À un peu plus d’un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, l’épée masculine française traverse une période pour le moins agitée. Entre sélections controversées, fronde de certains athlètes, tensions internes et démission du manager, la situation est plus que délicate et le climat particulièrement délétère au sein du collectif tricolore. Un feuilleton qui pourrait bien peser sur les ambitions de médailles de la première nation mondiale…
Une sélection olympique qui passe mal
Tout a commencé avec l’annonce mi-juin de la sélection des quatre épéistes français retenus pour les Jeux Olympiques 2024. Si la présence de Romain Cannone, champion olympique en titre, et Yannick Borel, champion du monde 2018, coulait de source, le choix de la commission de ne pas retenir le jeune Alexandre Bardenet, 3ème épéiste français au classement mondial, a suscité l’incompréhension et la colère.
Bardenet, soutenu par Cannone et Borel, a décidé de saisir le CNOSF pour contester cette non-sélection qu’il juge “injuste et infondée sportivement”. Il dénonce une sanction déguisée pour avoir fait partie des “frondeurs” avec les deux autres sélectionnés, qui auraient ouvertement critiqué le fonctionnement de l’équipe et les méthodes de l’entraîneur.
Il ne faut pas voir ça comme un éclatement, mais comme une tolérance de la DTN et de l’entraîneur national.
Jean-Yves Robin, DTN de l’escrime française
De son côté, la DTN assure que la sélection s’est faite sur des “critères uniquement sportifs” et nie toute sanction. Mais le mal est fait et cette décision controversée a ravivé les tensions au sein du groupe France.
Un entraîneur écarté, un collectif divisé
Face à ce climat délétère et pour apaiser la situation, le DTN a décidé de sortir Hugues Obry, l’entraîneur historique de l’épée masculine, du projet olympique. Une décision forte mais qui prive notamment Luidgi Midelton, l’un des sélectionnés, de son coach attitré.
Le manager Gauthier Grumier a bien tenté de “réunir” et “refédérer” le groupe autour d’un projet commun mais en vain. Romain Cannone a préféré partir s’entraîner seul en Suisse tandis que chacun continue de mener sa préparation de façon individuelle, ne se retrouvant à l’INSEP que par intermittence. Une situation ubuesque à un an du rendez-vous olympique…
J’ai choisi la moins mauvaise solution pour préserver l’intégrité mentale de certains : mettre en retrait Hugues Obry. Décision que j’assume mais que je déplore.
Jean-Yves Robin, DTN de l’escrime française
D’autres armes également touchées
L’épée masculine n’est malheureusement pas un cas isolé puisque d’autres armes de l’escrime française traversent aussi des zones de turbulences à l’approche des Jeux. Le sabre masculin et le fleuret féminin ont ainsi vu leurs managers respectifs, Alain Coicaud et Mario Mure, claquer la porte ces dernières semaines sur fond de désaccord sur les sélections.
Cette valse d’entraîneurs et ce climat d’instabilité interrogent forcément à un an de l’événement planétaire, d’autant que les attentes et la pression seront immenses pour des escrimeurs tricolores habitués à truster les podiums olympiques et mondiaux.
Les Jeux, c’est une pression. Les Jeux à Paris, c’est une plus grande pression encore. Qui est prégnante.
Jean-Yves Robin, DTN de l’escrime française
Quel impact pour Paris 2024 ?
À un peu plus d’un an des Jeux, difficile de ne pas s’inquiéter des répercussions de ce climat délétère sur les performances des épéistes français. Ce n’est clairement pas dans ces conditions de préparation optimales que le collectif tricolore abordera son rendez-vous olympique.
Même si le talent et l’expérience des athlètes sélectionnés ne sont plus à prouver, on peut légitimement se demander dans quel état d’esprit et avec quelle dynamique ils se présenteront sur les pistes de Paris 2024. La question de la cohésion d’équipe, si importante dans les épreuves par équipes, se posera aussi inevitablement.
Il reste un an à la DTN et aux différents acteurs pour apaiser les tensions, trouver des solutions et arriver soudés et déterminés aux Jeux Olympiques. L’escrime française, armada historique de l’olympisme, jouera gros à domicile. En espérant que le sport et la quête de l’or reprendront vite leurs droits pour enfin tourner la page de ce long et pénible psychodrame…
Même si le talent et l’expérience des athlètes sélectionnés ne sont plus à prouver, on peut légitimement se demander dans quel état d’esprit et avec quelle dynamique ils se présenteront sur les pistes de Paris 2024. La question de la cohésion d’équipe, si importante dans les épreuves par équipes, se posera aussi inevitablement.
Il reste un an à la DTN et aux différents acteurs pour apaiser les tensions, trouver des solutions et arriver soudés et déterminés aux Jeux Olympiques. L’escrime française, armada historique de l’olympisme, jouera gros à domicile. En espérant que le sport et la quête de l’or reprendront vite leurs droits pour enfin tourner la page de ce long et pénible psychodrame…