Au cœur d’une nouvelle affaire d’espionnage entre les États-Unis et la Chine, Ping Li, un Américain de 59 ans, a été condamné lundi à quatre années de prison fédérale pour avoir agi comme agent du ministère chinois de la Sécurité de l’État. Travaillant dans le secteur des télécommunications et des technologies de l’information pour de grandes entreprises américaines, il a reconnu avoir transmis pendant des années des renseignements sensibles à son pays d’origine.
Un « honorable correspondant » infiltré de longue date
Selon les documents judiciaires, Ping Li, devenu citoyen américain après avoir émigré de Chine, jouait depuis au moins 2012 le rôle d’honorable correspondant pour des officiers du renseignement chinois. Profitant de sa position au sein de géants des télécoms comme Verizon et des services informatiques comme Infosys, il leur fournissait régulièrement des informations sur ses employeurs et sur des cibles d’intérêt pour Pékin.
Surveillance des dissidents et du Falun Gong
Parmi les renseignements livrés par Ping Li figuraient notamment des éléments sur les dissidents chinois et les adeptes du mouvement spirituel Falun Gong, tous deux dans le collimateur du régime communiste. L’espion a ainsi fourni à ses officiers traitants des détails sur un pratiquant du Falun Gong résidant en Floride, allant jusqu’à identifier les propriétaires de son logement présumé en 2022.
Il leur renseignait régulièrement sur les dissidents chinois et les adeptes du Falun Gong aux États-Unis.
Une source proche du dossier
Des entreprises américaines dans le viseur
Mais l’espionnage économique constituait l’autre volet de la mission de Ping Li. Il a ainsi transmis à Pékin des informations sur les sociétés qui l’employaient, de même que des éléments sur une cyberattaque chinoise ayant visé une grande entreprise américaine en 2021. Un cas emblématique de transferts de technologies orchestrés par la Chine pour rattraper son retard dans des secteurs clés.
Tensions croissantes sur fond de rivalité technologique
Cette affaire survient alors que les tensions sont au plus haut entre Washington et Pékin, sur fond de guerre commerciale et technologique. Les États-Unis accusent régulièrement la Chine d’espionnage industriel à grande échelle et de vols de propriété intellectuelle, tandis que Pékin dénonce une tentative américaine d’endiguer son essor. Télécoms, semi-conducteurs, intelligence artificielle, informatique quantique… Autant de domaines stratégiques où se joue la compétition pour la suprématie mondiale.
Dans ce contexte, le cas de Ping Li illustre la guerre de l’ombre qui se déroule en parallèle, faite d’espionnage, de manipulations et d’influence. Si la Guerre froide appartient au passé, la rivalité sino-américaine s’apparente de plus en plus à une nouvelle ère de défiance et de coups bas réciproques. Et nul doute que d’autres affaires d’agents doubles ne tarderont pas à défrayer la chronique dans les mois et années à venir.