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Escalade Militaire en Syrie : Alep Tombe aux Mains des Rebelles

Coup de tonnerre en Syrie. Alep, deuxième ville du pays, tombe aux mains des rebelles dans une offensive éclair. Entre jeux d'alliances et rapports de force changeants, quel avenir pour un pays fragmenté après 12 ans de guerre ? Décryptage d'une situation explosive.

Un séisme stratégique vient de frapper la Syrie. Alep, deuxième ville du pays et capitale économique, est tombée ce week-end aux mains d’une coalition de groupes rebelles menée par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, Hayat Tahrir al Sham (HTS). Une prise éclair qui illustre la fragilité du régime de Bachar al-Assad, pourtant soutenu par ses alliés russes et iraniens, dans un nord syrien en ébullition.

Une offensive surprise aux conséquences majeures

Lancée le 27 novembre, l’offensive rebelle a pris de court les forces loyalistes qui se sont retirées d’Alep « sans livrer de résistance significative » selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Un constat partagé par des témoins sur place. Pour Jérôme Drevon, expert de l’International Crisis Group (ICG), HTS visait initialement à « tester les lignes de défense du régime », mais son avancée fulgurante a révélé que « le régime était plus faible que ce qu’ils pensaient ».

La perte d’Alep constitue un revers cinglant pour Damas, malgré le soutien de Téhéran et Moscou. En 2016, le régime avait mobilisé des moyens considérables pour reprendre les quartiers Est tenus par la rébellion, au prix d’un long siège et de combats sanglants. La prise éclair de la ville soulève des interrogations sur la capacité ou la volonté réelle de l’Iran et de la Russie à épauler leur allié syrien sur un point aussi stratégique.

Des rebelles revigorés dans un contexte régional tendu

L’offensive de HTS s’est doublée d’une opération des rebelles pro-turcs qui ont notamment pris Tal Rifaat, enclave jusqu’ici aux mains des Kurdes, bête noire d’Ankara. Cette double poussée illustre une rébellion requinquée face à un régime affaibli, dans un contexte régional instable.

Moscou, allié de poids de Damas, est accaparé par la guerre en Ukraine. L’Iran fait face à une situation explosive qui fragilise ses alliés, au premier rang desquels le Hezbollah libanais, après deux mois de guerre avec Israël. Les rebelles ont donc saisi « le moment idéal » selon Hans-Jakob Schindler du Counter-Extremism Project (CEP), profitant de la dispersion de leurs adversaires.

Quel avenir pour une Syrie morcelée ?

Si Bachar al-Assad a juré de « vaincre les terroristes », aidé de ses alliés russes et iraniens qui lui ont promis « un soutien inconditionnel », beaucoup doutent des capacités du régime à inverser la tendance. « Alep semble perdue pour le régime » estime Aron Lund du think tank Century International. « Un gouvernement sans Alep n’est pas vraiment un gouvernement fonctionnel en Syrie », résume-t-il.

Pour certains experts, même une hypothétique contre-offensive, épaulée par Moscou et Téhéran, ne permettrait pas de reconquérir les localités autour d’Alep. L’escalade en cours met fin au calme précaire négocié en 2020, sans qu’aucune solution politique durable ne soit en vue.

Selon le politologue Fabrice Balanche, il est difficile d’imaginer une « réunification » du pays. Le régime pourrait « se maintenir dans la région côtière alaouite grâce à la Russie, à Homs et à Damas ». Mais le nord-ouest resterait « sous la tutelle de HTS et des pro-turcs », et le nord-est dominé par les forces kurdes « à condition que la présence américaine dure » pour empêcher une offensive turque.

La fragmentation existante va s’installer dans le temps

Fabrice Balanche, politologue

Un scénario noir où un gouvernement reconnu par l’ONU coexisterait avec « des entités autonomes reposant sur une forte identité ethnico-confessionnelle ». Après 12 ans d’une guerre meurtrière, l’unité et la stabilité semblent plus que jamais hors de portée en Syrie. L’espoir d’une paix durable s’éloigne, sur fond de jeux d’alliances mouvants et de rapports de force en constante évolution.

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