Une nouvelle vague de violence secoue le Proche-Orient, menaçant d’engendrer une guerre totale dans la région. Depuis le début de la semaine, les frappes israéliennes s’abattent sur le Liban, ciblant principalement les positions du Hezbollah. Face à cette offensive meurtrière, le mouvement islamiste chiite riposte en bombardant le nord d’Israël. Dans ce contexte explosif, la communauté internationale redoute un embrasement généralisé aux conséquences catastrophiques.
Escalade militaire sans précédent
Les raids aériens israéliens au Liban ont atteint une intensité inégalée depuis le début des hostilités en octobre 2023. Lundi, ces bombardements ont causé la mort de 558 personnes, dont 50 enfants et 94 femmes, selon un lourd bilan communiqué par les autorités libanaises.
Le Liban est au bord du gouffre.
– Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU
En réponse, le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, a tiré des roquettes sur le nord du territoire israélien, contraignant la population à se réfugier dans des abris. Cette dangereuse escalade domine les discussions de l’Assemblée générale des Nations unies qui s’est ouverte à New York.
Craintes d’une guerre généralisée
Les appels à la désescalade se multiplient sur la scène internationale, mais peinent à être entendus. Le président américain Joe Biden a averti qu’une « guerre généralisée est possible » au Moyen-Orient si la situation dégénère davantage. Une perspective que redoute particulièrement le secrétaire général de l’ONU :
Nous devons tous nous alarmer de l’escalade, le Liban est au bord du gouffre.
– Antonio Guterres, à la tribune des Nations unies
De son côté, le président français Emmanuel Macron a exhorté Israël à « cesser l’escalade au Liban » et appelé le Hezbollah à stopper ses tirs de roquettes, jugeant qu’il « prend depuis trop longtemps le risque insoutenable d’entraîner le peuple libanais dans la guerre ».
Bilan humain alarmant
Alors que les combats s’intensifient, c’est la population civile qui paie le plus lourd tribut. Human Rights Watch met en garde contre le « grave danger » que font peser les frappes israéliennes sur les civils libanais et réclame une enquête internationale.
- 558 morts dont 50 enfants et 94 femmes lundi, pire bilan en une journée depuis la guerre civile
- Plus de 90.000 personnes déplacées par les bombardements depuis le début de la semaine
- Des raids aériens touchant des zones densément peuplées, dont la banlieue sud de Beyrouth
Face à cette tragédie humaine, l’urgence est au cessez-le-feu pour épargner les populations prises au piège d’un conflit qui les dépasse. Mais en l’absence d’une réelle volonté politique de part et d’autre, le spectre d’un embrasement général plane plus que jamais sur le Proche-Orient meurtri.
Le Liban au bord du précipice
Déjà fragilisé par une crise économique et politique d’une ampleur sans précédent, le Liban se retrouve une nouvelle fois happé dans l’engrenage de la violence. Les bombardements israéliens, qui ciblent aussi bien le sud du pays que la plaine de la Bekaa à l’est, font revivre aux Libanais les heures sombres de la guerre de 2006.
Ils sont arrivés sans rien, ils sont encore sous le choc.
– Mohammad Haouila, directeur d’une école à Beyrouth accueillant des déplacés
Dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, les habitants fuient en masse, craignant d’être pris au piège. Les écoles se transforment en centres d’accueil de fortune pour des milliers de réfugiés. Un exode qui rappelle douloureusement celui de 2006, lorsque le Liban avait sombré dans un bain de sang.
Le lourd héritage de 2006
Israël semble déterminé à mener une offensive d’envergure pour affaiblir durablement le Hezbollah. Mais les leçons de la guerre de 2006, qui avait fait 1200 morts côté libanais, principalement des civils, et poussé un million de personnes sur les routes de l’exil, n’ont visiblement pas été retenues.
À l’époque déjà, l’État hébreu avait mené une intense campagne de bombardements sur l’ensemble du territoire libanais, dans l’espoir de faire plier le Hezbollah. Une stratégie contre-productive qui n’avait fait que renforcer le mouvement chiite et exacerber le ressentiment de la population. Quinze ans plus tard, Israël semble prêt à réitérer la même erreur.
Si l’objectif de retour des populations n’est pas atteint par les moyens actuels, tout est envisageable.
– Olivier Rafowicz, porte-parole de l’armée israélienne
Y compris une invasion terrestre du Liban pour « éradiquer la menace » que représente le Hezbollah à ses yeux. Au risque de transformer une nouvelle fois le pays du Cèdre en un champ de ruines et de répandre la mort et la désolation au sein de la population civile, prise en étau entre deux belligérants.
L’urgence d’une solution diplomatique
Face à l’escalade actuelle, la voie des armes apparaît comme une impasse. Seule une solution politique négociée est à même de faire baisser durablement les tensions et d’éviter le pire. Un constat que semble partager le président américain Joe Biden, qui a indiqué que « la possibilité d’un accord qui puisse changer fondamentalement toute la région » existait encore.
Washington mène ainsi des « discussions actives » avec les Israéliens et d’autres pays pour tenter d’aboutir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Un effort diplomatique soutenu par la France, qui appelle de ses vœux à une désescalade rapide.
Mais le chemin vers la paix s’annonce semé d’embûches au vu des positions pour l’heure irréconciliables des différents protagonistes. D’un côté, le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou campe sur une ligne dure et se dit prêt à recourir à tous les moyens pour garantir la sécurité de son territoire. De l’autre, le Hezbollah jure de continuer la lutte « jusqu’à la libération » et bénéficie dans cette entreprise du soutien inconditionnel de l’Iran, son principal parrain.
Entre ces positions antagonistes, la marge de manœuvre de la communauté internationale apparaît bien mince. Pourtant, il y a urgence à agir avant que le fragile équilibre régional ne vole définitivement en éclats et que le Proche-Orient ne s’enfonce dans un nouveau cycle de violences incontrôlables. Pour éviter ce scénario catastrophe, la raison doit impérativement l’emporter sur la logique guerrière. Un immense défi au vu de la défiance et de la haine accumulées des deux côtés. Mais un défi à relever coûte que coûte, pour épargner aux peuples de la région de nouvelles tragédies.