Alors que les affrontements meurtriers entre Israël et le Hezbollah s’intensifient de jour en jour, la menace d’une guerre ouverte plane sur le Proche-Orient. Malgré les appels pressants de la communauté internationale, aucun des belligérants ne semble prêt à déposer les armes. Au contraire, l’escalade se poursuit inexorablement, faisant craindre le pire pour les populations civiles prises entre deux feux.
Le Liban sous les bombes, Israël sur le pied de guerre
Depuis le début de l’offensive israélienne le 23 septembre dernier, le sud du Liban est la cible de bombardements intensifs de la part de Tsahal. D’après un bilan provisoire, au moins 1356 personnes auraient perdu la vie dans ces frappes qui n’épargnent pas les infrastructures civiles. Mercredi, un raid aérien particulièrement meurtrier a visé la mairie de Nabatiyeh, faisant au moins six morts dont le maire de cette ville stratégique.
Israël bombarde tout le Liban, nous avons le droit d’attaquer partout en Israël.
– Naïm Qassem, numéro deux du Hezbollah
En représailles, le Hezbollah multiplie les tirs de roquettes sur le nord d’Israël et menace de frapper “partout” sur le territoire de l’État hébreu. Le mouvement chiite affirme avoir détruit plusieurs chars et drones israéliens près de la frontière. De son côté, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a exclu tout “cessez-le-feu unilatéral” qui permettrait selon lui au Hezbollah de se réorganiser.
Washington accentue la pression, Paris appelle à la retenue
Face à cette dangereuse escalade, les États-Unis ont durci le ton envers leur allié israélien. L’administration Biden s’est dite “opposée” aux bombardements sur Beyrouth et menace de suspendre son aide militaire si Israël n’augmente pas “spectaculairement” l’assistance humanitaire à Gaza. Une pression que le président français Emmanuel Macron a également exercé sur l’État hébreu, tout en se gardant de critiquer ouvertement le Hezbollah, suscitant des interrogations.
L’ONU appelle à protéger les civils, l’aide humanitaire au point mort
Sur le terrain, la situation humanitaire est critique. Selon l’ONU, plus d’un million de Libanais ont fui les combats alors que l’économie du pays est exsangue. La coordinatrice spéciale de l’ONU au Liban a appelé à “toujours protéger les civils et les infrastructures civiles”, dénonçant des “violations inacceptables du droit humanitaire international”. Mais pour l’heure, l’acheminement de l’aide est entravée par les bombardements incessants.
Cette attaque fait suite à d’autres événements durant lesquels des civils et des infrastructures civiles ont été visés à travers le Liban.
– Jeanine Hennis-Plasschaert, coordinatrice de l’ONU au Liban
Regain de tensions communautaires, le spectre d’une déflagration régionale
Déjà minée par une crise économique et politique sans précédent, la société libanaise voit ressurgir les clivages confessionnels sur fond de guerre avec Israël. D’après des témoins, des heurts ont éclaté dans plusieurs villes mixtes entre partisans et opposants du Hezbollah. De son côté, la Syrie voisine observe avec inquiétude ce regain de tensions, craignant un afflux de réfugiés libanais sur son sol.
Pour de nombreux experts, le risque d’une déflagration régionale n’a jamais été aussi élevé. Outre les protagonistes directs du conflit, l’Iran, parrain du Hezbollah, et les monarchies du Golfe, alliées d’Israël, pourraient être tentées d’en découdre par procuration. Une perspective qui alarme jusqu’à Washington et Moscou, qui craignent de voir le fragile équilibre régional voler en éclats.
La communauté internationale impuissante, l’avenir du Liban en jeu
Malgré la gravité de la situation, la communauté internationale peine à parler d’une seule voix. Au Conseil de sécurité de l’ONU, les pourparlers en vue d’une trêve achoppent sur les divergences entre Américains, Européens et Russes. Une paralysie qui fait le jeu des belligérants, bien décidés à poursuivre le combat jusqu’au bout.
Au-delà des souffrances indicibles qu’elle inflige aux populations, cette nouvelle guerre fait peser une lourde hypothèque sur l’avenir du Liban. Déjà affaibli par des décennies de conflits et d’ingérences étrangères, ce petit pays du Levant pourrait ne jamais se relever de ce énième déchirement. Un constat amer pour tous ceux qui espèrent encore le voir renouer avec sa légendaire prospérité.