C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de s’abattre sur l’escrime tricolore. Romain Cannone, le héros des Jeux de Tokyo avec son titre olympique à l’épée, a été prématurément éliminé des Championnats d’Europe à Bâle ce jeudi. Pourtant tête de série n°1, il s’est incliné dès les seizièmes de finale face au modeste Suisse Ian Hauri, seulement 67e mondial. Une défaite cinglante 15 touches à 9 qui plonge un peu plus l’épée masculine française dans la crise.
Un échec cuisant et inattendu
Personne n’avait vu venir pareille désillusion. Auréolé de son titre de champion olympique décroché à la surprise générale l’été dernier au Japon, puis de son sacre mondial en individuel l’an passé au Caire, Romain Cannone faisait figure d’immense favori pour ces Euros. Las, le natif de Boulogne-Billancourt est tombé de très haut, balayé avec autorité par un adversaire largement à sa portée sur le papier.
Mené 14-5, Cannone a bien tenté un baroud d’honneur en fin de match. Mais cela n’a pas suffi face à un Ian Hauri des grands jours, qui réalise l’exploit de sa carrière en boutant hors de la compétition l’un des tout meilleurs épéistes de la planète. Le Suisse affrontera le Tchèque Jakub Jurka en huitièmes de finale, tandis que le rêve de titre européen s’envole déjà pour le Français de 26 ans.
L’épée masculine française dans la tourmente
Cette élimination prématurée de Romain Cannone intervient dans un contexte délicat pour l’épée masculine tricolore. Depuis plusieurs mois, une guerre fratricide oppose une partie des athlètes, dont Cannone, à l’encadrement fédéral. Hugues Obry a même démissionné fin février de son poste de manager général, sans que cela ne suffise à apaiser les tensions.
En cause notamment, la non-sélection pour les Jeux Olympiques de Paris l’an prochain d’Alexandre Bardenet, que Cannone et Yannick Borel, autre figure majeure de l’équipe, contestent avec virulence. Le clan des frondeurs a même sollicité la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra ces derniers jours. De quoi instaurer un climat particulièrement délétère à un peu plus d’un an du grand rendez-vous olympique à domicile.
À 100 jours des Jeux olympiques, on se met en mode Formule 1.
Romain Cannone en mars dernier
En mars, Cannone se voulait pourtant ambitieux et combatif dans une interview où il déclarait vouloir se mettre «en mode Formule 1» à l’approche des JO. Mais ce départ diesel à l’Euro, combiné au climat nauséabond qui gangrène son sport, risque de semer le doute dans son esprit et dans le clan français. Les Bleus devront vite se remobiliser s’ils veulent briller l’an prochain devant leur public et conquérir ce titre olympique par équipes qui les fuit depuis 2004.