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Escroquerie Géante : 22 Milliards Réclamés à TotalEnergies

22 milliards de dollars : c’est la somme astronomique que des régions russes et une obscure société ont tenté d’arracher à TotalEnergies via un tribunal arbitral truqué. Magistrat prestigieux, avocats parisiens célèbres et un intermédiaire légendaire… Le procès qui s’ouvre promet des révélations explosives. Qui a vraiment tiré les ficelles ?

Imaginez : on vous réclame 22 milliards de dollars pour un contrat qui n’a jamais existé. C’est exactement ce qu’a vécu TotalEnergies il y a plus de quinze ans. Et aujourd’hui, sept personnes comparaissent enfin devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour répondre de cette tentative d’escroquerie colossale.

Un procès qui sent le soufre et le pétrole

À partir de ce lundi, pendant trois semaines, la justice française va plonger dans l’un des dossiers les plus rocambolesques de ces dernières décennies. Au centre : une tentative d’extorsion organisée autour d’un prétendu contrat pétrolier signé en 1992 en Russie, alors que l’URSS venait de s’effondrer.

Le montant réclamé laisse songeur : un peu plus de 22 milliards de dollars, soit environ 19 milliards d’euros à l’époque. Une somme qui aurait pu faire vaciller même un géant comme TotalEnergies.

Retour aux sources : un contrat mort-né

Tout commence en février 1992. Une filiale d’Elf – future TotalEnergies – signe un accord d’exploration pétrolière en Russie. Mais ce contrat est soumis à des conditions suspensives strictes. Ces conditions ne seront jamais levées.

Plusieurs décisions de justice, au fil des années, confirmeront que ce contrat est caduc. Il n’est jamais entré en vigueur. Point final. Du moins, c’est ce que pensait le groupe français… jusqu’en 2009.

Cette année-là, deux régions russes – Saratov et Volgograd – ainsi qu’une société de droit russe baptisée Interneft, ressortent le vieux contrat des oubliettes. Elles exigent soudainement les 22 milliards de dollars, prétendant que TotalEnergies n’a pas respecté ses engagements.

Le piège : un tribunal arbitral sur mesure

Pour faire valoir leurs prétentions, les plaignants décident de contourner les tribunaux classiques. Ils mettent en place un tribunal arbitral privé. Un choix stratégique : ces instances sont souvent confidentielles et leurs sentences difficiles à contester.

Mais TotalEnergies flaire immédiatement la supercherie. Le groupe dénonce un arbitrage frauduleux, monté de toutes pièces pour lui extorquer une fortune. En mai 2011, il porte plainte pour tentative d’escroquerie au tribunal de Nanterre.

Quinze ans plus tard, après une instruction marathon et de nombreux rebondissements, les protagonistes présumés de cette machination comparaissent enfin.

Les sept accusés au banc des prévenus

Sept personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel. Des profils qui font frissonner le monde judiciaire et pétrolier français.

Parmi eux :

  • Jean-Pierre Mattei, ancien président du tribunal de commerce de Paris, désigné comme arbitre
  • Olivier Pardo, avocat pénaliste parisien bien connu
  • Xavier Cazottes, autre ténor du barreau
  • Deux autres membres du tribunal arbitral
  • Un avocat proche de Jean-Pierre Mattei
  • L’administrateur ad hoc de l’ancienne filiale d’Elf

Les chefs d’accusation sont lourds : corruption passive, corruption active, escroquerie en bande organisée. Des qualifications rarement réunies dans un même dossier.

André Guelfi, le fantôme au cœur du dossier

Un nom revient sans cesse dans ce dossier, bien qu’il ne soit plus là pour se défendre : André Guelfi, surnommé « Dédé la sardine ». Décédé en 2016, cet homme d’affaires sulfureux est considéré comme le véritable architecte de l’opération.

Dans les années 1990, Guelfi était l’intermédiaire incontournable d’Elf en ex-URSS. Il a d’ailleurs déjà été condamné à de la prison ferme pour son rôle dans l’affaire des détournements de fonds du groupe pétrolier.

Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir orchestré, depuis l’ombre, la mise en place du tribunal arbitral frauduleux. Il n’a jamais pu être entendu par les juges d’instruction.

Un magistrat dans le viseur

Le cas de Jean-Pierre Mattei est particulièrement sensible. Cet ancien président du tribunal de commerce de Paris était pressenti pour faire partie du trio arbitral. Il est poursuivi pour corruption passive et escroquerie en bande organisée.

Comment un magistrat aussi prestigieux a-t-il pu se retrouver mêlé à une telle affaire ? La question taraude depuis des années les observateurs judiciaires.

Des avocats dans la tourmente

Olivier Pardo, avocat médiatique, est accusé d’avoir tenté d’influencer la nomination de Jean-Pierre Mattei comme arbitre. Il est poursuivi pour corruption active d’arbitre international et d’une personne chargée d’une mission de service public.

Son confrère Xavier Cazottes est visé par des faits similaires. Les deux hommes risquent gros : radiation du barreau, prison ferme, amendes colossales.

Pourquoi ce procès est historique

Ce dossier cumule plusieurs particularités rares :

  • Un montant en jeu jamais vu dans une tentative d’escroquerie en France
  • La présence d’un magistrat de haut rang parmi les prévenus
  • Des avocats parisiens parmi les plus en vue sur le banc des accusés
  • Un homme d’affaires légendaire, déjà condamné dans l’affaire Elf, au centre du dispositif
  • Quinze ans d’instruction pour un dossier commencé en 2011

On comprend mieux pourquoi ce procès était tant attendu.

Ce que risque réellement TotalEnergies

Même si l’arbitrage a été dénoncé à temps, le groupe a dû mobiliser des armées d’avocats pendant des années. Le préjudice moral et d’image est considérable. Sans parler des frais juridiques astronomiques.

Aujourd’hui, TotalEnergies se constitue partie civile. Le géant veut des comptes et, surtout, que toute la lumière soit faite sur cette tentative d’extorsion.

Les zones d’ombre qui subsistent

Plusieurs questions restent en suspens à la veille de l’audience :

  • Qui a financé cette opération tentaculaire ?
  • Quels étaient les liens exacts entre André Guelfi et les régions russes ?
  • Comment des personnalités aussi en vue ont-elles pu se laisser embarquer ?
  • Y a-t-il eu des pressions ou des menaces ?

Les trois semaines d’audience promettent des débats passionnants et, peut-être, des révélations inattendues.

Une chose est sûre : ce procès marquera durablement l’histoire judiciaire française. Il interroge sur les risques de corruption dans les arbitrages internationaux, sur les dérives possibles de certains intermédiaires, et sur la solidité des garde-fous dans le monde des affaires à l’international.

Affaire à suivre donc, de très près.

À retenir : Sept personnes, dont un ancien haut magistrat et des avocats parisiens renommés, sont jugées à partir du lundi 1er décembre 2025 au tribunal de Nanterre pour une tentative d’escroquerie de 22 milliards de dollars contre TotalEnergies, via un tribunal arbitral frauduleux mis en place en 2009.

Le verdict, lui, ne sera connu que dans plusieurs mois. Mais une chose est déjà certaine : cette affaire continuera de faire parler longtemps.

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