La situation sécuritaire continue de se dégrader dangereusement dans l’est de la République démocratique du Congo. Alors que le groupe armé M23 poursuit son offensive, prenant le contrôle de villes stratégiques les unes après les autres, la France monte au créneau. Paris appelle à un arrêt immédiat des combats et exige le retrait des forces rwandaises qui soutiennent activement la rébellion. Le Quai d’Orsay brandit même la menace de sanctions si ses demandes ne sont pas entendues. Décryptage d’une crise explosive aux ramifications régionales.
Le M23 aux portes de Bukavu, la France exige l’arrêt des combats
Les combattants du M23, épaulés par des troupes rwandaises selon plusieurs sources concordantes, ont pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu ce samedi. Cette ville de plus d’un million d’habitants, capitale de la province du Sud-Kivu, est désormais directement menacée. Une situation jugée particulièrement préoccupante par la diplomatie française. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères appelle à un arrêt « immédiat » de l’offensive rebelle. Paris exige également « le retrait sans délai des forces rwandaises du territoire » de la RDC.
La France se dit par ailleurs prête à la mise en œuvre de « nouvelles sanctions multilatérales » visant « tous les acteurs contribuant au conflit armé, à l’instabilité et à l’insécurité » dans l’est congolais. Une menace qui vise implicitement le Rwanda, accusé de soutenir activement le M23, ce que Kigali dément. Emmanuel Macron a d’ailleurs échangé avec son homologue Félix Tshisekedi, lui renouvelant le soutien de la France et appelant le Rwanda à œuvrer pour un cessez-le-feu et un retrait du M23.
Une escalade préoccupante après la chute de Goma
La prise de l’aéroport de Bukavu intervient quelques semaines seulement après celle de Goma, capitale de la province voisine du Nord-Kivu, tombée fin janvier aux mains du M23. Un groupe armé qui avait pourtant été défait en 2013 mais qui a repris les armes fin 2021, gagnant progressivement du terrain face à une armée congolaise en difficulté. Aujourd’hui, c’est un véritable basculement qui menace, avec d’importants centres urbains passant sous contrôle des rebelles.
Une escalade qui fait craindre une déstabilisation de toute la région, sur fond de tensions récurrentes entre la RDC et le Rwanda. Les autorités congolaises accusent Kigali de soutenir le M23, tandis que le Rwanda dénonce la présence de rebelles hutus à l’est de la RDC, qu’il considère comme une menace pour sa sécurité. Un contexte explosif où les initiatives diplomatiques, à l’instar de l’appel français, se multiplient pour tenter d’éviter l’embrasement.
La communauté internationale mobilisée pour éviter l’embrasement
Au-delà de la France, c’est toute la communauté internationale qui s’inquiète de la détérioration sécuritaire dans l’est de la RDC. L’Union européenne, l’Union africaine et l’ONU ont toutes appelé à un arrêt des combats et à un retrait des groupes armés. Des efforts de médiation sont également en cours, impliquant notamment les présidents angolais et kényan, pour tenter de ramener les différentes parties à la table des négociations.
Mais sur le terrain, la situation demeure particulièrement tendue. Les affrontements se poursuivent et les populations civiles, prises en étau, continuent de payer un lourd tribut. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir les combats, s’ajoutant aux quelque 5 millions de déplacés que compte déjà l’est de la RDC, théâtre de violences cycliques depuis près de trois décennies. Un drame humain et sécuritaire qui appelle une réponse forte et concertée de la communauté internationale pour éviter un nouvel embrasement aux conséquences potentiellement dévastatrices pour toute la région des Grands Lacs.