Washington vient de donner son feu vert à une vente d’équipement militaire XXL à l’Égypte. Au programme : des chars M1A1 Abrams, des missiles air-sol Hellfire et des munitions à guidage de précision, pour un montant total dépassant les 5 milliards de dollars. Une transaction massive qui soulève des questions sur le respect des droits humains dans le pays des pharaons.
Un partenariat stratégique malgré la répression
D’après une source proche du dossier, cette vente d’armes « soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en aidant à améliorer la sécurité d’un allié non membre de l’OTAN qui continue d’être un partenaire stratégique important au Moyen-Orient ». Un argument géopolitique de poids, alors que l’Égypte joue un rôle clé de médiateur dans la guerre à Gaza.
Pourtant, en arrivant à la Maison Blanche en 2021, le président Joe Biden avait affiché sa volonté d’adopter un ton plus ferme vis-à-vis du régime d’Abdel Fattah al-Sissi sur la question épineuse du respect des droits humains. Mais force est de constater que les ventes d’armes américaines à l’Égypte n’ont jamais cessé.
Des centaines de prisonniers politiques ont été graciés ces deux dernières années en Égypte, sur fond de critiques internationales, mais des ONG estiment qu’au moins trois fois plus ont dans le même temps été arrêtés.
L’Égypte, premier client de l’industrie militaire US
Il faut dire que le Caire est l’un des plus gros acquéreurs de technologie militaire américaine depuis la signature des accords de Camp David en 1979. Un partenariat stratégique que Washington ne semble pas prêt à remettre en cause, malgré les dérives autoritaires du régime égyptien.
Dans le détail, le département d’État américain a donc approuvé la vente :
- De chars M1A1 Abrams pour 4,69 milliards de dollars
- De missiles air-sol Hellfire pour 630 millions de dollars
- De munitions à guidage de précision pour 30 millions de dollars
Une coopération renforcée sur le dossier gazaoui
Au-delà des enjeux financiers colossaux, cette vente d’armes intervient alors que l’Égypte et les États-Unis travaillent main dans la main depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023 pour parvenir à un cessez-le-feu durable. Le Caire, qui partage une frontière avec l’enclave palestinienne, joue en effet un rôle traditionnel de médiateur dans ce conflit.
Une mission diplomatique délicate qui nécessite visiblement d’importants moyens militaires, si l’on en croit l’ampleur de ce nouveau contrat d’armement. Reste à savoir si ces équipements dernier cri permettront réellement de faire avancer la paix dans la région.
Washington muscle aussi ses alliés en Asie et en Europe
L’Égypte n’est pas la seule à bénéficier de la générosité militaire américaine ces derniers jours. Taïwan s’est ainsi vu accorder une vente d’équipement militaire à hauteur de 295 millions de dollars, alors que l’île subit une pression accrue de la Chine.
De son côté, le Maroc va pouvoir acquérir pour 170 millions de dollars de bombes et de missiles made in USA. Enfin, la Grèce va recevoir des drones et des véhicules blindés américains pour un montant de 130 millions de dollars.
Des transferts d’armements massifs qui illustrent la volonté de Washington de consolider ses alliances stratégiques aux quatre coins du globe, quitte à fermer les yeux sur certaines dérives en matière de droits humains. Une realpolitik assumée qui risque cependant d’attiser les critiques, à l’heure où de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le deux poids deux mesures de la diplomatie américaine.