En dépit des inondations dévastatrices qui ont frappé le sud-est de l’Espagne fin octobre, la Banque d’Espagne a surpris en révisant à la hausse ses prévisions de croissance du PIB pour 2024. Selon l’institution, l’économie espagnole devrait croître de 3,1% l’année prochaine, soit 0,3 point de plus que les estimations précédentes. Cette annonce inattendue soulève des questions sur la résilience de l’économie face aux catastrophes naturelles et les perspectives à moyen terme du pays.
Une économie dynamique au troisième trimestre
Malgré les défis posés par les inondations, l’économie espagnole a fait preuve d’un dynamisme remarquable au troisième trimestre 2024. Selon l’Institut national des statistiques (INE), le PIB a progressé de 0,8%, porté par une consommation des ménages soutenue et de fortes exportations. Cette performance solide a sans doute contribué à la révision à la hausse des prévisions de croissance par la Banque d’Espagne.
L’impact limité des inondations sur la croissance
Si les inondations ont causé des dégâts considérables et des pertes humaines tragiques, leur impact sur la croissance économique semble pour l’instant contenu. Selon une source proche du gouverneur de la Banque d’Espagne, les inondations pourraient coûter jusqu’à 0,2 point de croissance au pays. Cependant, l’institution estime que la croissance au quatrième trimestre devrait rester robuste, entre 0,6% et 0,7%, malgré les incertitudes liées à l’évaluation précise de l’impact de la catastrophe.
Des perspectives favorables pour 2025 et au-delà
Au-delà de 2024, la Banque d’Espagne se montre optimiste quant aux perspectives de l’économie. Elle a ainsi révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour 2025, les portant à 2,5%, soit 0,3 point de plus que les estimations précédentes. Pour 2026, les prévisions restent inchangées à 1,9%. L’institution alerte toutefois d’un léger ralentissement en 2027, avec une progression attendue de 1,7%.
Des prévisions plus optimistes que celles du gouvernement
Il est intéressant de noter que les prévisions de la Banque d’Espagne pour 2024 sont plus optimistes que celles du gouvernement. Ce dernier table sur une croissance de 2,7% cette année, une prévision qui n’a pas été révisée depuis les inondations. Cette estimation est également inférieure à celles de la plupart des organismes économiques internationaux :
- L’OCDE prévoit une croissance de 2,9% pour l’Espagne en 2024
- La Commission européenne parie sur une progression de 3%
Ces différences de prévisions soulignent les incertitudes qui entourent encore l’évaluation de l’impact des inondations sur l’économie, mais aussi la confiance des institutions internationales dans la résilience de l’Espagne.
Les défis à relever pour soutenir la croissance
Si les perspectives de croissance sont encourageantes, l’Espagne doit néanmoins relever plusieurs défis pour consolider sa reprise économique :
- Soutenir les régions sinistrées : le gouvernement devra mettre en place des mesures de soutien ciblées pour aider les zones touchées par les inondations à se reconstruire et à relancer leur activité économique.
- Maîtriser l’inflation : comme de nombreux pays européens, l’Espagne fait face à une inflation élevée qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Maintenir la hausse des prix sous contrôle sera essentiel pour soutenir la consommation, moteur de la croissance.
- Poursuivre les réformes structurelles : pour renforcer la résilience de son économie, l’Espagne doit continuer à mener des réformes visant à améliorer la compétitivité, à flexibiliser le marché du travail et à assainir les finances publiques.
La révision à la hausse des prévisions de croissance par la Banque d’Espagne est un signal positif pour l’économie du pays. Cependant, il faudra rester vigilant face aux risques qui subsistent et poursuivre les efforts pour bâtir une croissance durable et inclusive.
Un économiste spécialiste de l’Espagne
En conclusion, malgré le choc des inondations, l’économie espagnole fait preuve d’une remarquable capacité de résilience. Les nouvelles prévisions de la Banque d’Espagne pour 2024 et au-delà sont de bon augure, même si des incertitudes demeurent quant à l’impact précis de la catastrophe. Pour consolider cette dynamique positive, le pays devra relever plusieurs défis et poursuivre ses efforts de réforme. L’enjeu est de taille : bâtir une économie plus robuste, compétitive et durable, capable de résister aux chocs futurs.