Un mois après les inondations dévastatrices qui ont frappé le sud-est de l’Espagne, faisant 230 morts et des milliards d’euros de dégâts, le retour à la normale semble encore lointain pour les habitants des régions sinistrées. Alors que les opérations de nettoyage et de reconstruction se poursuivent, la colère gronde parmi la population qui dénonce une gestion chaotique de la crise.
Un bilan humain et matériel très lourd
D’après les autorités espagnoles, ces inondations, causées par des pluies diluviennes le 29 octobre dernier, ont coûté la vie à 230 personnes, dont 222 dans la seule région de Valence, épicentre de la catastrophe. Parmi les victimes figure un nombre important d’enfants, dont 7 âgés de moins d’un an. Les images de dévastation restent dans tous les esprits :
- Torrents de boue emportant tout sur leur passage
- Ponts détruits par les flots
- Voitures soulevées et empilées
- Caves et parkings submergés
Les dégâts matériels sont également considérables. Selon le ministre de l’Économie, 69 000 habitations, 125 000 véhicules et 12 500 commerces ont été touchés. Le coût total pourrait atteindre les 16 milliards d’euros et amputer de 0,2 point la croissance du pays au quatrième trimestre.
Une reconstruction titanesque
Un mois après le drame, les stigmates sont toujours bien visibles dans les zones sinistrées comme à Paiporta, ville considérée comme l’épicentre de la tragédie. Malgré les efforts des milliers de secouristes et bénévoles déployés, il reste encore énormément à faire comme l’a reconnu le Premier ministre Pedro Sanchez :
Il y a des centaines de garages et sous-sols inondés, des bâtiments endommagés, des entreprises fermées, des voies coupées, des villages entiers qui n’ont pas encore retrouvé une vie normale.
Pour un retour à la normale, les autorités ont promis une enveloppe de 16,6 milliards d’euros. Mais les sinistrés s’impatientent, à l’image d’Ignacio Trénor Dalmau, un architecte au chômage de Paiporta : « La ville va bien mieux qu’après les inondations mais il manque encore beaucoup pour retrouver une vie normale ». Il table sur un mois de travaux supplémentaires pour revoir sa commune « plus ou moins propre ».
La colère des sinistrés
Face à l’ampleur de la tâche, de nombreux habitants expriment leur ras-le-bol et pointent du doigt les défaillances des autorités dans la gestion de crise. Deux manifestations sont prévues à Valence ce weekend pour réclamer des comptes. La colère avait déjà éclaté le 3 novembre lors d’une visite du couple royal et du Premier ministre, accueillis par des jets de boue et d’objets.
Les critiques portent notamment sur le retard dans le déclenchement de l’alerte à la population. Celle-ci n’a été envoyée sur les portables que plus de 12h après l’alerte météo, à 20h11 précisément. Un timing qui sera symboliquement repris lors des rassemblements de ce weekend. Des actions en justice contre les autorités régionales et nationales sont envisagées.
La bataille politique
Cette catastrophe a aussi des répercussions politiques majeures. Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez et le dirigeant conservateur de la région de Valence Carlos Mazon se renvoient la responsabilité depuis un mois, s’accusant mutuellement d’avoir failli. Pour calmer la grogne, ils multiplient les visites sur place et les promesses, sans parvenir à convaincre.
Beaucoup y voient un jeu politique en vue des prochaines échéances électorales. La mauvaise gestion de cette crise pourrait en effet coûter cher dans les urnes, notamment aux conservateurs qui dirigent la région.
Un mois après ce drame national, l’heure est donc à la reconstruction pour panser les plaies encore béantes. Mais les polémiques sur les responsabilités de chacun sont loin d’être taries et pourraient perdurer de longs mois. Les inondations meurtrières de Valence resteront à jamais dans la mémoire collective espagnole.