de ce bras de fer sociétal et politique. Une chose est sûre : dans une Amérique plus polarisée que jamais, l’issue de ce débat passionnel sera scrutée bien au-delà des frontières du pays.

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