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Eswatini Accueille 10 Migrants Expulsés des États-Unis

10 migrants expulsés des États-Unis arrivent en Eswatini et sont détenus. Quels sont les dessous de cet accord controversé ? Lisez pour en savoir plus...

Imaginez-vous contraint de quitter un pays où vous avez cherché refuge, pour être envoyé dans une nation que vous n’avez jamais vue, loin de tout ce que vous connaissez. C’est la réalité pour 10 nouveaux migrants qui viennent d’arriver en Eswatini, un petit royaume d’Afrique australe, dans le cadre d’une politique migratoire controversée menée par les États-Unis. Cette situation soulève des questions brûlantes : comment un pays comme l’Eswatini, souvent critiqué pour ses violations des droits humains, devient-il une destination pour ces expulsés ? Plongeons dans les détails de cette affaire complexe, où politique internationale, droits humains et accords financiers se croisent.

Une Nouvelle Vague d’Expulsions vers l’Eswatini

Lundi 6 octobre 2025, 10 personnes ont atterri en Eswatini, expulsées par les États-Unis dans le cadre d’un programme de transfert vers des pays tiers. Ce n’est pas la première fois que ce petit royaume, enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, accueille des migrants dans ce contexte. En juillet dernier, un premier groupe de cinq personnes avait déjà été envoyé dans ce pays, connu pour être la dernière monarchie absolue d’Afrique. Ces arrivées s’inscrivent dans une stratégie américaine qui, depuis le retour de Donald Trump à la présidence en janvier 2025, intensifie l’envoi de migrants vers des nations souvent éloignées de leurs origines.

Les services pénitentiaires d’Eswatini ont confirmé l’arrivée de ces 10 individus, précisant qu’ils étaient en bonne santé et suivaient les procédures d’admission. Cependant, aucune information sur leur identité ou leur nationalité n’a été divulguée, ce qui alimente les critiques sur l’opacité de ce programme. Une question se pose : pourquoi l’Eswatini, un pays de seulement 1,3 million d’habitants, accepte-t-il de jouer ce rôle ?

Un Accord Controversé avec les États-Unis

Derrière ces transferts se cache un accord financier entre Washington et l’Eswatini. Selon des rapports d’organisations de défense des droits humains, cet accord prévoirait une aide de 5,1 millions de dollars pour renforcer les capacités de gestion des migrations et des frontières de ce petit État. En échange, l’Eswatini s’est engagé à accueillir jusqu’à 160 migrants expulsés. Cette collaboration, bien que présentée comme un effort pour gérer les flux migratoires, soulève des inquiétudes quant à sa transparence et à ses implications éthiques.

Les expulsions vers des pays tiers dans le cadre d’accords opaques violent le droit international et doivent être rejetées.

Human Rights Watch, 23 septembre 2025

Cet accord n’est pas unique. D’autres pays africains, comme le Ghana, le Rwanda et le Soudan du Sud, ont également accepté des migrants expulsés par les États-Unis ces derniers mois. Par exemple, début septembre, le Ghana a accueilli 11 personnes, dont six ont ensuite été renvoyées au Togo, une décision qui a suscité l’indignation des défenseurs des droits humains. Ces transferts en chaîne, souvent effectués sans consultation des individus concernés, mettent en lumière les failles d’un système qui semble privilégier l’efficacité administrative au détriment des droits fondamentaux.

Conditions de Détention : l’Ombre de Matsapha

Les 10 nouveaux arrivants, tout comme le premier groupe de juillet, ont été placés en détention dans une prison de haute sécurité à Matsapha, un établissement tristement célèbre. Cette prison, connue pour sa surpopulation et pour abriter des prisonniers politiques, est devenue un symbole des défis auxquels l’Eswatini fait face en matière de droits humains. Les cinq premiers migrants, originaires de Cuba, de Jamaïque, du Laos, du Vietnam et du Yémen, y avaient été incarcérés dans des conditions dénoncées comme inhumaines par des organisations locales.

Des avocats et des groupes de la société civile ont saisi la justice pour contester la légalité de ces détentions. Ils exigent que le gouvernement rende publics les termes exacts de l’accord avec les États-Unis et clarifie le statut de ces migrants. Pourquoi ces personnes, qui n’ont aucun lien avec l’Eswatini, sont-elles placées en détention plutôt que dans des centres d’accueil ? La réponse reste floue, et le silence des autorités ne fait qu’amplifier les tensions.

