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Esther Senot, 97 ans, témoigne de sa déportation à Auschwitz devant des lycéens

À 97 ans, Esther Senot revient à Auschwitz pour livrer aux jeunes générations son bouleversant témoignage de déportée. Une leçon d'histoire et d'humanité pour ne jamais oublier l'indicible. Son message est un trésor pour les lycéens venus l'écouter...

C’est un témoignage aussi précieux que bouleversant qu’Esther Senot, 97 ans, a livré à une centaine de lycéens lors d’un voyage éducatif à Auschwitz. Cette rescapée de la Shoah n’a rien oublié de son arrivée en enfer en septembre 1943, à seulement 15 ans. « J’étais une gamine », dit-elle sobrement. Pourtant, la vieille dame droite comme un i, debout devant les sinistres châlits du camp d’extermination où furent assassinés plus d’un million de Juifs, a su trouver la force de raconter.

Dans la nuit glaciale, face aux adolescents pétrifiés, les mots terribles d’Esther résonnent : réveil sous les coups à 5h du matin, interminables appels, menace des gardiens « ne vous faites pas d’illusions, vous êtes entrées par la porte, vous sortirez par la cheminée ». Elle évoque sa sœur retrouvée à Birkenau, « squelette ambulant » qui lui fit promettre de raconter leur calvaire si elle en réchappait.

Un silence assourdissant

Après son poignant récit, un lourd silence s’abat dans la baraque obscure. Les lycéens, bouleversés, osent à peine poser leurs questions. « Votre sœur avait quel âge quand elle est morte ? » finit par demander l’un d’eux. « 17 ans. Et mon frère 20 », lâche Esther, implacable. Sa franchise les saisit. « Elle avait presque notre âge ! Je ne sais pas comment elle fait pour revenir et raconter », souffle Charlotte, 16 ans.

Devenir les témoins des témoins

Ce voyage, orchestré chaque année par le grand rabbin Haïm Korsia en partenariat avec le Consistoire central, réunit des lycéens mais aussi des représentants religieux et parlementaires. Une expérience unique, encore plus cruciale après les récents décès d’Henri Borlant et Victor Perahia, deux des derniers grands témoins de la Shoah. Le rabbin insiste : « On a une responsabilité collective de ne pas oublier ce qu’ils ont vécu ». Sa mission : faire de ces jeunes « les témoins des témoins ».

Ne jamais oublier l’indicible

Dans le musée du camp, les adolescents muets défilent devant les montagnes de cheveux, chaussures et effets personnels arrachés aux déportés. Des preuves matérielles insoutenables de l’horreur et de la déshumanisation. Leur émotion est palpable.

On se prend tout en pleine face, même si on s’est préparés. Mais on n’est jamais assez préparés.

Elena, lycéenne

À la nuit tombée, une bougie à la main devant le monument aux morts, les jeunes écoutent le kaddish et le chofar résonner. Le grand rabbin les exhorte à faire de ce témoignage « une force contre ceux qui prônent la haine ». Quelques instants plus tôt, Esther Senot leur avait livré son ultime message, vibrant appel à la fraternité pour conjurer le pire :

Si nous, à notre âge, on prend le temps de vous mettre en garde, c’est en espérant que ça ne se reproduise pas. Évitez le communautarisme. Aujourd’hui tout le monde est dans son coin, ce n’est pas une solution.

Esther Senot, rescapée d’Auschwitz

Un témoignage en forme de legs universel pour la postérité, afin que l’indicible ne sombre jamais dans l’oubli. Car comme l’écrivait Elie Wiesel, lui-même rescapé d’Auschwitz, « l’oubliance de l’homme est immense, infinie ». C’est tout le sens de la démarche d’Esther Senot et de ces lycéens, passeurs de cette mémoire si fragile et si fondamentale. Pour qu’Auschwitz ne se répète jamais.

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