Dans un nouvel épisode du feuilleton qui secoue Les Républicains, Éric Ciotti, le président contesté du parti, a proposé ce lundi d’organiser un vote des adhérents LR. L’objectif : trancher une fois pour toutes sur la ligne à adopter pour l’avenir de la droite.
Un choix crucial entre deux visions
Pour Éric Ciotti, ce scrutin interne revient à demander aux militants de choisir entre deux options :
- Soit l’intégration des LR dans le camp macroniste, une stratégie qu’il attribue à ses rivaux internes Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand.
- Soit l’alliance des droites dans l’indépendance, la ligne qu’il défend personnellement.
Dans un courrier envoyé aux adhérents, le député des Alpes-Maritimes a vivement critiqué les accords électoraux et parlementaires noués par certains LR avec la macronie, y voyant une « manœuvre insincère et hypocrite ».
Vous avez été dupés par une manœuvre insincère et hypocrite. Au premier tour, plus de 50% de leurs candidats n’avaient pas de candidats macronistes contre eux.
Éric Ciotti dans sa lettre aux militants LR
Le spectre d’une droite « supplétif » de Macron
Pour Ciotti, le « pacte législatif» présenté le jour même par Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, patrons de la droite sénatoriale et parlementaire, n’est qu’« une marche de plus pour devenir les supplétifs d’Emmanuel Macron », au mépris des « 11 millions de Français qui ont voté pour l’union des droites ».
Le président des Républicains joue donc son va-tout avec ce référendum interne, dont les contours et la date restent à préciser, alors que sa légitimité à la tête du parti est fortement remise en cause depuis son rapprochement avec le Rassemblement national.
L’épineuse question de la ligne politique
Ce bras de fer traduit les profondes divisions qui traversent la droite depuis sa débâcle historique à la présidentielle de 2022. Entre la tentation d’un ancrage à droite toute incarnée par Éric Ciotti et une ligne plus centriste prônée par d’autres ténors LR, le parti peine à trouver un cap clair.
Et les désaccords stratégiques se doublent d’une féroce bataille pour le leadership, qui s’annonce longue et incertaine, en témoigne la guérilla judiciaire qui paralyse actuellement le parti et ne devrait pas connaître son épilogue avant l’automne.
Un choix historique pour les militants
Si le vote proposé par Éric Ciotti venait effectivement à se tenir, il placerait les quelque 60 000 adhérents LR face à un choix crucial pour l’avenir de leur famille politique :
- Assumer une opposition frontale mais risquer l’isolement, en tournant le dos à la majorité présidentielle.
- Ou miser sur une forme de cohabitation avec le macronisme, quitte à y perdre en identité politique.
Un dilemme cornélien, qui en dit long sur la profonde crise d’identité que traverse la droite française, écartelée entre son aile libérale-conservatrice et sa frange plus souverainiste. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour trancher ce nœud gordien et dessiner, enfin, les contours du paysage politique de l’après-Macron.
L’initiative choc d’Éric Ciotti promet en tout cas de nouveaux soubresauts au sein d’un parti miné par les divisions et les ambitions rivales, pour qui la reconquête du pouvoir n’a jamais semblé aussi ardue et lointaine. Le combat des chefs ne fait sans doute que commencer…