Les chiffres clés de l’opération

  • 10 migrants arrivés le 6 octobre 2025.
  • 5,1 millions de dollars d’aide financière promise par les États-Unis.
  • Jusqu’à 160 migrants pourraient être accueillis par l’Eswatini.
  • 5 migrants du premier groupe, dont un rapatrié en Jamaïque.

Un Programme Critiqué au Nom des Droits Humains

Les organisations de défense des droits humains, comme Human Rights Watch, n’ont pas mâché leurs mots. Elles estiment que ces expulsions violent le droit international, notamment le principe de non-refoulement, qui interdit de renvoyer des personnes vers des pays où elles risquent des persécutions. Envoyer des migrants vers des nations sans lien avec leur histoire personnelle, comme l’Eswatini, soulève également des questions sur leur intégration et leur sécurité à long terme.

Dans le cas de l’Eswatini, les critiques pointent du doigt le contexte politique du pays. En tant que monarchie absolue, le royaume est régulièrement épinglé pour ses atteintes aux libertés fondamentales, notamment la répression des opposants politiques. Placer des migrants dans un tel environnement, où même les citoyens locaux peinent à faire valoir leurs droits, est perçu comme une décision irresponsable par de nombreux observateurs.

Le Rôle de l’Eswatini : Opportunité ou Compromis ?

Pourquoi l’Eswatini accepte-t-il de participer à ce programme ? Pour un pays aux ressources limitées, l’aide financière promise par les États-Unis représente une opportunité significative. Les 5,1 millions de dollars pourraient renforcer les infrastructures migratoires et les capacités de surveillance des frontières. Cependant, cette collaboration a un coût : elle expose l’Eswatini à des critiques internationales et à des tensions internes, notamment de la part de la société civile.

Le gouvernement assure qu’il travaille à un rapatriement méthodique des migrants vers leurs pays d’origine, comme en témoigne le cas d’un Jamaïcain renvoyé chez lui en septembre. Mais ce processus reste lent et opaque, laissant les migrants dans une situation de grande incertitude. Combien de temps resteront-ils en détention ? Quelles garanties ont-ils pour leur sécurité et leur avenir ?

Un Phénomène qui Dépasse l’Eswatini

L’Eswatini n’est pas un cas isolé. D’autres pays, comme le Salvador, ont également servi de destinations pour les migrants expulsés par les États-Unis. Cette politique, qui vise à externaliser la gestion des flux migratoires, reflète une tendance mondiale où les pays riches délèguent la responsabilité des migrants à des nations moins développées, souvent en échange d’aides financières. Mais à quel prix ?

Le cas du Ghana illustre bien les dérives possibles. Après avoir accueilli 11 migrants début septembre, le pays en a renvoyé six au Togo, une décision qui a suscité des protestations. Ces transferts en cascade, où les migrants sont ballottés d’un pays à l’autre sans solution durable, mettent en lumière les limites d’une approche purement transactionnelle de la migration.

Pays Nombre de migrants accueillis Critiques
Eswatini 15 (10 en octobre, 5 en juillet) Détention en prison, opacité de l’accord
Ghana 11 (septembre) Expulsions secondaires vers le Togo
Salvador Centaines Conditions de détention inhumaines

Vers une Réforme des Politiques Migratoires ?

Face à ces critiques, la question d’une réforme des politiques migratoires se pose avec acuité. Les défenseurs des droits humains appellent à une approche plus humaine, centrée sur la protection des migrants plutôt que sur leur externalisation. Ils plaident pour des solutions qui respectent le droit international et offrent des perspectives d’intégration ou de retour volontaire dans des conditions dignes.

Pour l’Eswatini, cette situation pourrait être une occasion de repenser son rôle sur la scène internationale. En accueillant ces migrants, le pays se retrouve sous le feu des projecteurs, mais pas forcément pour les bonnes raisons. La pression exercée par la société civile et les organisations internationales pourrait pousser le gouvernement à clarifier ses engagements et à améliorer les conditions de détention.

En attendant, les 10 nouveaux arrivants, comme ceux qui les ont précédés, vivent dans l’incertitude. Leur sort dépend non seulement des décisions de l’Eswatini, mais aussi des dynamiques géopolitiques plus larges qui façonnent les migrations mondiales. Une chose est sûre : cette affaire est loin d’être close, et elle continuera de susciter des débats passionnés sur la justice et l’humanité dans la gestion des migrations.

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