Imaginez un monde où les décisions ne sont pas prises par ceux que vous élisez, mais par une force invisible tapis dans l’ombre. C’est exactement ce que le Premier ministre israélien a tenté d’expliquer aux jeunes dans une vidéo qui a enflammé TikTok récemment. En une minute chrono, il s’est lancé dans une diatribe contre ce qu’il appelle « l’administration permanente », un concept qui résonne bien au-delà des frontières d’Israël et qui intrigue autant qu’il divise. Mais qu’est-ce que cet État profond dont tout le monde parle, et pourquoi cette sortie fait-elle autant de vagues ?
Quand le Premier Ministre Devient Influenceur
Dans une vidéo qui a rapidement fait le buzz, le chef du gouvernement israélien a choisi un ton direct et un décor inattendu : les couloirs animés du Parlement. Filmé en marchant, il s’adresse aux « jeunes » avec une aisance qui rappelle les créateurs de contenu plutôt qu’un homme d’État. L’objectif ? Démystifier une idée complexe et la rendre virale auprès d’une génération accro aux réseaux sociaux.
Selon lui, cette administration mystérieuse serait une entité quasi immuable, ancrée dans les rouages du pouvoir, qui s’oppose aux choix des électeurs. Une accusation qui n’est pas sans rappeler les discours d’un ancien président américain, connu pour avoir popularisé cette expression il y a quelques années. Mais ce qui surprend, c’est le choix de la plateforme : pourquoi TikTok, et pourquoi maintenant ?
Un Concept Importé d’Outre-Atlantique
L’État profond n’est pas une invention locale. Popularisé aux États-Unis entre 2017 et 2021, ce terme désigne une supposée coalition de fonctionnaires non élus qui tireraient les ficelles en coulisses, contournant la volonté populaire. En Israël, le Premier ministre l’adapte à son contexte, pointant du doigt une bureaucratie qu’il juge trop puissante et orientée idéologiquement.
Ils veulent que nous soyons des plantes, mais nous ne les laisserons pas faire.
– Le Premier ministre dans sa vidéo
Cette phrase, prononcée en hébreu avec conviction, résume son message : le gouvernement qu’il dirige refuse de se plier à une élite autoproclamée. Mais derrière cette rhétorique, se cache une réalité plus complexe, mêlant luttes de pouvoir et réformes controversées.
Une Administration « Toujours à Gauche » ?
Dans son discours, il n’hésite pas à politiser son attaque. Cette administration, selon lui, « penche toujours à gauche », une affirmation audacieuse venant du dirigeant d’un gouvernement considéré comme l’un des plus conservateurs de l’histoire du pays. Il mime même ces bureaucrates invisibles, ironisant sur leur prétendue arrogance : « Peu importe qui vous élisez, c’est nous qui décidons. »
Mais cette accusation soulève des questions. Est-ce une réalité tangible ou une stratégie pour rallier ses partisans ? D’après une source proche du dossier, cette sortie intervient dans un climat tendu, marqué par des réformes judiciaires qui ont secoué le pays il y a deux ans.
La Réforme Judiciaire au Cœur du Débat
Le Premier ministre ne parle pas dans le vide. Sa vidéo fait écho à un projet qui a divisé la nation en 2023 : une réforme visant à limiter les pouvoirs de la Cour suprême. Ce plan, perçu par beaucoup comme une tentative de concentrer le pouvoir entre les mains de l’exécutif, a déclenché des manifestations monstres dans les rues.
- Réduire l’influence des juges sur les lois votées par le Parlement.
- Donner plus de contrôle au gouvernement sur les nominations judiciaires.
- Provoquer un tollé parmi les défenseurs de la démocratie.
Pour lui, cette réforme est une réponse directe à cet État profond qui bloquerait ses initiatives. Mais pour ses détracteurs, c’est une attaque contre les contre-pouvoirs essentiels à toute démocratie.
Des Têtes Qui Tombent
Le Premier ministre ne s’arrête pas aux idées. Il cible aussi des figures précises. Parmi elles, le patron des services de sécurité intérieure, qu’il a décidé de limoger, et la conseillère juridique du gouvernement, menacée de destitution. Ces décisions, selon lui, illustrent la résistance de cette administration à son autorité.
Mais ces limogeages soulèvent une question cruciale : où s’arrête la lutte contre un supposé complot et où commence une chasse aux sorcières ? Les observateurs restent partagés, certains y voyant une simple consolidation de pouvoir.
TikTok : Une Arme à Double Tranchant
En choisissant TikTok, le Premier ministre joue un coup de maître médiatique. La plateforme, prisée des moins de 30 ans, lui permet de contourner les médias traditionnels et de toucher un public souvent désintéressé par la politique. Pourtant, ce choix n’est pas sans risque : une vidéo postée sur son compte X a été supprimée peu après, signe que le message ne passe pas partout.
Un pari audacieux : Parler aux jeunes là où ils se trouvent, mais à quel prix ?
Ce virage numérique montre une volonté de réinventer l’image d’un dirigeant souvent perçu comme traditionnel. Mais il pourrait aussi exposer ses idées à des critiques plus virulentes sur des plateformes moins contrôlables.
Un Écho International
Ce discours ne résonne pas seulement en Israël. Il s’inscrit dans une mouvance mondiale où des leaders dénoncent des forces cachées au sein de leurs administrations. Des États-Unis à l’Europe, l’idée d’un État profond séduit ceux qui se méfient des élites. Mais elle divise aussi, alimentant théories du complot et débats enflammés.
Pays | Leader | Contexte |
---|---|---|
États-Unis | Ancien président | 2017-2021 |
Israël | Premier ministre | 2025 |
Cette comparaison montre une tendance : l’État profond devient un argument politique universel, mais ses contours restent flous, entre réalité et fiction.
Et Après ?
La vidéo a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais son impact reste à mesurer. Réussira-t-elle à mobiliser les jeunes, ou ne sera-t-elle qu’un coup d’épée dans l’eau ? Une chose est sûre : en s’aventurant sur TikTok, le Premier ministre a ouvert une boîte de Pandore qui pourrait redéfinir la politique israélienne pour les années à venir.
Entre réforme judiciaire, luttes internes et communication moderne, cette sortie illustre un tournant. Reste à savoir si elle marquera un point décisif dans sa bataille contre cet ennemi invisible, ou si elle ne fera qu’attiser les tensions dans un pays déjà fracturé.