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Erdogan renforce ses liens avec le Kirghizstan pour accroître l’influence turque en Asie centrale

La Turquie étend son influence en Asie centrale. Lors d'une visite au Kirghizstan, Erdogan a signé un partenariat stratégique global pour concurrencer Moscou et Pékin dans la région. Quels sont les enjeux de ce rapprochement ?

Le président turc Recep Tayyip Erdogan poursuit sa stratégie d’influence en Asie centrale. Lors d’une visite officielle mardi au Kirghizstan, pays clé de la région, il a signé un « partenariat stratégique global » avec son homologue kirghiz Sadyr Japarov. L’objectif : accroître la présence turque dans cet espace traditionnellement sous influence russe et chinoise.

Selon une source proche des discussions, les deux dirigeants ont conclu « 19 accords dans de nombreux domaines », dont « l’énergie, la défense et la lutte contre le terrorisme ». Un signe fort de la volonté turque de se positionner comme un partenaire de premier plan pour les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.

La Turquie muscle sa coopération militaire

Un point d’accord majeur porte sur le renforcement de la coopération militaire entre Ankara et Bichkek. Le président kirghiz a souligné « le développement actif de la coopération kirghize-turque dans le domaine de la défense et son potentiel de développement ».

Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, la Turquie a intensifié ses liens militaires avec plusieurs pays de la zone, pourtant membres d’alliances avec Moscou. Une manière pour Ankara de contester l’influence de l’ex-puissance tutélaire dans son ancien pré carré.

Investissements turcs tous azimuts au Kirghizstan

Premier pays à avoir reconnu l’indépendance du Kirghizstan en 1992, la Turquie a considérablement accru sa présence économique ces dernières années. Elle a investi dans des secteurs stratégiques comme l’éducation, les mines, les banques ou encore le tourisme.

Résultat, au premier semestre 2024, la Turquie était le troisième investisseur au Kirghizstan (13,3%), certes encore loin derrière la Chine (23,6%) et la Russie (23,5%). Mais Ankara affiche de grandes ambitions pour rattraper son retard.

Un sommet pour promouvoir le « monde turc »

La visite d’Erdogan s’inscrit dans le cadre du sommet de l’Organisation des États turciques (OTC) qui se tient mercredi à Bichkek. Cette instance, chapeautée par Ankara, vise à renforcer les liens entre pays de langue turcique.

Elle regroupe comme membres la Turquie et quatre ex-républiques soviétiques : l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan. Le Turkménistan, la Hongrie et la Chypre du Nord y ont un statut d’observateur. Un véritable levier d’influence pour la Turquie.

La Turquie peut-elle rivaliser avec la Russie et la Chine ?

Si la Turquie accroît indéniablement son influence en Asie centrale, elle reste pour l’heure un acteur de second plan comparé à la Russie et la Chine, qui y maintiennent une forte emprise économique et sécuritaire.

En 2023, seulement 3,8% des échanges commerciaux du Kirghizstan étaient réalisés avec la Turquie, contre 34,2% pour la Chine et 19,5% pour la Russie. Un écart considérable qu’Ankara s’emploie à combler, en jouant sur la proximité linguistique et culturelle.

Mais dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine et les tensions sino-américaines, la partie s’annonce serrée. La Turquie parviendra-t-elle à se faire une place entre les deux géants régionaux ? La signature de ce partenariat stratégique avec le Kirghizstan est un pas de plus dans cette direction.

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