L’industrie française des semi-conducteurs vient d’être secouée par une affaire d’espionnage économique d’ampleur. Selon des sources proches du dossier, un homme et une femme ont été mis en examen vendredi à Paris, soupçonnés d’avoir livré des secrets industriels stratégiques en matière de semi-conducteurs à la Chine et à la Russie.
Cette inculpation intervient dans le cadre d’une enquête baptisée « Ommic », du nom d’un spécialiste français des semi-conducteurs au cœur des investigations. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a confirmé les mises en examen pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et délits punis de dix ans d’emprisonnement, ainsi que le placement des suspects sous contrôle judiciaire.
Un vaste stratagème de contournement
D’après les informations révélées par le quotidien Le Parisien, la justice soupçonne Marc R., le directeur général d’Ommic, d’avoir orchestré de nombreux stratagèmes pour livrer sciemment des puces puissantes et des informations sur des technologies sensibles à la Chine et la Russie. Ces opérations auraient été menées sous la direction de Ruodan Z., homme d’affaires chinois ayant racheté Ommic en 2018 via un fonds d’investissement.
Au cœur du dossier se trouve la maîtrise par Ommic du nitrure de gallium, un matériau permettant une puissance démultipliée des semi-conducteurs, considéré comme stratégique par le ministère des Armées. Mais les opérations frauduleuses auraient également permis, via un montage complexe, de transférer du matériel prohibé vers Moscou et de contourner l’embargo commercial visant la Russie depuis l’invasion de la Crimée.
Ces secrets industriels, en bout de chaîne, ont très probablement servi à équiper les armées de Pékin et Moscou.
– Une source proche du dossier
Un préjudice considérable pour l’industrie française
Cette affaire d’espionnage économique porte un coup dur à l’industrie française des semi-conducteurs, un secteur hautement stratégique et compétitif. La fuite de technologies de pointe vers des puissances étrangères représente non seulement un manque à gagner économique mais aussi une perte d’avantage concurrentiel pour les entreprises hexagonales.
De plus, le fait que ces technologies aient pu servir à renforcer les capacités militaires de la Chine et de la Russie soulève de sérieuses questions de sécurité nationale. Les autorités vont devoir renforcer les mesures de protection des secrets industriels et la surveillance des investissements étrangers dans les secteurs sensibles.
Cette mise en examen n’est que la première étape d’une enquête complexe qui devra faire la lumière sur l’ampleur exacte de cet espionnage économique et ses ramifications internationales. Un dossier à suivre de près tant les enjeux économiques et géostratégiques sont importants pour l’industrie tricolore des semi-conducteurs, un fleuron national à préserver.